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De l’aide ménagère à l’aide ménager

Dans un contexte où la féminisation de certains métiers est à l’ordre du jour, Alter Échos a voulu s’intéresser à lamasculinisation d’une profession, celle d’aide ménagère. Le secteur des services de proximité en général, et plus particulièrement le nettoyageménager, se caractérise en effet par une prédominance de l’emploi féminin. Regards sur l’expérience de Sinet1 à Charleroi,coopérative à finalité sociale active dans les titres-services.

27-01-2006 Alter Échos n° 201

Dans un contexte où la féminisation de certains métiers est à l’ordre du jour, Alter Échos a voulu s’intéresser à lamasculinisation d’une profession, celle d’aide ménagère. Le secteur des services de proximité en général, et plus particulièrement le nettoyageménager, se caractérise en effet par une prédominance de l’emploi féminin. Regards sur l’expérience de Sinet1 à Charleroi,coopérative à finalité sociale active dans les titres-services.

Pour Sinet, l’idée d’adjoindre une présence masculine au sein des équipes d’aides ménagères correspondait à un triple objectif :
• Sinet avait envie de travailler sur l’égalité des chances hommes-femmes
• En assemblée des travailleuses, certaines femmes se plaignaient de devoir réaliser des tâches trop lourdes (nettoyage de caves, de greniers, plafonds… )
• Sinet recevait régulièrement des candidatures masculines

Comme le souligne Gisèle Aubly qui a porté ce projet, “convaincre nos équipes de femmes d’intégrer des hommes ne s’est pas fait en un jour. Pour lesdames de l’équipe, l’important est la valorisation du travail chez le client, elles ne voulaient pas perdre cela en faisant venir chez “leur client” quelqu’un d’autre. »Le consensus a été trouvé essentiellement en faisant en sorte que les hommes interviennent en même temps que les aides ménagères. Celles-ci ne se sentaientdès lors plus dépossédées du contact avec le client.

La limite posée à l’activité des aides ménagers consiste à ne pas empiéter sur ce que pourraient faire d’autres entreprises comme par exemple lesdéménageurs. Dans le cadre d’un grand nettoyage, les équipes de Sinet peuvent aller porter certaines choses à recycler au parc à conteneurs, leur missions’arrêtant là. Dans le même ordre d’idées, une attention spéciale est portée à la place des services publics, qu’on évite aussi deconcurrencer. À côté de cela, il y a une réelle demande, qui fait qu’on ne va pas exercer ces activités où des collectes sont déjàorganisées (récolte du papier, du verre…) . Pour Gisèle Aubly, la situation est limpide : ”On ne met pas en place de filières parallèles, ces servicesrentrent dans le fonctionnement classique du ménage d’une famille.”

Prochaine étape : le nettoyage classique ?

Comment travailler au mieux à l’intégration du personnel masculin ? Pour notre interlocutrice, “c’est bien sûr le même métier, mais il faut savoirdémontrer les spécificités du genre masculin par rapport aux tâches ménagères.” Par exemple pour des tâches plus éprouvantes physiquement.

Aujourd’hui, cela fonctionne bien : certains clients utilisent couramment une aide ménagère pour les tâches classiques et un aide ménager pour les tâches pluslourdes ; certains aides ménagers allant prester seuls chez un nouveau client amènent du travail régulier pour les aides ménagères.

Une perspective de développement consiste à proposer aux hommes qui le souhaitent de passer au nettoyage classique. Pour Gisèle Aubly, le projet aide ménager en està sa première phase: “Si un jour un homme souhaite faire les tâches ménagères classiques cela doit devenir possible. Mais il faut changer les chosesprogressivement.”

L’évaluation d’une année d’efforts par rapport aux aides ménagers est positive : six emplois d’aides ménagers ont étécréés. Il existe cependant un réel décalage entre les envies de départ et la réalité. Travailler la dynamique du genre, même dans  » une logiquerenversée  » demande beaucoup de temps et d’ajustements, pour dépasser des obstacles à la fois symboliques et culturels.

1. Sinet, scrl à finalité sociale, bd Paul Janson, 51, 1er ét., à 6000 Charleroi – tél. : 071 30 03 05.

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