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"Avis du CSE sur la migration et l'emploi : une réponse partielle aux problèmes du marché du travail"

27-08-2001 Alter Échos n° 103

Au printemps, le Conseil supérieur de l’emploi (CSE)1 a publié un avis sur la politique communautaire en matière de migration et la mise en œuvre de la Stratégieeuropéenne de l’emploi. D’une manière générale, il considère qu’une politique de migration ne peut résoudre à elle seule lesproblèmes du marché du travail. Une raison suffisante pour entériner le statu quo de l' »immigration zéro »? L’avis, qui se veut explicitement moins ouvert àl’immigration que les positions défendues par la Commission européenne, comprend cinq points :
> La politique d’immigration comme instrument de gestion des déséquilibres sur le marché du travail. A ce propos, le CSE rappelle la distinction qui est faite entre lesressortissants étrangers en provenance de pays de l’Union européenne (UE) et ceux venant de pays non membres. Concernant ces derniers, la législation belge empêche derecourir à de la main-d’œuvre non qualifiée, mais se révèle plus souple pour les travailleurs hautement qualifiés – souplesse néanmoinsconsidérée comme insuffisante par les ýmployeurs belges. Par ailleurs, le CSE s’attend à un flux migratoire de quelque 26.000 personnes en Belgique d’ici à 2010dans le cadre de l’élargissement de l’UE. Néanmoins, « il n’est pas possible de déterminer vers quels segments du marché de l’emploi ou vers quelles régions ces fluxvont s’orienter précisément. » A cela s’ajoutent les problèmes de la mobilité des travailleurs et des regroupements familiaux. Pour le CSE, « l’évolution àmoyen et long terme de l’offre et la demande sur le marché du travail n’est pas indépendante des solutions apportées pour la résolution des déséquilibres decourt terme qui s’y matérialisent ».
> Le défi de la stratégie européenne de l’emploi. Le CSE rappelle que 40% de la population en âge de travailler est sans emploi au sein de l’UE (75 millions de personnesdont 14 millions sont officiellement en recherche d’emploi) et en Belgique (2,7 millions, dont 0,3 million cherchent activement un travail). Pour le Conseil, le relèvement du tauxd’emploi est LA priorité pour l’UE et la Belgique. Pour y parvenir, il faut relever le taux d’activité des femmes et des personnes de 50 ans et plus, réduire lespièges à l’emploi dans lesquels sont pris les chômeurs de longue durée et les personnes peu qualifiées, et améliorer les systèmes de formation(de base ou continuée). Par ce biais, le CSE estime qu’il est possible de répondre aux pénuries de main-d’œuvre observées dans certains segments du marché del’emploi. Dans cette optique, l’immigration constitue aussi une solution. Cependant, le CSE tient à mettre en garde les employeurs qui opteraient pour cette solution par soucid’économiser sur les formations. Il pointe les coûts découlant d’une politique d’immigration : structures d’accueil pour les migrants, intégration, primes d’expatriation,prise en charge du regroupement familial, jours de congé supplémentaires, etc.
> La politique d’insertion des personnes d’origine étrangère sur le marché du travail. Selon le CSE, il est urgent de les intégrer en leur offrant enfin des conditionsde travail satisfaisantes. Il souligne à ce propos la méconnaissance de la langue nationale (inactivité forcée) et la faible scolarisation (manque d’informations desparents sur le potentiel des études), deux facteurs qui déforcent l’intégration. D’autres éléments ont également été épinglés :le racisme, la xénophobie, etc.
> L’immigration et le « Brain drain ». La fuite des cerveaux – favorable aux pays européens – s’avère nuisible aux pays en voie de développement. Afin de contrercelle-ci, le CSE suggère de renforcer l’aide au développement vers les pays concernés.
> L’immigration de remplacement. Enfin, le Conseil considère comme « une solution très partielle » le fait de recourir à l’immigration légale pour lutter contre levieillissement de la population et financer les pensions. Il lui préfère « des politiques axées sur le relèvement du taux d’emploi, la diminution de la dette publique, uneorganisation et une gestion responsable des systèmes de pensions et de sécurité sociale en général et (…) la création des conditions nécessairesau maintien d’une croissance économique tendancielle élevée ».
1 Ministère fédéral de l’Emploi et du Travail, rue Belliard 51 à 1040 Bruxelles, tél. 02 233 49 44, fax 02 233 47 38, e-mail : albert.vanuffel@meta.fgov.be

Baudouin Massart

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