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Regard critique · Justice sociale

Ieder Zijn Huis : de l’exposition au chantier

Le CIVA accueille l’exposition « 1 000 Chambres avec vue » sur les logements sociaux de Ieder Zijn Huis. A voir avant la grande rénovation qui se terminera en2014.

22-06-2012 Alter Échos n° 341

Quand le monde de l’architecture rencontre celui du logement social, cela ne fait pas toujours bon ménage. Histoire de deux réussites sous forme d’une exposition auCIVA1.

Le mouvement moderniste au niveau architectural a laissé des traces intéressantes dans le logement social. C’est à Franz Guillaume, le bourgmestre socialisted’Evere de 1948 à 1963, qu’on doit l’ambition de construire une cité modèle. Au départ, il s’est tourné vers Le Corbusier qui adécliné l’invitation. Le projet est alors confié à Willy Van Der Meeren, puis revu à la baisse : seules la tour Ieder Zijn Huis de 104 logements, 148maisons pour « petits ménages » et une maison de retraite verront le jour après un long chantier. Sans doute déjà des problèmes de financesdans les communes ! Après une cinquantaine d’années d’occupation, la nécessité d’une rénovation s’est évidemment faitsentir.

« Même si le bâtiment n’est pas classé, Beliris qui est maître de l’ouvrage, a appelé à un respect du patrimoine », nousexplique Charlotte Nys, ingénieur-architecte du bureau Origin en charge du projet. « C’était tout le défi du projet. Arriver à respecterl’idée de progrès et de modernité développée par Willy Van Der Meeren tout en rencontrant les objectifs d’adapter le bâtiment aux exigencesactuelles de confort, d’assurer sa résistance au feu et de l’isoler », complète-t-elle.

Affronter l’avenir en respectant le passé

Le bâtiment ne répondait en tout cas plus aux normes de sécurité (on nous rappelle qu’il a été conçu avant l’incendie del’Innovation), et rencontrait de gros problèmes d’isolation thermique et acoustique.

« Rappelons aussi que la construction n’était pas chère, utilisant la modulation et la standardisation notamment par la construction des façades àpartir de panneaux. Nous voulions sauver les façades mais une isolation de l’intérieur aurait été insuffisante et une isolation de l’extérieurdénaturerait le bâtiment. Comment faire ? Nous avons finalement opté pour le renouvellement des panneaux existants pratiquants le même langage architectural que Van DerMeeren », décrit l’architecte. Cette solution couplée à d’autres comme l’utilisation des mêmes gaines techniques et l’habillage deshourdis a permis de rendre le bâtiment plus sûr en termes de sécurité et plus performant en matière énergétique.

Que deviennent les espaces communautaires ?

La volonté des architectes de l’époque était de combiner logement et espace de vie. Qu’en reste-t-il ? « Les espaces originels sont tombésen désuétude. Ils seront transformés et réaménagés tout en recevant une nouvelle affectation », précise Charlotte Nys. L’ancien hallà boîtes aux lettres côté sud deviendra donc un espace polyvalent pour des expositions temporaires. L’ancienne chaufferie abritera l’atelier de menuiserie de lasociété Ieder Zijn Huis. L’ancienne morgue du premier étage accueillera les archives du bâtiment et les anciens locaux de la laverie, situés sur le toit,deviendront un espace communautaire destiné notamment à l’accueil des enfants après l’école.

Le nombre de logements restera le même qu’initialement. « Seule évolution, on installera des logements « kangourou », constitué d’un petit logementlié à un plus grand qui pourront abriter des PMR ou des personnes âgées en lien direct avec leur famille », explique l’architecte.

L’exposition très réussie fait le lien entre Ieder Zijn Huis à Evere et Park Hill à Sheffield, deux exemples majeurs de ce vaste mouvement de construction qui arégné en Europe à partir de 1945. Différence majeure : Park Hill bénéficiait d’une protection au titre de patrimoine. Deux exemples, deuxrénovations, deux futurs différents mais une sensibilité commune de préserver et valoriser un patrimoine urbanistique témoin de son époque. Sil’exposition est intéressante, reste à réussir le chantier. Le début des opérations est prévu en septembre et devrait s’étendre sur deuxans. Rendez-vous en 2014 !

1. Exposition « 1 000 Chambres avec vue ». Ouverte jusqu’au 14 octobre du mercredi au dimanche entre 10 h 30 et 18 h. CIVA – Centreinternational pour la Ville, l’Architecture et le Paysage, rue de l’Ermitage, 55 à 1050 Bruxelles – tél. : 02 642 24 50 – courriel : info@civa.be – site web : www.civa.be. Prix d’entrée entre deux et six euros.

Jacques Remacle

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