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Regard critique · Justice sociale

Gouvernance européenne : un peu de social s.v.p. !

Les 8 et 9 juillet à Bruxelles, lors d’un Conseil européen informel Emploi et Affaires sociales, les ministres belges ont tenté d’infléchir les discussions sur lagouvernance économique sur des questions plus sociales.

16-07-2010 Alter Échos n° 299

La Belgique est plus portée sur les questions sociales que les autres pays européens. Les ministres belges ont tenté d’infléchir en ce sens les discussions sur lagouvernance économique, lors d’un Conseil informel Emploi et Affaires sociales, les 8 et 9 juillet à Bruxelles.

Dès le premier jour de sa présidence, la Belgique a voulu souligner l’accent social de son semestre européen, en inaugurant une exposition de mannequins habillés parLes Petits Riens, dans l’atrium du Conseil de l’Union. Quelques jours plus tard se tenait au Palais d’Egmont un « informel Epsco » (comprendre : une réunionoù les vingt-sept ministres de l’Emploi et des Affaires sociales peuvent débattre librement), avec l’objectif avoué de passer des symboles aux actes politiques.
Au premier jour du Conseil, Joëlle Milquet (CDH) et ses collègues de l’Emploi ont revendiqué un rôle plus important dans la future gouvernance économique de l’Union,sur laquelle les ministres des Finances ont actuellement la main haute.

Pour rappel, en pleine crise de la zone euro, en mars dernier, les chefs d’État et de gouvernement avaient confié à Herman Van Rompuy le soin de renforcer le pilieréconomique de l’Union, souvent présenté comme sa jambe boiteuse face à un pilier monétaire fort. Composée principalement des ministres des Finances, la« task force Van Rompuy » engrange depuis des avancées significatives. Les grands argentiers devraient sortir de ce processus avec des pouvoirs plus étendus pourveiller au respect de la discipline budgétaire, en coopération avec la Commission. Mais leur mainmise irrite certains de leurs collègues, notamment ceux qui, en Belgique, neveulent pas de l’austérité.

C’est dans cet état d’esprit que le Conseil Epsco a réclamé de jouer un rôle accru, face à l’Écofin, dans l’examen annuel des politiques nationales.« Ce n’est pas une guerre de pouvoirs entre filières », a assuré Joëlle Milquet. Il s’agit plutôt de valoriser la spécificité de ministresayant une perspective différente. Avec l’apport de l’Epsco, l’UE développerait une approche « plus équilibrée, pas seulement budgétaire »,où « le chômeur ne serait pas qu’un chiffre ». Présent aux discussions (mais absent de la conférence de presse), Herman Van Rompuy aurait saluécette démarche, selon elle.

Interrogé quelques jours plus tard par La Libre Belgique, l’intéressé a confirmé partiellement cette analyse. « Il s’agit d’un vieuxdébat, mais je pense qu’il a plus de sens aujourd’hui, parce qu’on travaille à des nouvelles formules de gouvernance. La politique de l’emploi est ainsi beaucoupplus essentielle qu’on ne le croit pour la croissance économique », a-t-il affirmé. En précisant toutefois que « nous devons mobiliser tout lepotentiel dont nous disposons pour accroître la participation au marché du travail. (…) L’heure n’est plus aux politiques de création d’emplois dans le secteurnon marchand ni à la redistribution de l’emploi par une réduction du temps de travail. » Pas certain que cette vision cadre avec la promotion des emplois blancschère à Joëlle Milquet.

Groen boek

Au second jour du Conseil, les ministres des Affaires sociales et des Pensions ont approfondi le sillon creusé la veille. Ils se sont penchés notamment sur les indicateursstatistiques nécessaires au développement d’une politique sociale européenne. Laurette Onkelinx (PS) a été chargée d’évoquer la question avec leComité de protection sociale (SPC). Un nouveau set d’indicateurs constitue pour elle “la première pierre du renforcement d’un processus de convergence sociale”.

Une dernière session, sous la présidence de Michel Daerden, a permis aux Vingt-sept d’évoquer les enjeux exposés dans le récent Livre vert de laCommission sur les retraites. Nombre de ministres ont insisté sur le respect de la subsidiarité dans cette matière sensible, où toute ingérence de l’Europe estperçue comme une agression. Michel Daerden (PS) n’en a pas moins souligné que certains aspects de la problématique méritaient une approche commune, comme laportabilité des retraites des travailleurs mobiles ou le contrôle des fonds de pension. “Papa” n’a pas non plus manqué de s’amuser que la Commission ait sorti unLivre vert quelques semaines après son propre Groen boek, qui lui avait valu un nouveau succès comique sur Youtube.

Eric Walravens

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