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Regard critique · Justice sociale

Gardien de la paix, accompagnant de première ligne

Être gardien de la paix à Koekelberg, c’est occuper un rôle de médiateur entre les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leur entourage, nouer le contact,maintenir leurs repères.

28-11-2011 Alter Échos n° 328

Être gardien de la paix à Koekelberg, c’est occuper un rôle de médiateur entre les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leur entourage, nouer le contact,maintenir leurs repères.

« Cette vieille dame avait l’habitude de nourrir les pigeons de la fenêtre de son appartement. Interdit par la commune, ce geste lui coûtait 60 euros à chaquefois que les autorités s’en apercevaient ». Cette histoire que raconte Olivier Van Reeth, gardien de la paix à Koekelberg1, peut paraître anecdotique.Elle reflète pourtant une problématique qui ne l’est pas, celle de la démence et plus particulièrement de la maladie d’Alzheimer.

En 2009, dans le cadre de son projet « Commune Alzheimer admis » soutenant des initiatives de proximité qui améliorent la qualité de vie des personnesatteintes de cette pathologie, la Fondation Roi Baudouin2 lançait un appel à projet. « Notre sensibilité à l’égard de la démencenous a poussés à poser notre candidature », explique Véronique Capelle3, conseillère communale et responsable du projet « Gardiens de lapaix, médiateurs entre la personne atteinte d’Alzheimer et son entourage dans la commune ». « Nous avions rencontré des cas de fugue, d’agressivité etde négligence de ces personnes âgées désorientées, souvent isolées, peu conscientes des règles qu’elles enfreignent », dit-elle.

En Belgique, la démence concerne 160 000 personnes. Un nombre qui devrait tripler d’ici à 2050. A l’échelle de l’Union européenne, la maladied’Alzheimer concerne 60 à 70 % des cas de démence, rapportait la Fondation Roi Baudouin en 2010. De quoi stimuler l’implication de Véronique Capelled’autant que, « à Koekelberg, la proportion des personnes de plus de 55 ans constitue une part significative de la population. »

Une formation pour 38 agents

4 000 euros ont été débloqués pour permettre à 38 des 42 agents de la paix de Koekelberg de suivre une formation de 12 heures leur permettant, depuis avril2011, « d’aborder le malade sans le brusquer et de lier avec lui des liens de confiance de manière à rompre son isolement », explique Olivier Van Reeth.

Ce service vise par ailleurs à maintenir le malade à domicile le plus longtemps possible. Et pour cause : la maladie peut s’étendre sur quinze ans. « Ilexiste différents stades et un placement en institution est souvent prématuré », précise Véronique Capelle. Les bienfaits de ces objectifs sontconfirmés sur un plan médical puisque, comme l’explique la Ligue Alzheimer4, « le maintien du malade dans un environnement qui lui est connu en plus del’interaction sociale permet de ralentir la maladie ». Jusqu’à un certain stade d’avancement toutefois, souligne-t-on encore. Au-delà de l’aide à la personnesouffrante, l’action des gardiens de la paix est aussi « une manière de libérer les familles, souvent démunies face à la maladie », embraie laconseillère communale.

Les services spécialisés prennent le relais

Mais le gardien de la paix n’est ni assistant social, ni médecin. Ayant décelé un problème et pris la personne malade par la main, il la confie aux servicesspécialisés. Une aide proportionnelle à ses revenus pourra lui être attribuée par la commune à la suite d’une enquête sociale évaluant sesbesoins.

Bien que dessinée autour de la maladie d’Alzheimer, la formation ne s’y cantonne pas. Olivier Van Reeth en a fait l’expérience, « la plupart desméthodes peuvent être appliquées à d’autres maladies liées à la démence. » L’objectif du projet est aussi de sensibiliser et defamiliariser afin de changer la perception du malade et de sa maladie. Véronique Capelle porte déjà son regard vers l’avenir : « Nous voudrions incluredavantage la communauté et étendre le projet de formation au secteur social, à la police et au milieu scolaire », dit-elle. Dans cette perspective, des brochuresreprenant une série de conseils seront disponibles dans les lieux publics de la commune. Prévenir c’est, à certains égards, guérir.

1. Commune de Koekelberg :
– adresse : place Henri Vanhuffelplein, 6 à 1081 Bruxelles
– tél. : 02 412 14 11
– site : www.koekelberg.be
2. Fondation Roi Baudouin :
– adresse : rue Brederode, 21 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 511 18 40
– courriel : info@kbs-frb.be
– site : www.kbs-frb.be
3. Véronique Capelle :
– adresse : rue Jules Besme, 23 à 1081 Koekelberg
– tél. : 02 414 75 84
– courriel : veronique.capelle@yucom.be
4. Ligue Alzheimer, clinique Le Pèrî:
– adresse : rue Montagne Sainte-Walburge clinique Le Pèrî, 4 b à 4000 Liège
– tél. : 04 229 58 10
– courriel : ligue.alzheimer@alzheimer.be
– site : www.alzheimer.be

Valentine Van Vyve

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