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Regard critique · Justice sociale

Logement

Jozef Wouters redessine la Cité modèle

Exposition universelle de 1958, 42 millions de visiteurs admirent la maquette de la future Cité Modèle. Renaat Braem, architecte à la tête du collectif, érigera des blocs comme « remparts contre la laide ville ». La Cité aura une fonction d’îlot. Un demi-siècle plus tard, l’artiste Jozef Wouters la redessine. Durant une demi-année, il a partagé le quotidien des habitants. Inspirés par leurs problèmes et désirs, lui et son équipe ont réalisé plus de cinquante maquettes présentées lors de l’exposition « all problems can never be solved ».

30-11-2012 Alter Échos n° 350

Exposition universelle de 1958, 42 millions de visiteurs admirent la maquette de la future Cité Modèle. Renaat Braem, architecte à la tête du collectif, érigera des blocs comme « remparts contre la laide ville ». La Cité aura une fonction d’îlot. Un demi-siècle plus tard, l’artiste Jozef Wouters la redessine. Durant une demi-année, il a partagé le quotidien des habitants. Inspirés par leurs problèmes et désirs, lui et son équipe ont réalisé plus de cinquante maquettes présentées lors de l’exposition « all problems can never be solved ».

Durant toute une saison, le festival Toc Tok Knock du KVS[x]1[/x], théâtre flamand bruxellois, se déploie et envoie des artistes dans la capitale. Trois arrêts sont prévus. Le premier prend place à la Cité Modèle de Laeken.

L’appartement 7E du bloc 8 a servi d’atelier à Jozef Wouters. « Je n’ai jamais voulu quitter ma position de touriste. Je venais travailler quelques heures par jour, puis je m’en allais. Mon but principal a toujours été de réaliser un bon projet artistique. Je ne voulais pas uniquement qu’il prenne sa valeur dans la participation des habitants. On aurait pu croire que le KVS m’avait envoyé dans la Cité comme missionnaire ou quelque chose dans ce goût-là. Pourtant, les locataires de la Cité ne m’attendaient pas et ne demandaient rien. J’ai donc réalisé ce projet avant tout pour moi-même. »

Jozef rencontre les habitants et prend conscience que l’architecte de la Cité est sans cesse blâmé. « Les habitants étaient en dialogue perpétuel avec lui. Je me suis donc improvisé « architecte ». J’ai baptisé mon atelier « Bureau des architectes » et construit une boîte aux lettres sur la place Haute qui a servi à récolter les problèmes des locataires. »

Personnage problématique de l’architecte

Jozef a invité de « vrais » architectes à son « bureau » et leur a distribué des gilets noirs avec l’inscription « ARCHITECTE » au dos. Ils ont circulé dans la Cité habillés de leur gilet. « Les architectes ont été interpellés par les habitants. Les locataires ont fait part de leurs tracas et attendaient des réponses et solutions. » Jozef a également semé la confusion en distribuant des gilets à certains travailleurs et locataires de la Cité : adolescents de la Maison de jeunes, travailleurs de la Cité Culture, responsables des espaces verts, seniors, etc.

Les consignes de Jozef étaient simples : toute réalisation de maquette devait être réalisable (dans la réalité) et partir d’un problème ou désir existant. « Parmi les problèmes récoltés par la boîte aux lettres, deux m’ont particulièrement inspiré : celui d’une dame qui avait peur de mourir seule chez elle et de ne jamais être retrouvée et celui d’une personne effrayée de tomber dans un trou caché par la neige en hiver. » Les maquettes exposées sont diverses. Sur un piédestal et accompagnés d’un mot d’explication, on découvre le stade de foot rêvé par des jeunes de la Cité, un appartement destiné à deux parents divorcés, une piste de ski et bien d’autres.

Du modèle à la cité

Les huit premières tours de la Cité devaient accueillir des bureaux et des appartements lors de l’exposition de 1958 avant de devenir des logements sociaux. Les travaux de construction ne débuteront qu’en 1958 et les premiers habitants n’arriveront qu’en 1963. Pour l’époque, les appartements sont très modernes. Aujourd’hui, 1 312 adultes et 676 enfants vivent à la Cité. Parmi les adultes, 15 % sont actifs.

1. Festival Toc Tok Knock du KVS :
– adresse : quai aux Pierres de taille, 7/9 à 1000 Bruxelles
– courriel : info@kvs.be
– site : http://www.kvs.be

Nathalie San Gil Coello

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