Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

« Pauvre quartier Saint-Piatique »

Saint-Piat est un quartier historique et populaire de Tournai. Depuis le début des années ’90, ses habitants proposent des solutions afin de maintenir l’âme et la vie deslieux.

28-11-2011 Alter Échos n° 328

Situé sur la rive gauche de Tournai, déjà habitée à l’époque romaine, Saint-Piat est un quartier historique et populaire. Il est égalementréputé pauvre et difficile. Depuis le début des années ’90, ses habitants proposent des solutions afin de maintenir l’âme et la vie des lieux.

A Saint-Piat, on trouve une ancienne piscine publique transformée en skate parc, des bains-douches du XVIIe siècle. Le quartier compte de nombreux logements sociaux, unemaison d’enfants, un service d’aide à l’intégration sociale, une maison médicale, l’association SOS Enfants, le centre de scolarité et de loisirs du CPAS etdes magasins comme Les petits Troquets, La Solderie ou La Ruche qui récoltent des objets et vêtements de seconde main, accueille les passants et organise un lavoir social.

On trouve aussi des lieux vides, comme les anciens magasins Hubo ou l’ancienne Technique électrique industrielle, et un hêtre pourpre centenaire. Ces dix ares de verdure ontété rebaptisés « Jardin sympathique » par les habitants. Les familles, les curieux s’y retrouvaient, des ateliers y étaient organisés, desjeunes venaient mettre la main à la pâte. Pour des raisons de sécurité, il a fallu fermer, cadenasser le tout.

Les habitants proposent

Le Collectif Droit au logement (DAL) a proposé à la Ville de racheter ce terrain pour en faire pleinement profiter le quartier. Trop coûteux, lui a-t-on répondu. Le DAL,avec l’aide d’un architecte et d’un urbaniste et en collaboration avec les habitants, a alors proposé un plan de réaménagement. Il comprenait un espace vert central accessibleà tous, la création de logements sociaux et moyens, l’aménagement de voiries essentiellement piétonnes ainsi qu’un espace comprenant une maison de quartier, des serviceset des commerces de proximité. La Ville, qui reçoit le projet avec enthousiasme en septembre 2008, décide alors de mettre en place un plan de remembrement urbain et un bureaud’étude est désigné pour repenser le terrain. Le plan final qu’il propose à la Ville et aux habitants, assez proche de celui du DAL un an auparavant, est estimé« rentable ». Et depuis… plus rien !

La Ville dispose

Plus de nouvelles, mauvaises nouvelles. En septembre 2010, un an après les dernières rencontres, la Ville et l’Intercommunale de développement économique de la Walloniepicarde (Ideta) arrivent avec un projet subsidiable de 2 900 000 euros alloués par la Région Wallonne. Le projet, une micro-zone économique, s’inclurait dans leplan Marshall 2.vert et réintroduirait en ville de l’industrie et de l’artisanat non polluants.

Nommé « Technicité », le site accueillera des entreprises de publicité, d’imagerie numérique et de graphisme. Le bourgmestre, Christian Massy, nepeut pas encore estimer le nombre d’emplois que le site apporterait. Il tient toutefois à rassurer en affirmant que les bains-douches seront maintenus, que le skate parc sera remplacé,que trente-cinq logements seront créés et que le site pourrait accueillir la maison médicale. A propos de l’absence de commerces de proximité, le maïeurrelativise en précisant qu’il existe encore des commerces à Saint-Piat, dans les quartiers adjacents et qu’il suffit de traverser le boulevard pour se retrouver aux Bastions, le plusimportant centre commercial de la ville. Selon le DAL, les gabarits des nouvelles installations sont surdimensionnés et l’économie proposée ne sera pas intégréedans le quartier. Il s’interroge aussi sur le caractère public des lieux. Un espace vert est en effet prévu, mais au milieu de bureaux ouverts de 9 à 18 heures.
Les intéressés s’inquiètent : « Et après ? Zone libre ou lieu social ? Est-ce que l’on se sentira encore chez soi ? »

Dans l’émission communautaire réalisée par le DAL et diffusée sur les ondes de Notélé, Pierre Van de Wattine, le directeur de l’Ideta, soutient que 13à 15 % du terrain seront réservés à la création de logements. Il assure également que des compromis sont encore possibles « d’un point de vuede l’aménagement et de l’expression architecturale ainsi que par rapport à l’espace public, l’accessibilité des lieux, etc. »

Si des compromis sont encore possibles, il semble qu’il faille s’activer. « On en a marre de voir ces bâtiments qui tombent en ruine en face de l’école et des poubelles quirestent là. Marre que cela ne bouge pas, alors si on veut faire de l’économique, d’accord, parce qu’il faut que ça bouge ! », des propos tenus sur le plateau del’émission par Martine, la présidente du comité de quartier. Si on ne pense pas à la convivialité des lieux ou à leur appropriation par les habitants, ilfaudra par contre songer à leur sécurité. Sinon, comme le dit la députée MR Marie-Christine Marghem, il ne faudra pas s’étonner d’y voir « lesrats et autres squatteurs s’installer ».

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