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Regard critique · Justice sociale

Santé

La santé des Bruxellois passée à la loupe

D’après le nouveau Tableau de bord de la santé à Bruxelles, les inégalités de santé augmentent, mais elles sont atténuées par lecaractère multiculturel de la Région.

10-05-2010 Alter Échos n° 294

Un nouveau Tableau de bord de la santé à Bruxelles1, réalisé par l’Observatoire de la Santé et du Social, a été mis en ligne. Lesinégalités de santé augmentent, mais elles sont atténuées par le caractère multiculturel de Bruxelles.

Un quart des Bruxellois ne s’estiment pas en bonne santé, nous révèle le baromètre. Parmi les problèmes de santé dans la Région, on peutépingler une augmentation des Infections sexuellement transmissibles (IST), et notamment de la transmission homosexuelle du VIH chez les hommes belges. Une augmentation qui serait le signed’un relâchement dans la prévention.

Autre point à souligner : l’ampleur des problèmes de santé mentale. Les troubles mentaux sont la première cause d’invalidité chez les Bruxellois et cephénomène est en augmentation. Le « mal-être » psychologique chez les Bruxellois est supérieur à celui des habitants des autres grandes villesbelges et il concerne davantage les femmes que les hommes. La dépendance à l’alcool demeure un problème préoccupant à Bruxelles, malgré le nombre importantd’abstinents. Un homme sur trois et une femme sur cinq ont une consommation d’alcool considérée comme « à risque ». Une note positive : entre lespériodes 1998-2002 et 2003-2007, le taux de mortalité par accident de la circulation a diminué de 36 %.

Les Bruxellois dépensent moins pour leur santé que le Belge moyen : ils consomment moins de soins à domicile, s’affilient moins à un dossier médical global(DMG), mais ont davantage recours à la médecine spécialisée, aux soins dentaires, aux maisons de repos et aux hôpitaux que dans le reste du pays. En 2004,17,5 % des ménages bruxellois déclaraient avoir dû postposer des soins pour raison financière.

On meurt plus jeune dans les communes pauvres

On constate surtout une augmentation des inégalités de santé à Bruxelles, malgré une amélioration générale de l’état de santéde sa population. Ces inégalités sont présentes dès la naissance puisqu’un enfant a deux fois plus de risque de décéder avant l’âge d’un andans un ménage sans revenu issu du travail que dans un ménage à deux revenus. Elles se poursuivent tout au long de la vie et concernent tant la probabilité dedécéder que le risque de souffrir de maladies chroniques, d’accidents ou de problèmes de santé mentale.

Ces inégalités reflètent la ségrégation sociale de l’espace bruxellois. Les habitants des communes aisées du sud-est bénéficient du taux demortalité et de mortalité prématurée le plus faible. Les habitants des communes les plus pauvres, au contraire, meurent plus jeunes : pour la période2003-2007, les hommes et les femmes ont respectivement une espérance de vie à la naissance de 3,4 et 3,1 ans inférieure à celle des habitants des communes les plusriches.

Si le risque d’avoir une moins bonne santé s’accroît au fur et à mesure que l’on descend dans l’échelle sociale, divers problèmes s’estompent chez certainsgroupes de migrants. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : les conditions de vie dans le pays d’origine et dans le pays d’accueil, les habitudes alimentaires, la culture, la religionet les traditions du pays d’origine. La multiculturalité peut ainsi atténuer les inégalités sociales. C’est par exemple le cas des Bruxellois de nationalitésmarocaine et turque, dont le régime alimentaire comprend davantage de fruits et de poisson et dont la consommation d’alcool est moindre. Cela doit néanmoins êtretempéré par une fréquence élevée de l’obésité et du diabète chez les femmes marocaines et turques, et par un tabagisme élevé chezles hommes de nationalité turque.

Les Bruxellois originaires d’Afrique subsaharienne sont particulièrement vulnérables face à la santé. Leur taux de mortalité élevé est liéà des infections contractées dans les pays d’origine (sida, hépatites), mais aussi à des accidents vasculaires cérébraux, au diabète ou encoreà des accidents.

La santé mentale des migrants, quant à elle, est influencée par le contexte plus ou moins traumatisant de la migration et par la discrimination qui touche certains groupes.Autres facteurs qui pèsent dans la balance : la connaissance de la langue du pays d’accueil, l’appui apporté par d’autres membres de la communauté, notamment pourl’accès aux soins et la qualité de la prise en charge.

1. Plus d’infos : le tableau de bord est téléchargeable sur le site de l’Observatoire de la Santé et du social : http://www.observatbru.be/documents/news-items/news01-tableau-de-bord-2010.xml?lang=fr

Marinette Mormont

Marinette Mormont

Journaliste (social, santé, logement)

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