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L'activation vue par les opérateurs d'insertion bruxellois

Quel est l’impact sur le travail des missions locales et des organismes d’insertion socioprofessionnelle, des différents plans d’activation, élaborés auxniveaux fédéral et régional ? Telle était la question au menu de la Commission zonale de la zone nord-est de Bruxelles, ce 11 octobre.

06-11-2007 Alter Échos n° 239

Quel est l’impact sur le travail des missions locales et des organismes d’insertion socioprofessionnelle, des différents plans d’activation, élaborés auxniveaux fédéral et régional ? Telle était la question au menu de la Commission zonale de la zone nord-est de Bruxelles, ce 11 octobre.

Pour tenter d’y répondre, les mission locales de Schaerbeek et Saint-Josse avaient réuni, outre des travailleurs de missions locales et d’OISP, des représentantsd’Actiris, de l’Onem, des syndicats, du cabinet du ministre bruxellois de l’Économie et de l’Emploi, Benoît Cerexhe (Cdh) et de la Febisp(Fédération bruxelloise des opérateurs de l’insertion socioprofessionnelle).

Premier constat : au niveau des acteurs de terrain, les différents plans forment un grand tout indistinct et, en termes d’impacts, il n’est guère fait de différenceentre le Contrat de projet professionnel (CPP), que le demandeur d’emploi signe avec Actiris, et le contrat signé avec l’Onem dans le cadre du Plan d’accompagnement et desuivi.

Plus d’administration

De l’avis général, c’est l’augmentation de la pression administrative, qui est la conséquence la plus visible des dispositifs d’activation. Ainsi,selon Ana Texeira, attachée pédagogique à la Febisp, l’accueil réalisé dans les missions locales se ferait-il à une cadence de plus en plus rapide, audétriment de la qualité des entretiens. De plus, nombre des personnes accueillies le sont désormais dans le cadre d’obligations administratives imposées par lescontrats conclus par les demandeurs d’emploi avec l’Onem ou Actiris. Les accueillants des missions locales se sentent donc dans l’obligation de répondre à cesdemandes, quand bien même il peut leur sembler que les obligations imposées par ces contrats ne sont pas nécessairement adéquates. Bref, selon Ana Texeira,l’imposition faite aux chômeurs se traduit souvent par une imposition faite aux missions locales elles-mêmes !

Au niveau pédagogique, l’arrivée de ce nouveau public n’est pas sans conséquence non plus. En effet, se côtoient désormais au sein des formations oudes modules d’orientation, un public mixte composé à la fois de personnes dont la présence est volontaire et d’autres, dont la présence est «forcée » ou en tout cas « poussée dans le dos » par les menaces de sanctions de l’Onem.

C’est donc également un nouveau type de public que les différents dispositifs d’activation amène dans les missions locales et les organismes de formation : despersonnes n’ayant plus eu de contact avec, non seulement le monde du travail, mais également le « monde de la recherche de travail » depuis, parfois, des dizainesd’années. Pour ces personnes, qui peuvent être installées en Belgique depuis longtemps sans maîtriser aucune des deux langues nationales, les outils habituels des missionslocales et des OISP semblent relativement inopérants.

Remplir l’intervalle

Ce sont aussi des problèmes de nature pratique qui sont mis en évidence : ainsi un demandeur d’emploi qui a signé un contrat avec l’Onem et parvient àdécrocher une formation (qui aura notamment pour effet de le mettre « à l’abri » des sanctions) doit attendre – pendant une période souvent longue –le début de cette formation. Dans l’intervalle, il demeure soumis aux exigences de son contrat avec l’Onem, alors même que celles-ci sont vidées de sens par laperspective de la formation. Pascal Tourlouse, chef de service pour le projet « Disponibilité » de l’Onem, s’est toutefois voulu conciliant, expliquant qu’enl’occurrence, les agents des missions locales « ne doivent pas hésiter à écrire une lettre qui sera jointe au dossier du demandeur d’emploi » et dont il seratenu compte dans l’évaluation réalisée par l’Onem.

Pour le cabinet Cerexhe, le conseiller Antoine de Borman a tenu à défendre le CPP, « dont les chiffres montrent que sa conclusion augmente les chances de sortie versl’emploi, particulièrement pour les moins qualifiés », même s’il précise que le CPP doit encore être approprié par les différentsacteurs afin de devenir un véritable fil rouge tout au long du parcours d’insertion. Selon lui, la professionnalisation de l’accompagnement passe notamment par une meilleureformation des conseillers emploi d’Actiris.

Edgar Szoc

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