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L’emploi des immigrés : la Belgique épinglée par l’OCDE

Selon une étude de l’OCDE, les résultats affichés par la Belgique en matière d’intégration des immigrés et de leurs enfants sur le marché del’emploi sont peu brillants, en particulier pour les immigrés hors Union européenne et pour les femmes. Des « signes de discrimination sur le marché du travail »dénoncés par l’Organisation.

28-11-2008 Alter Échos n° 263

Selon une étude de l’OCDE, les résultats affichés par la Belgique en matière d’intégration des immigrés et de leurs enfants sur le marché del’emploi sont peu brillants, en particulier pour les immigrés hors Union européenne et pour les femmes. Des « signes de discrimination sur le marché du travail »dénoncés par l’Organisation.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), pour la Belgique, le taux de chômage des immigrés est supérieur «d’environ 10 % à celui des autochtones, écart nettement plus marqué que dans les autres pays de l’OCDE. Ce sont là des signes de discrimination sur le marché dutravail », souligne l’OCDE qui présentait son étude1 ce 17 novembre en présence de la ministre fédérale de l’Emploi et de l’Égalitédes chances, Joëlle Milquet (CDH).

Le taux d’emploi des immigrés ressortissant de pays hors Union européenne est particulièrement faible, en particulier chez les femmes, un tiers d’entre elles seulement ayantun emploi. Un phénomène que les chercheurs de l’OCDE attribuent aux pièges à l’emploi pour les femmes peu qualifiées, qu’elles soient néesen Belgique ou à l’étranger. La décote des diplômes étrangers sur le marché du travail pourrait également expliquer le faible taux d’emploides plus qualifiées.

L’OCDE relève par ailleurs des « disparités considérables », y compris pour les enfants nés en Belgique de parents immigrés et ayantété scolarisés dans notre pays. Des résultats aussi déplorables, d’ailleurs, pour les peu qualifiés que pour les hautement qualifiés et tant enmatière de scolarité que sur le marché du travail. « Pourtant, soulignent les chercheurs, la Belgique a mis en place des mesures à caractère volontariste pourlutter contre les discriminations et favoriser la diversité parmi les plus vigoureuses d’Europe, dont celles d’une augmentation de la dotation des établissements scolairesaccueillant de nombreux immigrés et d’une baisse des cotisations patronales dans les entreprises embauchant des immigrés. »

Ces initiatives sont prometteuses, ajoute le rapport, mais une évaluation de leur impact à plus long terme s’impose. Une lacune en termes d’évaluation égalementrelevée par la ministre de l’Emploi : « nous ne disposons pas encore de monitoring suffisant. Mais cela devrait bientôt s’améliorer, notamment grâce aurecensement de statistiques par le Centre pour l’égalité des chances qui permettra d’identifier l’origine des travailleurs, y compris la générationd’immigration à laquelle ils appartiennent. » Parmi les autres mesures annoncées par Joëlle Milquet, des Assises de l’interculturalité quidébuteront en janvier 2009, avec un point sur la diversité sur les lieux de travail, des tests de situation pour lutter contre les discriminations et, enfin, un arrêté quiest prêt à la signature pour permettre aux personnes d’origine marocaine et turque qui sont présentes depuis au moins un an et demi sur notre territoire d’obtenir unpermis de travail.

« Graves questions de gouvernance »

Autre point noir : la complexité du modèle belge et la répartition des compétences en matière d’intégration entre les différentes entités dupays. Elles soulèveraient « de graves questions de gouvernance et de responsabilité vis-à-vis du public » et « rendraient l’analyse de l’efficacité despolitiques pour le moins ardues », estime l’OCDE dans son rapport. « Les politiques gagneraient à être plus transparentes, mieux coordonnées et inspirées par laconfrontation d’expériences. » Et de suggérer d’élaborer un rapport sur l’intégration à l’échelle nationale, qui permettrait derecenser à la fois les bonnes et les mauvaises pratiques.

Après cette avalanche de critiques, les experts de l’OCDE épinglent quand même deux points positifs. Tout d’abord, les immigrés sont mieuxintégrés dans nos administrations publiques que dans les autres pays. Enfin, la politique de naturalisation en Belgique, « la plus libérale de la zone OCDE » –trois ans de résidence pour pouvoir accéder à la citoyenneté – permet aux immigrés devenus belges d’afficher des taux d’emploi plusélevés que ceux qui ne se sont pas naturalisés, en particulier pour les immigrés hors zone UE. Un constat démenti par un chercheur belge présent lors de laconférence de presse : « pour ce qui est de la Région bruxelloise où une étude universitaire a été réalisée, il ne semble pas y avoird’impact en matière de naturalisation sur le taux d’emploi pour les populations marocaines, turques et africaines. » Par contre, selon ce chercheur, le changement de nom,permettrait de trouver un emploi plus facilement. Une preuve supplémentaire de l’existence de discriminations ?

1. Les migrants et l’emploi, Vol. 2 : L’intégration sur le marché du travail en Belgique, en France, aux Pays-Bas et au Portugal, OCDE 2008
– site : www.oecd.org/els/migration/integration

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