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Regard critique · Justice sociale

Des journées ouvertes sur la médiation à l’UCL : rencontre entre universitaires et gens de terrain

Dans une société qui évolue rapidement, on constate depuis plusieurs années que le sens de toute une série d’éléments, dans un ensemble de domainestrès variés, change. En Belgique, les politiques ont incité à développer de nouvelles instances regroupées sous le vocable « médiation ». Lesmédiateurs, encore peu, voire mal connus, répondaient présents ces 28 février et 1er mars aux journées ouvertes organisées par ledépartement de communication de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, à l’initiative d’Elisabeth Volckrick1, professeure du cours « Théories et pratiquesde la médiation ».

21-04-2006 Alter Échos n° 206

Dans une société qui évolue rapidement, on constate depuis plusieurs années que le sens de toute une série d’éléments, dans un ensemble de domainestrès variés, change. En Belgique, les politiques ont incité à développer de nouvelles instances regroupées sous le vocable « médiation ». Lesmédiateurs, encore peu, voire mal connus, répondaient présents ces 28 février et 1er mars aux journées ouvertes organisées par ledépartement de communication de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, à l’initiative d’Elisabeth Volckrick1, professeure du cours « Théories et pratiquesde la médiation ».

Il y a cinq ans, dès que sa proposition de cours sur la médiation a été retenue, Elisabeth Volckrick a décidé d’inviter les gens de terrain àrencontrer ses étudiants. Le succès de la formule est allé croissant. D’abord destinées aux jeunes suivant son cours, ces journées se sont ouvertes à ceuxd’autres cours, aux médiateurs, à des bureaux agréés… et cette année, elles s’internationalisent avec des intervenants français et suisses.

Un enjeu

Pour Elisabeth Volckrick, « depuis 20 ans, les pratiques témoignent de profondes mutations dans les modes de régulation sociale. Le concept de famille par exemple ne peut plus êtrecompris a priori. Il recouvre aujourd’hui tellement de facettes. Le médiateur est l’instance qui permet de discuter ensemble pour produire un sens partagé, des normes communes. Ilpermet une réflexivité qui éclaire le contenu des normes et des règles par un travail sur des principes comme l’écoute, l’égalité, le respect, leraisonnable, la proportionnalité, le contradictoire, la bonne administration, la courtoisie, la gestion consciencieuse, l’équité, … et les droits de l’homme. » Selon elle, enBelgique, le développement de ces instances doit beaucoup à la prise de conscience politique suite à la marche blanche, au fameux « lundi noir » ainsi qu’à l’engorgement destribunaux.

Sur le terrain

Le caractère pluraliste de la médiation déjà évoqué, on le retrouve dans le panel des intervenants et en toile de fond de leur discours. Deuxexemples.

Selon Julien Knoepfler2, évaluateur du Contrat de sécurité de Schaerbeek, « dans le contexte de surabondance des pratiques qui caractérise désormais lechamp de la médiation, le souci des collectivités locales ne peut plus se limiter, comme ce fut le cas un temps, à simplement multiplier à perte de vue les instancesrégulatrices dans l’idée de donner à tout prix l’image d’autorités modernes et empathiques envers la population. Le véritable défi, aujourd’hui,réside bien davantage dans le fait d’articuler judicieusement l’offre publique de gestion des conflits à partir de trois pratiques : la médiation sociale (centralisée etdécentralisée), la médiation socio-scolaire, la médiation de proximité (ou de quartier qui ne nécessite pas de plainte). Trois autres projets pourraientcompléter ce dispositif : la médiation locale (menée dans le contexte policier, après dépôt d’une plainte), la médiation de jour et de nuit(équipe mobile) et la médiation communale (ombudsman qui traite des plaintes individuelles par rapport à l’administration et qui traque les dysfonctionnements dusystème).

A Gembloux, Claude Bottamedi est chef de corps de la zone de police. Dans le cadre de la réforme des polices, il est poussé vers un nouveau modèle de police qui tienne comptede besoins, parfois contradictoires, de la population. Il se voit tenu de trouver des solutions aux problèmes (sans classer sans suite) tout en travaillant en partenariat et en rendant descomptes à la population. Pour répondre à ces attentes, il va engager dans son service un médiateur qui aura un pouvoir d’intervention sans dépôt de plainte.Cette fonction est vue comme indépendante, soumise au secret professionnel (accès à toutes les données). Il relève des trois bourgmestres de la zone de police :chacun a ses projets, parfois contradictoires, mais il peut travailler sur toute la zone. Selon lui, « ce projet essaie de coller à notre situation. Mais, il pose encoreénormément de questions, comme celle de l’indépendance. »

Une interaction nécessaire

Et Elisabet Volckrick de conclure, « l’interaction entre les gens de terrain, les chercheurs, les enseignants et les étudiants permet à chacun de mieux sentir et formaliser ce qui sepasse dans un secteur qui touche tous les champs sociaux: poste, hôpitaux, télécommunication, école, environnement, institution, … et qui est en expansion. »

1. Elisabeth Volckrick – UCL Département de Communication, ruelle de la Lanterne Magique, 14 à 1348 Louvain-la-neuve – tél. : 010 47 27 98 – courriel : volckrick@reco.ucl.ac.be – site : http://www.comu.ucl.ac.be
2 Texte d’une conférence de Julien Knoepfler sur le même sujet, disponible sur le site : http://www.medialogue.ch/les_applications.htm

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