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Regard critique · Justice sociale

« A louer : appartement pour famille monoparentale »

Ostende compte le taux le plus élevé de familles monoparentales de Flandre orientale, ce qui soulève le problème de logements adéquats. Pour répondreà cette évolution démographique, la ville côtière lance un projet locatif innovant.

21-10-2011 Alter Échos n° 325

Loin des clichés, Ostende n’est pas seulement la station balnéaire privilégiée des retraités et des promoteurs. Elle compte aussi le taux le plusélevé de familles monoparentales de Flandre orientale, ce qui soulève le problème de logements adéquats. Pour répondre à cette évolutiondémographique, la ville côtière lance un projet locatif innovant.

Des terrains appartenant aux pouvoirs publics ostendais font l’objet d’un enjeu particulier dans le cadre du Plan logement 2011-2020. L’échevine Nancy Bourgoignie (SP.A)souhaite notamment faire construire dans le centre-ville (rue du Quai et chaussée de Torhout) vingt-deux appartements destinés de façon permanente aux familles monoparentales quirencontrent des fins de mois particulièrement difficiles. Encore unique en Flandre, ce projet souhaite offrir une alternative viable au marché locatif privé et à la listed’attente, particulièrement longue, des logements sociaux. La croissance démographique reste pourtant faible étant donné qu’un Ostendais sur trois estâgé de 60 ans ou plus. Le nombre de ménages tend donc à croître plus vite que la population locale et le nombre de personnes par foyer à baisser.

Loyer taillé sur mesure

A Ostende, pas moins d’une famille avec enfants sur quatre concerne un parent isolé. Avec un taux aussi élevé, la ville côtière dépasse largement lamoyenne provinciale actuelle de 13 %. « Notre ville n’échappe pas à l’évolution générale de la société et compte beaucoupde parents isolés avec deux ou trois enfants à charge, souligne le cabinet échevinal. Dans la pratique, il ressort que ces familles éprouvent le plus de difficultésà trouver un domicile de qualité et à un prix raisonnable. C’est pourquoi il est devenu pressant de chercher une solution pour ce groupe cible. » L’appeld’offres, ouvert depuis un an, vise un partenariat privé : la réalisation et le financement du projet sont à charge du promoteur et la location des appartementsest gérée par le bureau de logement social. Constructive, cette solution locative l’est certainement, mais s’inscrit-on vraiment dans un développement durable enconcentrant les efforts sur les logements sociaux, alors que la majorité des parents isolés qui le souhaitent ne peuvent devenir propriétaires ?

Accès à la propriété en chantier

Tandis que les constructions privées haut de gamme s’enchaînent à Ostende, la ville multiplie les projets immobiliers à destination des revenus modestes mais elledoit composer avec les bailleurs de fonds… Depuis trois ans, il est question de convertir en zone résidentielle une partie du site de l’ancienne caserne Bootsman Jonson. Sur les 130logements qui doivent y être créés, une quarantaine d’appartements de deux à trois chambres seront réservés à des familles monoparentales. Avecla différence qu’il ne s’agit pas de les céder à la location mais à la vente, pour des montants limités à 120 000 et 140 000 euros hors TVA.« Ce plafonnement des prix est sans doute l’aspect le plus intéressant du projet car il permet à de plus nombreux ménages fragilisésd’accéder à la propriété », commente le conseiller communal Wouter De Vriendt (Groen!). Il signale que cette mesure a été rendue obligatoirepar un décret de 2009 et suggère par ailleurs qu’une solution durable serait d’imposer un pourcentage de familles monoparentales dans chaque nouvel immeuble bâti dansle centre d’Ostende.

Davantage touchés par la précarisation, les parents isolés sont souvent locataires, surreprésentés dans les logements sociaux et généralementdémunis face aux dépenses de logement. Pour cette raison, De Vriendt juge nécessaire de définir, chiffres à l’appui, en quoi consiste exactement un loyer ouun prix de vente dit « abordable » afin de ne pas laisser le champ libre aux spéculations commerciales exagérées des promoteurs. Ainsi, les autoritéscommunales avaient imposé un plafonnement des prix de certains appartements vendus lors de la conversion de l’ancien hôpital militaire en splendide ensemble résidentielmais, « avec un revenu moyen de 12 150 euros, combien d’Ostendais peuvent espérer acquérir un appartement au prix soi-disant abordable de 250 000euros ? »

Moyennant une attention soutenue des pouvoirs publics, cet exemple de partenariat semi-privé est une mesure à encourager. Reste à attendre la réalisation des deux plansactuels de location et d’acquisition, et voir dans quelle mesure ils répondent effectivement au profil social et économique des familles monoparentales.

AmandineGatelier

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