ýe contrat de sécurité qui se conclut entre l’État, les Régions et certaines communes à risques vise à permettre la mise en place de mesures desécurité et la restauration d’un climat de confiance. Dans celui-ci, le cadre du travail de rue est assez flou et prête le flanc aux critiques : comment faire de l’aide socialesécuritaire? Fort d’une expérience d’une petite dizaine d’années, le Service des travailleurs de rue d’Anderlecht1 a réalisé progressivement une charte quis’intègre dans l’ensemble du volet préventif du contrat de sécurité et de société. Cette démarche veut pallier l’absence d’un cadre de travaildéfini par les contrats de Sécurité et de Société tant dans leur commune que dans les autres. Elle désire aussi servir de base d’information sur le travailde rue pour les différents acteurs du secteur (population, usagers, policiers, associations,…) et répondre à leurs craintes. Enfin, elle offre aux travailleurs un codedéontologique.
Formaliser l’expérience
ýors d’une formation de cadre, Saïd Rrhioui, le coordinateur des travailleurs de rue d’Anderlecht, a décidé de mettre par écrit, avec l’aide de son service, le fruitde son expérience éclairée par la littérature de l’aide à la jeunesse. Le tout forme un document d’une trentaine de pages, remaniérégulièrement. Accueilli favorablement par le collège anderlechtois et le Secrétariat permanent à la politique de prévention (SPPP), il se trouve à ladisposition de toute personne qui le souhaite.
On y lit que si, au départ, le contrat de sécurité visait surtout l’amélioration des services de police, il a fortement évolué et met aujourd’hui l’accentsur l’aspect préventif. D’où un autre nom: contrat de sécurité et de prévention. Le travail social de rue consiste à opérer une intervention socialedans l’espace public, grâce à une personne formée au travail et à l’aide sociale, qui connaît bien les lieux et a un statut protégé par le secretprofessionnel. Pour les travailleurs de rue d’Anderlecht, le public visé est constitué surtout par les personnes vivant dans la précarité et les jeunes susceptibles deverser dans la marginalité: un public de 12 à 15 ans, pas encore totalement désaffilié, flirtant avec le décrochage scolaire, le manque de qualificationprofessionnelle et la petite délinquance urbaine.
Après avoir analysé les besoins et réalisé une analyse sociologique des différents quartiers, les travailleurs de rue, le coordinateur, le fonctionnaire deprévention et le collège ont déterminé des objectifs et des axes de travail en tenant compte du contrat de sécurité : établir la confiance autour dutravailleur de rue, résoudre des problèmes urgents d’exclusion scolaire, de relogement, etc., instaurer un dialogue entre les différents acteurs, couches de population,associations, police, etc. en mettant sur pied des projets à caractère communautaire (comités et fêtes de quartier,…), pour à long terme aboutir à unclimat de convivialité et à un sentiment de sécurité. Ces objectifs sont traduits en échéances et en niveaux de réalisation qui sontvérifiés par un évaluateur interne.
Les travailleurs de rue et les autres métiers
La charte détermine aussi différents types de travail et la méthodologie qui y est liée: travail communautaire, individuel, activité socioculturelle et sportive,présence à certains événements (comme des matchs à risques), horaire décalé. Elle adopte également un code déontologiqueélaboré dans le cadre du forum belge pour la prévention et la sécurité urbaine. Les maîtres mots en sont : prévention et non-contrôle, respectdes convictions de l’usager et du secret professionnel, travail en réseau.
Vis-à-vis des policiers, l’éducateur de rue est amené à initier des réunions d’équipe pour organiser des rencontres entre eux et le public visé, etainsi gérer les problèmes relationnels. Les missions des deux services sont différentes et doivent être bien (re)précisées pour assurer une politique deprévention globale et intégrée: si la police exerce une mission de prévention qui agit sur des situations concrètes génératrices de délit, letravailleur de rue s’attache aux causes même lointaines d’un problème. Notons qu’à partir du 1er janvier 2002, tous les projets du volet « police » sont sortis du contrat desécurité et font partie intégrante de la structure de la zone de police avec un financement via la dotation fédérale. Toutefois, le service est amenéà fournir à ses supérieurs des informations générales, par exemple sur la montée de la délinquance dans un quartier. A charge pour le bourgmestre degérer la situation avec l’aide de la police.
Vis-à-vis du secteur associatif, la connexion ne s’est pas faite sans difficultés liées à une réticence de principe. Mais, le caractère « sécuritaire »des premiers contrats s’est amenuisé peu à peu à la suite de l’évolution préventive du travail de rue. Aujourd’hui, la méfiance a progressivement fait placeà une confiance encore partielle, mais confiance quand même.
Le Service des travailleurs de rue doit encore retoucher la charte avant qu’elle puisse, incessamment, être avalisée par le conseil communal d’Anderlecht.
1 Service des travailleurs de rue, rue du Chapelain 2 à 1070 Bruxelles, tél. : 02526 11 73, fax : 02 527 88 69. Saïd Rrhioui, coordinateur.
Archives
"La charte des travailleurs de rue d'Anderlecht : un outil de référence qui veut combler un vide"
philippe
02-04-2002
Alter Échos n° 117
philippe
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