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Regard critique · Justice sociale

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La vie en camping, pour le pire et le meilleur ?

Dans le cadre de l’application du plan Habitat Permanent de la Région wallonne1, l’Observatoire de la santé du Hainaut est allé à la rencontre desrésidants permanents des campings.

27-02-2009 Alter Échos n° 268

Havre de paix au milieu de nulle part ou nid à encombrants, les campings résidentiels sont considérés comme des ghettos. Dans le cadre de l’application duplan Habitat Permanent de la Région wallonne1, l’Observatoire de la santé du Hainaut est allé à la rencontre de ces résidants.

« Quelle qualité de vie dans les campings résidentiels ? » La question est complexe car un lieu de résidence n’est pas l’autre. L’occasion était tropbelle pour l’Observatoire de la santé du Hainaut2 d’organiser un « midi santé » sur le sujet et d’expliciter la situation en Wallonie. Christine Mahy,directrice de l’asbl Miroir Vagabond en province de Luxembourg et présidente du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, dément les idéesreçues3. « Des personnes, à revenu moyen ou faible, ont fait ce choix de vie parce que les charges modérées leur permettent d’avoir des loisirs ou unvéhicule ou de manger un bout au resto du coin. D’autres, poursuivis par des huissiers ou victimes de catastrophes ou d’un nom de famille difficile, s’y replient pour retomber dans l’anonymat.D’autres enfin, qui ont perdu leur boulot, y voient une solution pour venir à bout de frais importants, dettes ou frais d’hôpitaux. »

Habitat social alternatif ?

Dans tous les cas, le dénominateur commun est l’importance d’avoir un chez-soi ; de retrouver une stabilité et une sorte de bien-être « dans lequel on ne veut pasêtre bousculé », peu importe que le lieu soit humide ou exigu. « Il est difficile de dire que le camping est une bonne ou une mauvaise solution. » Coupleshétéros, homos, personnes seules, le public qui y vit est très varié et parfois très âgé. Et si la solidarité y est trèspratiquée, les problèmes y sont aussi souvent exacerbés (pas d’eau même en hiver). « Certains louent-achètent leur caravane et la paient pendant desannées, jusqu’à quatre à cinq fois sa valeur, de peur d’être expulsés… » La souffrance qui accompagne nombre d’habitants permanents dans ce mode de vien’est néanmoins pas feinte, avec une incapacité à se projeter dans l’avenir jusqu’au repli dans les assuétudes… qu’accentue plus encore la stigmatisation.

En 2007, une association d’éducation permanente, l’asbl Question santé, a édité une brochure sur la qualité de vie des campings4, en donnant laparole aux résidants. « Ils y expliquent leurs contraintes, leurs choix, leur stigmatisation (univers de « pouilleux » ou de baraki) mais aussi leurs atouts, comme la vieprès de la nature, les liens sociaux, le fait d’habiter un chez-soi », souligne Chantal Leroy de l’asbl Droit au logement différent, pour qui les résidants permanentssont les « inventeurs d’un habitat social alternatif ». Un habitat alternatif, certes, mais anarchique. « Des zones de non-droit contre lesquelles les communes, souvent enpremière ligne, se trouvent démunies », regrette Alain Jacobéus, membre du comité d’accompagnement du plan Habitat Permanent (plan HP).

Selon lui, un calendrier de stratégies communes doit être adopté en matière d’espace, de salubrité, de partage du territoire, de dialogue afin de maîtriserle phénomène. Mais la plupart des mesures du plan HP sont perçues comme coercitives, alors même que le logement manque en Région wallonne pour accueillir cespersonnes.

Le camping du Lac de Bambois, près de Mettet, est un cas particulier. À la suite d’une vague d’incendies criminels, la province de Namur a cherché des solutionsà mettre en place, avec le service Habitat permanent dans les équipements touristiques (Hapet), en collaboration avec la cellule Solidarité sociale du CPAS de Namur et uneassistante sociale, elle-même résidante. Un état des lieux des besoins a été effectué. La Région wallonne a donné son accord pour qu’un budgetsoit dégagé dans le cadre du plan prévention proximité. La province de Namur s’est elle-même posée en interface. Des associations de jeunesse ont aidéà la création d’une école de devoirs, soutenue par le Fonds Lacroix. Des projets du type serres collectives ont également vu le jour.

1. Pour en savoir plus sur le plan Habitat Permanent : http://mrw.wallonie.be/sg/dsg/diis/habitat_permanent/

2. Observatoire de la santé du Hainaut :
– adresse : rue Saint-Antoine, 1 à 7021 Havré
– tél. : 065 87 96 00
– courriel : observatoire.sante@hainaut.be
3. Miroir Vagabond :
– adresse : Vieille route de Marenne, 2 à 6990 Bourdon
– tél. : 084 31 19 46
– courriel : direction@miroirvagabond.be
– site : www.miroirvagabond.be
4. La brochure Qualité de vie en [i]camping ou en parc résidentiel[/i] est téléchargeable sur www.questionsante.be/outils/camping.html

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