Le 5 janvier, le comité de quartier Ixelles-Nord1 a organisé une conférence de presse à propos du dossier Heron City-Toison d’Or, en collaboration avec l’associationQuartier Louise, le Comité Cité, l’Association du Quartier Léopold, la Ligue des familles, CLASSE, le MOC Bruxelles, Solidarités nouvelles, le Front commun des SDF, laLigue des droits de l’homme et l’abbé Vanderbiest. Au cours de celle-ci, les associations ont dénoncé la politique d’expulsion des habitants et des commerçants mise enœuvre par le promoteur immobilier Heron2. Concrètement, le promoteur a cité l’ensemble des locataires en justice « sans même leur envoyer une mise en demeure, explique lesreprésentants des associations. Une vingtaine d’affaires sont pendantes en justice de paix pour déguerpissement immédiat. Chaque affaire concerne en moyenne cinq ou sixpersonnes »3.
Par ailleurs, les associations pointent la volonté du promoteur de transformer l’îlot en chancre : « Nous ne pouvons tolérer que ces maisons soient murées etabandonnées sans aucune nécessité immédiate, dans le seul but clair et affiché de les laisser pourrir et d’en accélérer la dégradation par lesprocessus bien connus (fenêtres ouvertes, lucarnes cassées, évacuations d’eau décapitées…). » En conséquence, les associations lancent un appel auxautorités publiques, ainsi qu’une pétition : « D’une manière générale, nous attendons des autorités publiques (…), tant à la Régionqu’à la commune d’Ixelles, qu’elles s’engagent formellement à instituer en parallèle aux procédures de concertation urbanistique une démarche de précautionet de sélection vis-à-vis des demandeurs. Tout promoteur, qui, au cours des deux années précédant une demande, aurait agi pour rendre ou garder vide son bien etpour le soustraire ainsi à l’usage urbanistique conforme devra être suspendu au terme de cette démarche d’accréditation urbanistique et son projet considérécomme irrecevable. » Elles rappellent que ce principe est appliqué dans le cadre de la procédure d’adjudication publique selon la formule du mieux disant. Ordinairement, il sanctionneune crédibilité financière et opérationnelle. Les associations demandent que ce principe soit étendu au caractère d’intérêtgénéral que représente l’image de la ville, au droit au logement de ses citoyens et à la continuité des fonctions urbaines.
znfin, l’ensemble des associations demande de prendre en compte les projets d’investisseurs alternatifs. Et d’expliquer : « Ils ont le plus souvent l’avantage du savoir-faire institutionnel local etun bilan positif en matière d’intégration dans le bâti traditionnel. Ils ont compris le bénéfice du consensus et d’une concertation sociale. »
1 Cette association vient de voir le jour : rue des Drapiers 14 à 1050 Bruxelles, tél. 0479 73 71 60.
2 Propriétaire de l’îlot, le groupe britannique Heron envisage de créer un vaste complexe commercial dans l’îlot 24, compris entre l’avenue de la Toison d’Or et les rues desChevaliers, des Drapiers et de Stassart. Son projet a été rejeté jusqu’ici par les commissions de concertation sociale de Bruxelles-Ville et d’Ixelles.
3 Précisons qu’à ce jour, les habitants des 10 et 14 rue des Drapiers ne peuvent être expulsés. Ils ont effectivement obtenu un délai d’un mois d’occupationsupplémentaire, à la suite d’une action intentée devant le tribunal des référés.
Archives
"Heron City-Toison d'or : vers l'application du principe de précaution et de sélection ?"
Baudouin Massart
15-01-2001
Alter Échos n° 89
Baudouin Massart
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