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Journée des insertions : Repenser la coopération Nord-Sud

La coopération au développement serait-elle en échec dans la lutte contre la pauvreté ? Question lancée sur le vif par le président de la discussion, lesénateur Pierre Galand (PS). Les invités présents issus tant des pouvoirs publics fédéraux et régionaux que du secteur associatif ont émi àtour de rôle leur opinion sur ce constat rappelé en séance par Martine Van Dooren, directrice générale du SPF Coopération au développement1:1,2 milliards de personnes vivent encore actuellement avec moins d’un dollar par jour.

06-06-2006 Alter Échos n° 209

La coopération au développement serait-elle en échec dans la lutte contre la pauvreté ? Question lancée sur le vif par le président de la discussion, lesénateur Pierre Galand (PS). Les invités présents issus tant des pouvoirs publics fédéraux et régionaux que du secteur associatif ont émi àtour de rôle leur opinion sur ce constat rappelé en séance par Martine Van Dooren, directrice générale du SPF Coopération au développement1:1,2 milliards de personnes vivent encore actuellement avec moins d’un dollar par jour.

« En quarante ans de coopération au développement belge, force est de constater que le Sud reste une fois de plus négligé » constate Roger Dehaybe,administrateur général de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF)2 et commissaire à l’année Senghor. L’absence de prise enconsidération de l’altérité explique notamment, selon lui, les récents événements survenus dans les banlieues françaises et plus près denous, les meurtres commis à Anvers par un proche des thèses de l’extrême-droite.

La culture comme facteur de développement

Au Sommet de la Terre 2002 à Johannesburg, la culture est reconnue comme l’un des vecteurs du développement et la réaction s’organise contre la mondialisation nonmaîtrisée rappelle l’administrateur de l’AIF. En octobre 2005, une convention internationale sur la diversité culturelle est adoptée à l’Unesco parcent quarante-huit pays (les USA s’abstiennent notamment) afin de poursuivre le financement de la culture. À titre d’exemple, la scolarisation des enfants en Afrique subsahariennea été mise à mal – et l’est encore – par l’obligation d’adopter le français comme langue d’alphabétisation plutôt qued’entamer les premières années de l’enseignement fondamental dans la langue locale. Les résultats sont pourtant sans appel : les enfants alphabétisésdans les deux langues (locale et française) réussissent mieux et, de surcroît, le coût unitaire par enfant dans les établissements bilingues est moindre. Un secondexemple éclairant est celui des centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) présents dans les zones rurales en Afrique francophone. Coordonnés par des animateurssocioculturels souvent volontaires (locaux ou expatriés), ils permettent d’amener la culture (bibliothèque, alphabétisation) aux personnes isoléesgéographiquement et socialement. Résultats encourageants : on observe davantage de filles scolarisées là où existe un CLAC alors que la tendance va vers ladéscolarisation des filles. Culture, éducation et développement sont donc définitivement liés selon Roger Dehaybe.

De la déculpabilisation au partenariat Nord-Sud

Trop longtemps, la coopération a revêtu le spectre de l’œuvre caritative censée, en quelque sorte, déculpabiliser les pays occidentaux du poids de lacolonisation. L’objectif d’ « occidentalisation », pour reprendre les termes du sénateur Galand, laisse graduellement place à un véritable partenariatentre les expériences menées de part et d’autre du fossé. Partenariat s’effectuant non seulement à l’échelon national (ex : coopérationbilatérale entre la Belgique et le Congo pour la tenue des prochaines élections) que local (ex : entre communes, syndicats, universités). « Aider à faire et nonfaire » insiste Martine Van Dooren. Pour Benoît Van der Meerschen du Centre national de coopération au développement (CNCD 11.11.11)3, ces objectifs sont louablesmais les moyens mis en œuvre pour atteindre une réelle efficacité sont insuffisants : la Belgique peine à atteindre les 0,7% du PNB d’aide publique audéveloppement que les états industrialisés s’étaient fixés au Sommet de Rio en 1992. Actuellement, l’Europe « plafonne » à 0,39%. Entermes quantitatifs, la Belgique octroyait neuf cents millions d’euros à la coopération – multilatérale ou bilatérale avec nos 18 pays cibles – en 2005qui passeront au milliard en 2007.

Encadré 1

L’insertion socioprofessionnelle au Nord : Comment travailler dans la coopération ?

La coopération au développement prend donc le pli du partenariat et de la délocalisation de la gestion des projets. Le site de la Direction générale decoopération au développement (http://www.dgcd.be) reprend en détails l’ensemble des programmes à destination des personnes désirant travailler dans cedomaine. La tendance va clairement vers une professionnalisation du métier avec des fiches de postes de plus en plus détaillées et donc des exigences d’autant plusprécises. Voici le résumé non exhaustif des possibilités :

• Le Service volontaire à la coopération au développement de la Coopération technique belge (CTB) : programme destiné à des jeunes âgésde 20 ans minimum désireux d’acquérir une première expérience professionnelle en rejoignant des équipes de la coopération belge (multilatéraleou bilatérale) pour une durée d’un à trois ans. Plus d’informations sur http://www.ctbbtc.org

• Les experts-associés (JPO) : programme destiné à des diplômés de l’enseignement de type long ou universitaire disposant d’une expérienceprobante de deux ans en rapport avec la fonction et ayant 32 ans maximum. Convention de travail d’un à trois ans. Renseignements : linda.vandenbroeck@diplobel.fed.be

• Les volontaires des Nations-Unies (VNU) : programme destiné à des jeunes avec expérience professionnelle pour des projets d’un à quatre ans désiranttravailler au sein des Nations-Unies. Renseignements : Maria.Redmond@unvolunteers.org

• Les volontaires-stagiaires des Nations-Unies : destiné à des universitaires âgés de 27 ans maximum et désirant partir une année. L’appel auxcandidats se fait annuellement au mois d’août.

Il est à noter que pour avoir accès à l’ensemble de ces programmes, il est obligatoire d’avoir réussi la formation info-cycles de la Coopérationtechnique belge (CTB). Informations : CTB – Cycles d’information générale, rue Haute, 147 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 505 18 35 – fax : 02 505 18 21 -courriel : infocycli@btcctb.org

Fin d’encadré

Dérégionaliser la coopération ?

À côté des moyens financiers octroyés par les pouvoirs publics fédéraux – pour rappel bientôt un milliard d’euros – existe unecoopération communautaire et régionale bénéficiant d’un fonds récurrent de 20-22 millions d’euros. Claude Gonfroid, attaché au Cabinet de laministre régionale en charge des Relations extérieures4, Marie-Dominique Simonet (CDH), rappelle les objectifs de la coopération régionale à savoirl’accompagnement des projets des ONG mais aussi communes ou autres acteurs de solidarité (ex : syndicats), la synergie avec la politique de la DGCD, la recherche de nouvelles formes definancement (ex : la création récente d’un Fonds international de solidarité « eau » où le citoyen wallon sera taxé sur l’eau àraison de 0,0125 cent/m3 pour contribuer à des projets de coopération) ou encore l’accompagnement des migrants désireux de porter un projet dans leur paysd’origine. « Pour certains pays, la contribution des migrants au PIB national va jusqu’à 30%. D’où l’importance de seconder les migrants dans des projetsautres que les transferts de fonds vers le pays d’origine » souligne l’attaché. Certains acteurs de la scène politique, parmi lesquels Pierre Galand, sont trèsclairement en faveur d’une défédéralisation de la coopération au développement afin de renforcer les réseaux de proximité. Le débat resteouvert.

1. SPF Coopération au développement (DGCD), rue des Petits Carmes 15 à 1000 Bruxelles – tél.: 02 501 81 11 – courriel : remplir le formulaire surhttp://www.diplomatie.be

2. Francophonie (CGRI-DRI), Place Sainctelette 2 à 1080 Bruxelles – tél.: 02 421 83 73 – fax: 02 421 87 69 – contact: Marc Clairbois, directeur général et chargéde mission – courriel: m.clairbois@cgri.cfwb.be – site: http://www.wbri.be
3. CNCD 11.11.11., rue du Commerce 9 à 1000 Bruxelles – tél.: 02 250 12 31 – fax: 02 250 12 63 – contact: Benoît Van der Meerschen – courriel: benoit.vandermeerschen@cncd.be – site: http://www.cncd.be
4. Cabinet Simonet (Région wallone), rue Brigades d’Irlande 2 à 5100 Jambes – tél.: 081 32 80 11 – fax: 081 30 43 20 – courriel: net.simonet@gov.wallonie.be – site: http://www.simonet.wallonie.be

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