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Regard critique · Justice sociale

Bruxelles habille les constructions de sa Régie

La Ville de Bruxelles va doter d’un visuel les immeubles de sa Régie foncière à partir de 2012. Son objectif, accroître leur reconnaissance et renforcer leurattractivité.

10-07-2011 Alter Échos n° 319

La Ville de Bruxelles va doter d’un visuel les immeubles de sa Régie foncière à partir de 2012. Son objectif, accroître leur reconnaissance et renforcer leurattractivité. Un projet utile face à une Régie qui souffre d’un déficit de visibilité et qui est encore trop méconnue.

Rita Lambrecht, pensionnée de 65 ans, habite depuis plus de vingt ans dans un bâtiment appartenant à la Régie foncière de la Ville. « Mohamed Ouriaghli(PS)1, échevin en charge des Propriétés communales, a demandé aux locataires de trouver un nom pour leur immeuble. J’avais le temps d’y penser ainsique l’inspiration, je me suis donc lancée. » Situé rue des Cultes, l’édifice de Rita donne sur la place de la Liberté. « J’aipensé à Libertas, liberté en latin. J’avais peur que le bâtiment hérite d’un nom anglophone, comme c’est trop souvent le cas àBruxelles.» Rita vit dans un immeuble moderne et entretenu. « Peu de personnes savent que le bâtiment appartient à la Régie foncière. »

Afin d’habiller les cent-trente bâtiments de sa Régie, la Ville de Bruxelles a invité ses habitants à baptiser leur immeuble jusqu’ici dépourvud’appellation. Certains locataires ont fait quelques propositions. Les suggestions récoltées ont été soumises au Cercle d’histoire de la Ville deBruxelles2. « Nous avons joué le jeu. Nous étions une fois de plus reconnu comme association ayant une valeur morale par rapport à la défense del’histoire de la Ville de Bruxelles », explique Eric Demarbaix, président du Cercle. Le Cercle a ainsi confirmé l’origine de certains noms proposés, maisen a également rejeté d’autres. « Certaines appellations ne tenaient pas la route ! Elles étaient une invention de toutes pièces et nous avons remisles pendules à l’heure ! »

Jean Fürst, 52 ans et comédien, est locataire du futur immeuble « Zinneke ». Par curiosité et par challenge, il a cherché un nom et s’estdocumenté sur sa rue et ses environs. « J’habite rue Van Artevelde historiquement appelée rue de la Petite Senne. Senne, en dialecte bruxellois, se dit Zinne,j’ai fait le rapprochement avec zinneke, en référence à ces petits chiens bâtards que l’on noyait dans la Senne. » Jean habite depuis plus d’unan dans un bâtiment accueillant des personnes de différentes nationalités. « Je pense que l’un des objectifs du projet était d’impliquer leslocataires, nous n’avons pourtant jamais évoqué ce projet entre nous. Les autres locataires ne se sont pas vraiment sentis concernés. »

Des étudiants mis à contribution

Les étudiants de la Haute Ecole Francisco Ferrer ont également été mis à contribution. Des jeunes de deuxième année sectionpublicité/agencement de l’espace ont conçu le visuel qui sera apposé aux façades des immeubles, cinq dans un premier temps. Ce visuel constitue unedéclinaison d’une charte graphique commune et sera adapté en fonction du nom de chaque bâtiment. Le projet retenu est celui de trois étudiants qui ont situéchaque bâtisse dans son quartier. L’étape suivante est le lancement d’un marché pour la production de plaques intérieures et extérieures. Le placementdes premières plaques devrait débuter en 2012.
 
L’échevin des Propriétés communales, Mohamed Ouriaghli, reconnaît que les logements publics souffrent d’une mauvaise image. « C’est parcequ’on en parle souvent quand quelque chose va mal. Le logement public offre pourtant une réponse positive au problème du mal-logement des Bruxellois.» Par ce visuel,l’échevin espère que le citoyen pourra distinguer les biens de la Régie et ainsi reconnaître son propriétaire. « Nous espérons que lescitoyens, après avoir vu le visuel, auront envie de rejoindre le parc locatif de la Régie. »

Il ne faut cependant pas oublier les problèmes de fond. Selon le RBDH3 (Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat), il est important d’initier uneréflexion plus poussée sur la mixité sociale dans les logements publics et le manque de logements. Il serait également essentiel de travailler à une meilleureintégration de ces logements dans la ville. Pour le RBDH, l’accès de personnes aux revenus plus modestes aux logements publics doit rester une priorité.

1. Cabinet de Mohamed Ouriaghli :
– adresse : bd Emile Jacqmain 1 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 279 41 30
Mohamed.Ouriaghli@brucity.be
– site : www.ouri.be
2. Cercle d’Histoire de la Ville de Bruxelles :
– cité du Sureau, 22 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 223 68 44
– courriel : cehibrux@skynet.be
– site : http://cehibrux.be.
3. RBDH :
– adresse : quai du Hainaut, 29 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 502 84 63
– site: www.rbdh.be

Nathalie San Gil Coello

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