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Regard critique · Justice sociale

Santé

« Patients en première ligne » à Norman Béthune

A travers un film, des patients et des professionnels de la maison médicale Norman Béthune à Molenbeek témoignent sur ce lieu de soins de proximité.

10-05-2010 Alter Échos n° 294

A travers ce film1, des patients et des professionnels de la maison médicale Norman Béthune2 à Molenbeek témoignent sur ce lieu de soins deproximité. Un film de Xavier Dubois (animateur en santé au sein de la maison médicale) et Rachid Merabet (réalisateur), produit par le Centre de promotion culturelle(CPC)3. AlterEchos a assisté à l’avant-première.

Le projet est né en 2009. L’idée initiale : utiliser la vidéo pour mettre sur pied un projet de santé communautaire qui permette l’expression des patients.« L’intention première était de mener un projet en santé communautaire qui deviendrait un film, commente Xavier Dubois, animateur en promotion de la santéà la maison médicale, et pas de réaliser un film. L’intérêt réside dans le processus de participation. Ce sont les propos des personnes qui sont devenus lefilm. »

« Je travaille à la maison médicale Norman Béthune depuis cinq ans, nous raconte Xavier Dubois. Depuis le début c’était quelque chose que j’avaisenvie de faire. Mais dans tous les projets que j’ai menés, que ce soient des groupes de parole, des récits de vie, il y avait toujours ce désir d’anonymat des personnes.Après cinq ans, je me suis dit que j’allais essayer de dépasser ça. C’était ma motivation première. »

S’appuyant sur quelques patients avec qui il avait des contacts privilégiés, Xavier Dubois a relevé le défi de la participation en les mettant sous les projecteurs.Face caméra, deux hommes et quatre femmes ont pris au vol cette occasion de se raconter, de mettre en mot leur rapport à la santé et aux soins, de témoigner sur lespratiques de la plus ancienne maison médicale de Bruxelles. « Être en bonne santé, c’est être stable dans ses mouvements, dans son travail, dans son objectif, seconfie un habitué de la maison médicale. On ne voit pas vraiment la maladie. Mais je suis quand même malade quelque part. Je suis toxicomane. Je me soigne depuis seizeans… »

Plus qu’un lieu de soins

La maison médicale Norman Béthune, du nom du médecin canadien précurseur de la médecine sociale, a été créée en 1972 dans un quartierouvrier de Molenbeek. À l’origine, l’ambition était d’exercer une médecine « autrement », une médecine de proximité, allant àl’encontre d’un certain paternalisme médical. « C’est une façon de réfléchir à la santé qui à l’époque étaitrévolutionnaire et qui aujourd’hui est prépondérante, explique Axel Hoffman, médecin généraliste. La médecine de première ligne est aujourd’huide moins en moins chère. Mais les politiques de santé, les budgets et l’attention vont toujours aux soins spécialisés. Il y a une domination des soinsspécialisés, donc on est toujours dans une lutte, l’objectif n’est pas atteint. » L’enjeu étant actuellement d’améliorer l’accessibilitéfinancière et culturelle de la santé dans un quartier devenu lieu d’exclusion.

En 2008, 4 178 patients se sont croisés dans la salle d’attente. Des patients de toutes origines, de tous statuts, de tous âges. Des patients qui venaient déjàenfants, d’autres qui ont quitté la commune et qui y reviennent, qui sont arrivés par hasard, ou parce que c’est plus facile financièrement. « C’est un endroitoù toutes les nationalités, toutes les origines ont réussi à vivre ensemble », nous assure l’un d’entre eux. C’est un lieu de proximité, un lieu deconfiance, un lieu où l’on continue de se rendre.

Norman Bethune fait salle comble

– « Encore combien de personnes avant moi? »
– « 28 »
– « Ouh… »
La salle d’attente est pleine à craquer. Cette scène revient à plusieurs reprises. Le temps d’attente constitue presque un fil rouge tout au long de la projection. Car le filmest aussi un espace pour mettre en question, de manière subtile, presque imperceptible, les pratiques d’accueil et de santé. Tandis que l’un suggère l’introduction d’unpsychologue dans la maison médicale, les professionnels, quant à eux, attendent le passage de la médecine à l’acte à la médecine au forfait. Avec unsystème d’inscriptions des patients, de salariat des médecins et de plages horaires réservées à des rendez-vous en sus des consultations, ces modificationsdevraient permettre d’améliorer la prévention, la continuité des soins et la multidisciplinarité. Cela devrait être chose faite pour septembre 2011.

Articles mis à jour le 23 septembre 2010.

1. Patients en première ligne, réal: R. Merabet & X. Dubois – durée: 32 min – format : 16/9 dvcam – année : 2010.
2. Maison médicale Norman Béthune :
– adresse : rue Piers, 68 à 1080 Bruxelles
– tél.: 02 411 98 18
– courriel : mmnb@skynet.be
3. Centre de promotion culturelle :
-adresse : rue de la Poste, 111 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 640 07 87
– courriel : info@lecpc.be

Marinette Mormont

Marinette Mormont

Journaliste (social, santé, logement)

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