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"Le CBAI organise un séminaire sur la médiation interculturelle"

27-07-2001 Alter Échos n° 102

Les 26 et 27 juin furent pour le Centre bruxellois d’action interculturelle (CBAI)1 l’occasion de rassembler une trentaine d’acteurs issus de quatre secteurs autour des enjeux dela médiation interculturelle (MI). En s’enrichissant de ces rencontres, le CBAI a notamment en vue de proposer une formation spécifique de médiation interculturelle, enplus de la formation d’animation en milieu interculturel qu’il dispense depuis 1983. Deux journées d’échange et de comparaison de pratiques, de réflexion, deprise de recul, également de débats et d’analyses à propos d’une profession qui fait peu à peu sa place dans des institutions tels les hôpitaux, lesadministrations communales, les logements sociaux et, bien sûr, les établissements scolaires.
Comme toute fonction récemment apparue, la médiation entend se définir comme profession à part entière, avec une méthodologie et une déontologiepropres, tout en sollicitant une légitimité de la part des institutions qui en emploient les acteurs. D’où l’enjeu de se définir afin de posséder, selonles mots d’Amidou Si M’Hammed, responsable des formations du CBAI, un « espace d’autonomie » permettant par exemple au médiateur, pour citer l’expression d’unparticipant, de faire sortir de la « clandestinité » la parole. Par ailleurs, le CBAI avait à cœur cette question : « La médiation ‘interculturelle’ est-ellepertinente, ou toute médiation est-elle opératoire, quel que soit le public ? »
Créer des espaces de parole…
Désireux de ne pas couler la profession en une définition arrêtée, les organisateurs ont préféré ouvrir ce champ à l’échanged’expériences croisées. Quelques concepts récurrents introduisent à une définition générale de la médiation : « gérer lesconflits », « recréer le lien entre individus », « restaurer la confiance », « ouvrir un espace de parole », « prévenir la violence », « lutter contre les préjugés » ou encore »traduire ». Deux personnes-ressources étaient chargées de formuler une réflexion globale, sur la base de leur expertise, afin de thématiser la diversité deséchanges : Abdellatif Chaouite, rédacteur en chef de la revue française Écarts d’identité2, ainsi qu’Altay Manço, chercheur en psychosociologie,responsable de l’Institut de recherche, formation, action sur les migrations3.
Or, si les enjeux de restauration de la parole et de la confiance sont transversaux à ces champs, les objectifs institutionnels, les nécessités et les problèmesdiffèrent néanmoins fortement. En hôpital, par exemple, les barrières linguistiques sont incontournables et la dépendance du public est forte. La dériveconsistant alors à faire de la médiation un assistanat. Mais « comment un patient peut-il s’approprier la relation thérapeutique en l’absence d’un minimum decompétence linguistique ? Le MI informe, décode l’autre culture et fait aussi un travail d’éducation à la santé. Ici, il n’y a pas de relationtriangulaire mais un simple dialogue entre le médecin et le médiateur », nuance Zohra Chbaral, de la Cellule de coordination de MI au ministère de la Santé publique.
Et apporter un peu de méthodologie…
Pour Kissi Abderrahim, médiateur pour la Société de logement en région bruxelloise, « il fallait créer un espace de parole pour les locataires. Les problèmesse sont posés seulement lorsque les autorités ont été interpellées par les revendications concernant la qualité du logement ».
Abdellatif Chaouite s’est d’abord dit « étonné du degré d’institutionnalisation du secteur belge ». Il voit ensuite dans la méthodologiel’élément central pour « arriver à lire le paysage de l’Autre, car relier c’est mettre en sens ». Qu’il y ait des MI issus de l’immigration, il levoit comme « une compétence personnelle professionnalisée, un atout s’il est travaillé ». Le but étant « d’éviter l’immédiatetépulsionnelle de l’identification ». Selon Altay Manço, cette origine professionnelle est « plus qu’un sup’lément, c’est un moteur de construction psychosociale duvivre ensemble. Parallèlement, en droit, l’égalité va de pair avec la reconnaissance ».
1 CBAI, avenue de Stalingrad n°24 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 513 96 02, courriel : cbai@skynet.be. Contact : Massimo Bortolini.
2 Écarts d’identité, place Sainte-Claire, 5 à 38000 Grenoble (France), tél. : 0033 4 76 44 46 52, courriel : adate@wanadoo.fr
3 Irfam, rue Louvrex, 36 à 4000 Liège, tél./fax : 04 221 49 87, courriel : irfam@skynet.be

Olivier Bailly

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