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Regard critique · Justice sociale

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Le 105 raccroche

Les TEC transfèrent la gestion des minibus spéciaux pour personnes à mobilité réduite au secteur associatif.

01-05-2011 Alter Échos n° 314

Pour raisons budgétaires, les TEC transfèrent la gestion des minibus spéciaux pour personnes à mobilité réduite au secteur associatif. Quel impact pourles usagers ?

N’appelez plus le 105. Désormais, la gestion de ce service de minibus pour les personnes à mobilité réduite est transférée des TEC au secteur associatif.Les TEC de Liège-Verviers sont les derniers à encore faire assurer ce service par la maison. Mais le relais passera définitivement à l’associatif dès cetété.

Malgré une demande croissante des demandes, le TEC 105 n’était pas rentable. La Société régionale wallonne des transports (SRWT) transférera unbudget de 409 000 euros à l’associatif pour reprendre le flambeau, ainsi que ses neuf minibus spécialement équipés. Pour les TEC, le calcul est vite fait.« Il y a moins de frais de structures dans l’associatif, les asbl peuvent embaucher du personnel subventionné et le personnel ne dépend pas de la même commissionparitaire que les TEC. Il y aussi plus de flexibilité dans les asbl », explique Philippe Achten, adjoint au directeur de la communication1.

Si la décision n’entraîne pas de pertes d’emploi aux TEC – les chauffeurs du 105 ayant été recasés sur les lignes régulières –, lediscours ne manque pas de faire bondir les syndicats. « Les conducteurs du 105 adoraient leur métier. Ils avaient sympathisé avec les usagers qu’ils conduisaient depuis delongues années, déplore Yves Depas, secrétaire fédéral du secteur tram-bus-métro à la FGTB. Je ne remets pas en cause la qualité du travaildans l’associatif. Mais les conditions y sont moins favorables qu’aux TEC et il y a plus de turn-over parmi le personnel. »

Service toujours public ?

Les utilisateurs de la ligne 105 le savent trop bien. Pour profiter de ces minibus spéciaux, il fallait souvent s’armer de patience. Le service était uniquement accessible en semaineentre 9 h et 19 h, dans une zone géographique limitée. En raison de l’augmentation croissante des demandes, la réservation devait être effectuée plus dehuit jours à l’avance et la priorité était accordée aux plus lourdement handicapés et aux personnes se déplaçant pour des raisonsprofessionnelles ou médicales.

Du côté des TEC, on estime que la prise en charge par l’associatif permettra davantage de souplesse. Comme c’est le cas avec les asbl qui proposent déjà ce type deservices aujourd’hui. En échange de l’enveloppe qu’elles recevront des TEC, les associations s’engageront par ailleurs à respecter les tarifs du service public. Soit 1,60 euro leticket. « Déléguer à l’associatif ne corrompt pas le caractère public du service, souligne Philippe Achten. A l’heure actuelle, 30 % de l’activitédes TEC est déjà assurée par des exploitants privés. L’opérateur est privé mais le service reste public, dans le sens où c’est le TEC qui fixe letarif et les priorités. »

Du côté de l’association socialiste de la personne handicapée (ASPH)2, on est moins convaincu. « Le service public se décharge d’une de sesmissions sur le privé, même s’il s’agit de l’associatif. Avec comme conséquence que les modalités pratiques et les conditions d’accès vont différer d’unerégion à l’autre. Or tout le monde devrait avoir accès au même service public », juge Christine Bourdeauducq, conseillère en mobilité.

Passerelles inutiles

Au-delà du débat sur le service 105, se pose la question de l’accessibilité des personnes à mobilité réduite sur l’ensemble du réseau des TEC, quece soit au niveau de l’aménagement des véhicules ou des arrêts. Un nouveau contrat de gestion est actuellement négocié entre la Région wallonne et laSRWT pour les quatre années à venir. Pour les associations qui défendent les droits des personnes handicapées, c’est l’occasion ou jamais de rappeler leursrevendications.

Pour se conformer aux nouvelles normes européennes, les TEC ont équipé leurs bus de passerelles abaissables. Mais concrètement, se plaignent les associations,l’interdiction pour le chauffeur de donner un coup de main pour embarquer rend la mesure inutile. Aux TEC, on estime que la sécurité prime. « Le chauffeur est aussi receveur.Il encaisse de l’argent et ne peut quitter son poste de conduite. Par ailleurs, le risque d’agression augmente quand les chauffeurs quittent leur poste », rappelle Philippe Achten.

Un argumentaire étrange où la sécurité de la caisse prime sur celle des passagers. Une pratique en tout cas très différente de ce que l’on peut observerà New York. Là, non seulement le conducteur de bus se lève spontanément de son siège pour aider la personne handicapée à monter mais en plus, ils’assure de l’arrimage correct de la chaise roulante du passager, avant de reprendre place derrière son volant.

1. TEC :
– adresse : avenue Gouverneur Bovesse, 36 à 5100 Jambes
– tél. : 081 32 27 11
– site : www.infotec.be
2. ASPH :
– adresse : rue Saint-Jean, 32 – 38 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 515 02 65
– site : www.asph.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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