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"Croissance des dépenses en soins de santé : "On se trompe de cible", dénoncent les Mutualités chréta"

08-10-2001 Alter Échos n° 106

L’assurance-maladie est à la croisée des chemins. Et les décisions budgétaires qui vont être prises dans les jours qui viennent pour l’an 2002 seront crucialespour son avenir. Dans cette perspective, les Mutualités chrétiennes, inquiètes de la croissance des dépenses en soins de santé, ont réuni la presse ce jeudi4 octobre. Un avertissement en guise de message : les partenaires sociaux et certains membres du gouvernement ne doivent pas simplifier le débat budgétaire. La surconsommation,l’irresponsabilité des patients et l’inefficacité de la médecine ne seraient pas à l’origine de la croissance des dépenses en soins de santé, selon lesmutualités. « En supprimant les gaspillages, les écarts injustifiés, les actes inutiles ou en privatisant, on ne peut pas ramener le budget des soins de santé à unenorme de croissance de 2,5%. Ces positions sont basées sur des affirmations non vérifiées et trompent la population. La croissance des dépenses des soins de santén’est pas explicable par la surconsommation d’actes ou les gaspillages mais est la conséquence de choix politiques et de société explicites. Ce sont en fait, les partenairessociaux, les gouvernements successifs et les entreprises commerciales (industrie pharmaceutique et du matériel médical) qui sont à l’origine de la croissance des soins desanté : augmentation des coûts salariaux et pharmaceutiques, renforcement de l’encadrement des malades et amélioration de l’accès aux soins de santé. »
La surconsommation ne pèserait que 12,5% dans la hausse des dépenses
Les Mutualités chrétiennes ont analysé l’évolution des dépenses de santé au cours de ces dix dernières années (voir tableau ci-dessous). Ellesproposent une triple grille d’analyse : l’effet du prix des soins (évolution nette), l’impact de leur volume et celui des « nouvelles initiatives » résultant des besoins nouveaux(toxicomanie, soins palliatifs, etc.). Au total, en dix ans, les dépenses auraient augmenté de 232 milliards, soit 81,3% (soit 4,3% par an, hors inflation). À peine 12,5% de ces232 milliards (soit 29 milliards) sont dus à une croissance de la consommation médicale. Celle-ci serait due en partie au vieillissement de la population, modestementrépercuté dans les coûts cependant. Le reste de la hausse résultant des politiques sociales menées par les gouvernements et, disent les Mutualités, dulobbying des firmes pharmaceutiques et d’équipement médical. Les soins aux seniors ont gonflé de 267% en dix ans ! À raison de 40% pour la revalorisation salariale (haussedes forfaits soins) et 60% pour le volume des soins (vieillissement de la population). Les soins à domicile ont enflé de 122%. « Le nombre d’isolés augmente, explique JeanHermesse, secrétaire national de l’Alliance des Mutualités chrétiennes. La solidarité de l’entourage diminue, on assiste, pour cette classe d’âge, à uneprofessionnalisation croissante des soins. »
Seconde pompe financière : prothèses et implants (+173%), et médicaments (+112%).
Pour les médicaments, on invoque une hausse des prix (des nouveaux produits) et pour l’appareillage médical, le nombre croissant de patients aidés. « La logique marchandepèse sur les soins de santé, poursuit Jean Hermesse. Il est nécessaire d’y opposer un contre-pouvoir non marchand ! »
Une norme de croissance de 2,5% : irréaliste !
À consommation égale, sur 10 ans, les dépenses d’hospitalisation ont crû de 50 milliards (50% en revalorisation salariale, 50% en personnel). Avec un accent particulier enpsychiatrie.
Les honoraires médicaux ont progressé eux de près de 16 milliards. Ceux relatifs à la biologie clinique et à l’imagerie médicale, de 30 milliards. Lesmutualités précisent : « Une partie croissante des revenus médicaux vient des patients, à la suite de l’augmentation des tickets modérateurs. Et le nombre depraticiens n’a augmenté que très faiblement entre 1990 et 2000. »
Certaines décisions politiques ont aussi directement pesé sur la surcharge du budget santé. Depuis 1996 (réforme de l’assurabilité et extension progressive durégime préférentiel à de nouvelles catégories de population), 270.000 personnes ont vu leurs soins mieux remboursés. Coût : 17 milliards. « En niantl’effet de politiques sociales et de politiques de santé voulues, en fixant un budget irréaliste, on court avec certitude à des déficits qui nécessiteront desmesures d’économie qui tomberont à charge des patients, préviennet le Mutualités. C’est en fait renforcer le mouvement de privatisation larvée qui estdéjà en cours. La médecine duale deviendrait une réalité. Par ailleurs à ceux qui croient que la privatisation serait la panacée pour lamaîtrise des dépenses nous invitons à analyser la situation américaine. Les assurances privées pour atteindre un profit maximal, cherchent d’abord à exclureles mauvais risques et n’investissent pas dans des mécanismes avec le corps médical. »
ÉVOLUTION DES DÉPENSES DE SANTÉ
Chiffres en milliards de francs
Dépenses 1990
Dépenses 2000
Augmentation
Augm. en %
Hôpitaux
69,60
119,17
49,57
71,2%
Honoraires (médicament, biologie clinique, imagerie)
118,80
165,51
46,71
39,3%
Médicaments
46,33
98,42
52,08
112,4%
Implants
3,62
9,91
6,29
173,7%
Maisons de repos
9,53
35,01
25,48
267,3%
Soins à domicile
9,95
22,11
12,16
122,2%
Sida, toxicomanie, soins palliatifs, etc.

5,52
5,52

Autres (opticiens, audiciens, bandagistes, etc.)
27,34
61,46
34,11
124,8%
Total
285,17
517,11
231,93
81,3%
1 Alliance des mutualités chrétiennes, ch. de Haecht, 579 à 1031 Bruxelles, tél. : 02 246 31 11, fax : 02 246 30 10.

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