À Nice, en décembre 2000, les 15 États membres de l’Union européenne ont donné le feu vert à un vaste programme de lutte contre la pauvreté etl’exclusion sociale reposant notamment sur des indicateurs. Dans une analyse approfondie sur ces indicateurs monétaires et non monétaires envisagés dans une perspectiveeuropéenne, l’Observatoire social européen met en garde quant aux limites de l’exercice : « Il n’existe aucune définition commune reconnue par tous du phénomène del’exclusion sociale, contrairement à la pauvreté (…) qui se caractérise par le manque de ressources matérielles, sociales et culturelles, qui empêchent unindividu ou un ménage d’atteindre le niveau de vie accepté comme minimal dans le pays où ils vivent »1. L’exclusion sociale ne se réduit pas à un étatprécis d’une situation évaluée en fonction de biens et de services considérés comme indispensables. Il s’agit au contraire d’un continuum de situations enévolution constante et caractérisé par le cumul à des degrés divers d’handicaps dans plusieurs domaines d’intégration à lasociété. Bref, il est périlleux, voire impossible, d’établir une mesure synthétique et chiffrée de l’exclusion sociale, précisent les auteurs,Philippe Pochet et Ramón Peña-Casas.
Pour la pauvreté, en revanche, on dispose de différentes approches comme les seuils de pauvreté, les conditions de vie et la pauvreté subjective. Elles permettent d’avoirun certain nombre de mesures quantifiées ou synthétiques du phénomène. Pourtant, on ne touche pas au phénomène dans son intégralité. Lesauteurs, qui prennent le contre-pied des partisans d’un nombre limité d’indicateurs, encouragent donc les responsables politiques et les experts à envisager ces différentesapproches conjointement pour évaluer la pauvreté. À l’encontre des défenseurs de la solution d’un nombre d’indicateurs limités. Ils prêchent pourl’utilisation d’une diversité d’indicateurs qui reflète tant la multidimensionnalité de la pauvreté et l’exclusion sociale que les préoccupations propres àchacun, respectant en cela le principe de la subsidiarité.
Le programme de la présidence belge de l’UE semble vouloir aller dans ce sens. Mais la priorité porte d’abord sur la modernisation de la Sécurité sociale. Et l’un desaspects principaux du débat est sans aucun doute celui du coût de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Pour l’Observatoire social européen, la mise en placed’un ensemble d’indicateurs doit s’intégrer dans une approche renouvelée du modèle social européen et des capacités de chaque État de répondre auxprincipaux défis qui lui sont posés notamment dans le domaine macro-économique. Mais tout cela ne peut se faire sans une réelle participation démocratique. Ledébat autour des indicateurs et du choix de ceux-ci, qui reste confiné à des groupes d’experts limités, doit absolument s’ouvrir à l’ensemble des acteurs.
1. Ramón Peña-Casas et Philippe Pochet, Analyse des indicateurs monétaires et non monétaires en matière de pauvreté et d’exclusion sociale, janvier 2001. Cedocument peut être téléchargé sur le site de l’Observatoire : http://www.ose.be
Archives
"L'OSE analyse les indicateurs de pauvreté et d'exclusion"
philippe
07-05-2001
Alter Échos n° 97
philippe
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