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Effet "Crochets": l'enseignement et l'aide à la jeunesse plus proches !

Depuis 2001, le Service d’accrochage scolaire (SAS)1 et l’Aide en milieu ouvert (AMO)2 de Huy, suivis d’abord par le Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse(CAAJ)3 et puis peu à peu par des représentants de l’ensemble des acteurs des secteurs « enseignement » et « aide à la jeunesse », ont fondé etdéveloppé la Commission « Crochets » : elle entend diminuer les nombreuses barrières qui se trouvent entre ces deux secteurs pourtant si proches.

30-11-2007 Alter Échos n° 241

Depuis 2001, le Service d’accrochage scolaire (SAS)1 et l’Aide en milieu ouvert (AMO)2 de Huy, suivis d’abord par le Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse(CAAJ)3 et puis peu à peu par des représentants de l’ensemble des acteurs des secteurs « enseignement » et « aide à la jeunesse », ont fondé etdéveloppé la Commission « Crochets » : elle entend diminuer les nombreuses barrières qui se trouvent entre ces deux secteurs pourtant si proches.

« Quand il est laissé à lui-même, le jeune en difficultés, en danger ou en décrochage, entre souvent dans une spirale négative, explique Jean-MarcCantinaux, du SAS hutois. Aujourd’hui, dans notre arrondissement, les différents opérateurs qui s’en occupent savent quelles personnes contacter dans l’un et l’autre secteur. Le jeuneest aiguillé vers la ou les personnes compétentes. Et surtout, on ne le lâche plus et on va jusqu’au bout, ou on passe le relais au bon moment. »

C’est, semble-t-il, le résultat d’une commission bien nommée, la commission « Crochets », qui travaille depuis six ans à rapprocher deux mondes aux objectifs, pratiques,vocabulaires et cultures fort différents : l’enseignement et l’aide à la jeunesse. Elle compte aujourd’hui des représentants du CAAJ, des Service de l’aide à la jeunesse(SAJ) et de la Protection de la jeunesse (SPJ), du SAS, du service Médiation, du parquet, des écoles et centres PMS par réseau, de l’Observatoire de la jeunesse, de laCommunauté française, de la Province, du Centre local pour la santé, des médiateurs, … « Et ces personnes sont quasi toutes présentes à toutes lesréunions : cela marque un intérêt réel pour les travaux entrepris et exprime le sentiment de participer à quelque chose qui avance », déclare FrançoiseRaoult, conseillère au SAJ de Huy.

Deux mondes différents

Ces deux univers se connaissent mal et s’interpellent difficilement mais leurs missions se rencontrent et s’entremêlent. Le décret mission de 97, par exemple, a demandé auxécoles de signaler aux SAJ tous les élèves mineurs qui avaient 20 demi-jours d’absence. Les écoles ont vu là une solution pour les problèmes dedécrochage et de réinsertion. Quant au SAJ, il a vu arriver une nouvelle mission sans préparation, sans concertation ni moyens supplémentaires. « D’où un fameuxmalentendu, explique Arnaud Kellens du SAJ (prévention générale). Les écoles trouvaient que notre institution ne servait à rien et ne devait prendre en compte queles élèves en danger. Résultat : l’ouverture d’un dossier dans 5 % des cas seulement des signalements et la constatation de 3 % seulement de situations nouvelles, non encoretraitées. »

Maille par maille

Pour résoudre ce malentendu, Crochets invite en 2002 tous les acteurs à une première journée de réflexion sur l’obligation scolaire. Dans un premier temps,chacun a fait connaissance. Puis a continué dans cette voie. « Dans les rencontres suivantes, petit à petit, on prend des sujets de travail communs aux deux mondes, on se fâchemoins, précise Jean-Marc Cantinaux. Et le décret mission devient une obligation opportune de nous mettre ensemble. Dès lors, les partenariats entre les écoles, les CPMS etles AMO, le SAS fleurissent. On craint moins de passer des infos. »

Pour y arriver, les moteurs de Crochets ont multiplié les enquêtes dans les écoles et les contacts personnels, pour avoir en son sein des membres légitimes etreprésentatifs de tous les milieux. Et ces membres font remonter l’information vers leur réseau. Ils ont aussi développé des outils de travail.

En 2003, la mise en application par le SAJ d’un formulaire type de signalement a été suivie de contacts systématiques sur le terrain pour évaluer le fonctionnement dela procédure et du document. En 2004, les acteurs de l’AJ sont allés rencontrer les écoles pour leur expliquer leurs missions et entendre les attentes de leurs interlocuteurs.Puis Crochets a réalisé en 2005 une journée sur l’autorité parentale et ses implications légales pour les directeurs, en 2006 sur le travail en réseau, puissur la collaboration entre Enseignement, AJ et Familles.

Une expérience transposable ?

« Chaque arrondissement a ses spécificités, indique Françoise Raoult, mais est confronté à ce fossé. Nous avons eu des résultats peut-êtreparce que le nôtre est petit et qu’il offre moins de prise aux querelles de pouvoir. Nous ne sommes pas les seuls. Et l’an prochain, l’Observatoire de la jeunesse lancera une recherche actiondans quatre arrondissements pilotes dont celui de Huy pour faire un état des lieux et chercher des pistes de généralisation. »

Par ailleurs, Crochets a un effet contagieux. Les écoles des arrondissements étrangers qui comptent des élèves hutois participent à certaines séances detravail. « Les portes sont ouvertes à tous, précise Françoise Raoult, nous avons même accueilli des experts québécois. »

À court et moyen terme, Crochets voudrait mettre à jour pour chaque école son propre réseau local. Une situation urbaine par exemple est fort distincte d’une situationrurale. Elle veut aussi éveiller les deux secteurs à des services encore peu connus : le planning, la police, le CPAS, le service de santé mentale, … Par ailleurs, cettecommission se pose beaucoup de questions sur le décrochage dans l’enseignement fondamental. Elle fait face à ce qui devient une réalité avec peu d’initiatives et d’outils.La question d’un « crochets bis » est donc posée sur la table du CAAJ.

« En nous rencontrant dans cette commission, conclut Françoise Raoult, nous avons noué des liens, nous avons appris des pratiques différentes, nous nous sommes baignésdans une autre culture, sans créer de nouvelles instances et sans provoquer de nouveaux coûts. Mais, même si nous avons des résultats, il reste encore bien du travail. »Bref, Crochets reste une priorité importante du nouveau CAAJ.

1. Aux Sources asbl :
– adresse : SAS de Huyt, rue des Bons-Enfants, 3 à 4500 Huy
– tél. : 085 25 28 40
– courriel : aux@swing.be
– site : www.auxsources.be
2. « Mille lieux de vie » AMO :
– adresse : rue Montmorency, 1 à 4500 Huy
– tél. : 085 24 00 38.
3. Conseil d’Arrondissement de l’Aide à la Jeunesse, Etienne Struys (président), Françoise Raoult (secrétaire) :
– adresse : rue du Marché, 31 à 4500 Huy
– tél. : 085 25 54 2
– courriel : caaj.huy@cfwb.be

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