Ce 22 février, le Cerisis1×réunissait à St-Vaast tout ce que le monde wallon de l’insertion compte en opérateurs et en représentants. Thème de larencontre : évaluation du parcours d’insertion et analyse des perspectives. Premier intervenant : Bruno Van der Linden, chercheur à l’Ires, l’Institut de recherches économiqueset sociales de l’UCL. Il a présenté un état des connaissances actuelles sur l’impact des formations en Belgique et en Wallonie2. Se basant sur des statistiques datant pour laplupart des années 93 et 94 (!), Bruno Van der Linden a rappelé l’importance d’un investissement collectif dans l’accès à des données de qualité. « Uneproblématique qui doit disparaître si la collectivité veut progresser dans la connaissance des effets des mesures publiques dans lesquelles elle investit des sommes souventimportantes. » Confrontant les faits observés aux arguments favorables et défavorables à un développement des formations professionnelles des chômeursexpliqués en introduction de son exposé, le chercheur de l’IRES aboutit à trois conclusions (encore partielles à ce stade) :
> L’effet microéconomique des formations professionnelles sur le rythme de sortie du chômage est nettement positif en Wallonie. Une conclusion qui porte sur les formations du Foremdans leur globalité.
> La participation à une « formation professionnelle hors entreprises » et plus encore « en entreprise » a un effet favorable substantiel sur la durée d’embauche. « L’influence des »formations professionnelles hors entreprises » n’apparaît pas significativement différente de zéro. Il est en revanche probable que les « formations subsidiées enentreprise » favorisent significativement la durée d’embauche. »
> Au plan macroéconomique, les formations professionnelles soutiennent la croissance salariale ; ceci a un impact positif sur le revenu des personnes en emploi et, via l’effet sur le nombrede postes vacants, l’impact est négatif sur le rythme de sortie du chômage des non bénéficiaires.
La deuxième intervenante, Christine Jaminon, sociologue et chercheuse au Cerisis, a analysé la question des Parcours d’insertion sous l’angle de l' »affiliation »3. Un concept quiprésente la particularité de considérer simultanément la dimension professionnelle et la dimension des sociabilités. Deux processus principaux ont étédéfinis : l’affiliation générale et l’affiliation sociale. Selon l’analyse de la chercheuse, les individus ayant fréquenté les dispositifs qualifiants ont pu, pourla plupart, s’affilier globalement alors que les individus ayant suivi des dispositifs de socialisation sont plutôt en processus d’affiliation sociale. Des résultats qui mettentpartiellement en cause le parcours d’insertion puisque les individus ayant suivi des formations qualifiantes s’insèrent alors que des individus ayant suivi des formations socialisantes, touten ne s’insérant professionnellement que marginalement, ne poursuivent en général pas de processus de formation. « De surcroît, dit la chercheuse, les individusévaluent la formation au regard de l’insertion professionnelle. La dimension socialisante du Parcours d’insertion ne constitue donc pas une perspective pour eux. » Christine Jaminon émetdès lors l’hypothèse que les individus qui n’ont pas décroché d’emploi sont découragés par rapport au processus de formation qu’ils ne souhaitent paspoursuivre et se retrouvent alors en inactivité. Au vu de ces résultats, elle propose deux pistes. La première consiste en l’amélioration de la transition entrel’étape de socialisation et l’étape de qualification : meilleur apport d’infos au stagiaire à l’entrée de la formation sur les perspectives que celle-ci peut offrir etaccompagnement individualisé qui devrait favoriser la visualisation concrète des organismes susceptibles d’augmenter la qualification du stagiaire. La seconde option consiste enl’organisation de formations plus longues qui intégreraient de façon simultanée les aspects de socialisation et les aspects de qualification pour arriver en fin de formation,à un niveau de qualification exigé par le marché du travail.
La troisième intervenante, Donatienne Desmette, psychologue et chercheuse au Cerisis, s’est quant à elle attachée à déterminer les facteurs psychologiques etsociaux qui favorisent ou au contraire freinent le processus d’insertion sociale et professionnelle des chômeurs4ü L’autocatégorisation, l’appartenance stigmatisée, laprévalence des dépressions, la modification des perceptions de soi sont autant de facteurs qui influent sur le sentiment d’efficacité du stagiaire. Un sentimentd’incompétence personnelle peut alors s’installer. « On constate ainsi que chez les personnes dont le sentiment d’inefficacité est très élevé, elles éviteronten général les formations, sources pour elles d’échecs et vont ainsi renforcer le sentiment d’incompétence qui aboutit à perdre tout espoir dans leurcapacité à retrouver du travail. » Parmi les solutions envisagées au renforcement du sentiment d’efficacité, Donatienne Desmette propose un renforcement des gestes desoutien des formateurs, des pairs mais également de l’entourage. Selon la chercheuse, la confrontation directe avec la réalité professionnelle peut également renforcer lesentiment d’efficacité des individus et la présence de pairs expérimentés, qui peuvent servir de modèles, est également importante.
1 Cerisis, Bd Devreux, 6 à 6000 Charleroi, tél. : 071 20 25 25, 20 25 26, fax : 071 20 25 30, site : http://cerisis.opes.ucl.ac.be
2 Bruno Van der Linden, L’effet des formations professionnelles de chômeurs : de l’impact sur les individus à l’impact macroéconomique
3 Christine Jaminon, Analyse du Parcours d’insertion : quelles trajectoires pour les personnes peu qualifiées ayant fréquenté des dispositifs d’insertion.
4 Donatienne Desmette, L’individu au cœur de la formation : quels bénéfices ?
Archives
"Colloque du Cerisis sur le Parcours d'insertion : côté théorie"
catherinem
26-02-2001
Alter Échos n° 92
catherinem
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