Le 4 septembre, la première Conférence interministérielle francophone sur l’alphabétisation s’est réunie sous la présidence du ministre-présidentcommunautaire Hervé Hasquin.1
Le communiqué établi à l’issue de cette réunion montre que s’enclenche une dynamique interministérielle à plus long terme. Il mentionne en effet qu’unesérie de décisions ont été prises ou mises à l’agenda :
> «la coordination des politiques de formation de formateurs et d’animateurs en alphabétisation des adultes;
> le renforcement des politiques menées par chaque niveau de pouvoir en matière d’alphabétisation;
> l’articulation des dispositifs régionaux de formation préqualifiante et qualifiante et communautaires d’enseignement de promotion sociale;
> la mise en place d’un comité de pilotage permanent sur l’alphabétisation réunissant les représentants des départements ministérielsconcernés et du réseau Lire et Écrire;
> l’organisation d’une conférence interministérielle annuelle sur l’alphabétisation des adultes afin d’assurer la permanence des dispositifs mis enplace;
> Æa collaboration de chaque niveau de pouvoir à la mission, confiée par la Communauté française à l’Observatoire des politiques culturelles,d’établir un état des lieux annuel de l’alphabétisation.»
Et dans les réseaux Lire et Écrire?
Préalablement, les coupoles wallonne et bruxelloise de Lire et Écrire2 avaient chacune tenu une conférence de presse qui leur a permis de rappeler leurs revendications, et aoffert aux ministres compétents la possibilité de récapituler leur politique en la matière.
À Bruxelles, les choses sont nettement plus claires que l’an dernier. La Cocof a adopté en mai son Plan triennal pour l’alpha, dont la mise en œuvre débute actuellement.Lire et Écrire Bruxelles en est à la phase d’embauche de plus de 30 personnes, formateurs et autres, nécessaires cette année.
En Communauté française, un premier fonctionnaire spécialement chargé de l’alpha a été engagé et sera prochainement rejoint par deux autres. Desconventions ont été passées avec Lire et Écrire pour développer des outils d’appui aux formateurs, etc.
En Wallonie, Lire et Écrire a présenté son plan wallon en cinq points pour le développement et la structuration de l’alpha :
> créer un cours d’alpha dans deux communes sur trois (au lieu d’une sur trois actuellement);
> possibilité d’organiser, pour chaque apprenant qui le souhaite, 12 heures de cours hebdomadaires, seuil sous lequel les formations perdent en efficacité;
> pour ce faire, créer 300 emplois supplémentaires d’ici 2005;
> mettre en place de nouveaux outils d’information sur l’alpha à destination du grand public ainsi que des organisations qui peuvent jouer le relais avec les publics prioritaires (CPAS,syndicats, Poste, etc.);
> intensifier les actions d’alpha des travailleurs en entreprise.
Dans leurs échanges avec les responsables de Lire et Écrire, les ministres Arena et Detienne ont surtout insisté sur les efforts accomplis pour l’alpha depuis le début dela législature.
Pour Marie Arena, l’alpha représente aujourd’hui un budget total de près de 4,7 millions d’euros venant des fonds européens, des PRC, et des budgets en matière d’insertionsocioprofessionnelle. Le défi d’actualité est d’amener l’alpha à trouver sa place dans le nouveau dispositif intégré d’insertion.
Pour Thierry Detienne, la porte d’entrée est la politique d’intégration des personnes d’origine étrangère, dont 30% du budget est actuellement dirigé vers desactions d’alpha et d’apprentissage du français langue seconde, soit un total de près de …416.000 euros. «Au risque de dissoudre l’alpha dans la politiqued’intégration!, remarque Ygaëlle Dupriez, directrice de L&E Wallonie. 40% de nos apprenants ne sont pas d’origine immigrée, et même pour ceux qui le sont, certains ont unniveau de diplôme tel qu’ils ne trouvent pas leur place en alpha.»
Pas de réponse directe aux propositions de Lire et Écrire, donc, même si le gouvernement wallon évoque la possibilité de confier à la coupole laréalisation d’un nouvel état des lieux qui propose des priorités et des objectifs chiffrés en termes de publics à alphabétiser, les formes d’alpha àleur proposer, les opérateurs à qui les confier et les sources de financement à utiliser.
Signalons enfin que L&E Wallonie a aussi à cette occasion présenté Le rêve de Marceline, un beau livre illustré basé sur le «récit devie» d’une apprenante en alpha qui a récemment terminé une formation professionnelle à la suite de plusieurs années de stage d’alphabétisation.
1 Cab. : place Surlet de Chokier 15-17 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 227 32 11, fax : 02 227 33 53.
2 L&E Wallonie, Ygaëlle Dupriez, quai de Flandre, 7 à 6000 Charleroi, tél. : 071 20 15 20, fax : 071 20 15 21, e-mail : coordination.wallonne@lire-et-ecrire.be. L&EBruxelles, Anne-Chantal Denis et Alain Leduc, Centre Dansaert, rue d’Alost, 7 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 213 37 00, fax : 02 213 37 01, e-mail :coordination.bruxelles@lire-et-ecrire.be
Archives
"Journée mondiale de l'alpha 2002 : ce qu'il faut retenir"
Thomas Lemaigre
09-09-2002
Alter Échos n° 126
Thomas Lemaigre
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