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Regard critique · Justice sociale

Logement

Des studios pour sortir de l'impasse

Durant la semaine de carnaval, les deux plus anciennes maisons d’accueil de Bruxelles, les Homes Baudouin et du Pré, inauguraient un nouvel espace à deux pas de la Grand-Place.

01-03-2010 Alter Échos n° 290

Durant la semaine de carnaval, les deux plus anciennes maisons d’accueil de Bruxelles, le Home Baudouin1 et du Pré2, inauguraient un nouvel espace à deux pas dela Grand-Place, avec de nouvelles salles communes pour le premier et des studios de transit pour le second.

Quand on se promène rue Marché aux Fromages, on remarque à peine, entre les nos 19 et 21, l’entrée de l’impasse de la Poupée. Au fond de ceganck, comme on dit en bruxellois, une maisonnette blanche sent encore la peinture fraîche. À l’intérieur, quatre studios meublés attendent leurs premièreslocataires, des femmes qui quittent la maison d’accueil d’urgence Victor du Pré, sans se sentir encore prêtes à vivre dans un logement privé. « Ici,elles acquerront progressivement leur autonomie, tout en continuant à bénéficier de l’accompagnement de l’équipe », explique Alexandra Laurent, directrice duHome du Pré.

Le Home du Pré voit frapper à ses portes des femmes qui, à cause de la crise du logement, d’une rupture familiale, ou d’autres raisons, se retrouvent à la rue. Parmielles, des mères mais aussi des femmes seules. C’est pour ces dernières spécifiquement que les studios ont été aménagés. « On est deplus en plus confronté à un public souffrant de solitude. À des femmes qui, à cause des flux migratoires, se retrouvent déracinées, sans réseau desoutien. À des femmes qui n’ont pas d’enfants pour se projeter dans le futur. Elles ont besoin de plus de temps que d’autres pour se rétablir », souligne Alexandra Laurent.Sans quoi, c’est souvent l’échec, le retour à l’errance.

Impasse de la Poupée, chaque femme disposera de sa propre chambre et partagera salon, cuisine et salle de bain. « Il y aura un règlement à respecter, mais iln’y a aucune attente ou obligation quant au partage des repas et de l’espace. Vont-elles faire la cuisine ensemble ou manger dans leur coin ? Elles sont chez elles, ça les regarde.Du moment que la vie en commun est possible », fait savoir la directrice. Une fois par semaine, une assistante sociale leur rendra visite pour discuter des éventuelsproblèmes de cohabitation. Pour le reste, chaque locataire sera suivie par son assistant de référence qu’elle rencontrera dans les locaux du Home du Pré, dans lesMarolles toutes proches. « L’idée est qu’elles aillent vers l’extérieur, ne pas fonctionner en vase clos. »

Durablement transitoire

La maison de l’impasse de la Poupée a été acquise par l’Œuvre de l’Hospitalité, l’asbl qui chapeaute les deux homes. La rénovation, financéeà hauteur de 181 000 euros par la Cocof (Commission communautaire française), a aussi permis la création d’une extension pour les salles de vie commune du Home Baudouin,désormais plus lumineuses. Si son directeur, Pierre Collet, s’en félicite, il rappelle toutefois « qu’un endroit comme celui-ci devrait rester undépannage ». Le plus ancien résident de cette maison d’accueil pour hommes y a posé ses valises il y a cinq ans. « On peut créer autant de nouvellesplaces en maison d’accueil que l’on veut, elles seront toujours insuffisantes s’il n’y a pas un accompagnement prévu en parallèle. La création de structures comme les studiosvoisins est une très bonne chose. »

Un constat partagé par le secteur. Pour Deborah Oddie, chargée de projets à l’AMA (Association des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri)3,« l’enjeu aujourd’hui est de créer des studios de transition et de fournir un accompagnement aux personnes qui entrent dans un logement privé. Par ailleurs, il manque desstructures permanentes de vie communautaire. Certains sans-abri restent à la rue, tout en ayant un logement, car ils ne supportent pas la solitude et tournent en rond entre leurs quatremurs. »

Présent à l’inauguration en tant que ministre en charge de l’Action sociale et de la Famille à la Cocof, Emir Kir (PS)4 a profité de l’occasion pourrappeler que l’accompagnement social des personnes hébergées fait partie de ses priorités au même titre que la création de maisons d’accueil pour jeunesadultes et de places pour les familles et les femmes victimes de violence. Gageons que ses paroles ne seront pas tombées dans l’oreille d’un sourd.

1. Home Baudouin :
– adresse : rue de la Violette, 24 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 512 64 95
– courriel : home.baudouin@scarlet.be
2. Home Victor du Pré :
– adresse : rue des Charpentiers, 5 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 512 42 37
– courriel : hdp-direction@scarlet.be

3. AMA :
– adresse : rue Gheude, 49 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 513 62 25
– courriel : ama@ama.be
4. Cabinet d’Emir Kir :
– adresse : bd Saint-Lazare, 10 à 1210 Bruxelles
Botanic Building – 12e étage,
– tél. : 02 506 34 11
– site : www.emirkir.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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