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Regard critique · Justice sociale

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« Forest : entre créer 1.000 emplois et perdre 1.000 emplois, l’insertion »

15-03-1999 Alter Échos n° 48

Dans le cadre de la journée «Portes ouvertes» des Missions locales, celle de Forest 1 a organisé un débat. Le thème : «la Région crée1.000 emplois en une législature. VW annonce qu’il licencie 1.000 travailleurs et, dans le même temps, qu’elle fait des bénéfices plus plantureux que jamais». Lesous-titre : «Quelle société voulons-nous construire ?»
Denis Stokking (Cabinet du ministre-président bruxellois, chargé de l’Emploi) a rappelé le danger des «entreprises-mammouths» pour l’équilibre de laRégion. A la différence «d’un réseau d’emplois au niveau local qui ne peuvent être détruits». Il a également observé que «VW est unesorte de planète Mars par rapport à la Région. Sur les 1.000 travailleurs licenciés, seulement 5% sont Bruxellois. De plus, cette société réalise,avec des méthodes d’ailleurs, des produits venus d’ailleurs, pour les envoyer ailleurs».
Luc Carton (Fondation Travail-Université) quant à lui, a souligné les particularités de Bruxelles : «Bruxelles est une ville très particulière, parcequ’elle est une ville mondialisée. Son économie est extravertie, axée surtout vers l’extérieur. Les pôles de pouvoirs, de croissance, de richesses naissent autourdes gares, tandis que la population n’y participe pas. La chance de Bruxelles est qu’elle n’a pas encore jeté les pauvres dehors. C’est sans doute pour cela que Bruxelles est une des seulesvilles à pouvoir s’offrir le luxe d’avoir des émeutes du centre, plutôt que des émeutes de banlieue. Une autre particularité de Bruxelles est son statut deVille-Région. C’est presqu’un Etat. Ce qui est exceptionnel ! Même si cet Etat est fragile vu les turbulences communautaires ou la présence de 19 communes dont la fortedémocratie locale pose parfois des problèmes pour la Région. Troisième particularité, cette ville de pouvoirs, de croissance, de richesses est habitée parune population pauvre. Il existe donc un grand écart entre l’économique et le social, de même qu’il y a un écart entre le politique et l’économique».
Pour sa part, Michèle Ceutin (FGTB-SETCa) a soulevé la difficulté rencontrée par les syndicats «d’avoir des rapports de force avec les multinationales, étantdonné que c’est l’actionnaire principal qui dirige». Elle a également dénoncé les pratiques de «dégraissage en douce» des entreprises, sous laforme de pré-pensions, ainsi que «la pression exercée sur les travailleurs restants qui ont peur d’être virés». Quant à Eric Buyssens(Délégation régionale interministérielle aux solidarités urbaines), il a mis l’accent sur «l’enjeu de redéployer l’économie urbaine, puisqueplus de 50% des travailleurs à Bruxelles vivent hors de celle-ci». Ce redéploiement pouvant se faire au travers des contrats de quartier, quartiers d’initiative… Et surtout parle biais des emplois de proximité.
Enfin, Frédérique Mawet (Mission locale de Forest) a fait part de ses inquiétudes : «les mesures régionales suffiront-elles à contrer l’appareiléconomique ? Le terme ‘employable’ signifie-t-il qu’il faut transformer nos ‘petits rebelles’ en ouvriers et moutons dociles ?»
Pas de conclusion pour ce débat … Si ce n’est la question de Luc Carton : «En quoi le politique peut-il aider le social à créer un rapport de force nouveau par rapportà l’économique ?»
1 Place Saint-Denis 18 à 1190 Bruxelles, tél. : 02/333 00 50.

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