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"Alain Hutchinson envisage de financer le logement bruxellois via la fiscalité"

10-06-2002 Alter Échos n° 122

Dernièrement, Alain Hutchinson, secrétaire bruxellois au Logement1, a fait part de son intention d’élargir le débat sur la réforme fiscale à Bruxelles,pour favoriser le financement de la politique du logement. Concrètement, il compte proposer que « la Région perçoive une taxe spéciale sur les 4 millions de nuitéeshôtelières vendues annuellement (une sorte de taxe de séjour), équivalente à un pourcentage du prix de la chambre occupée. À titre d’exemple, lataxe de séjour dans les hôtels new-yorkais est supérieure à 25 euros. La taxe bruxelloise pourrait être bien inférieure (un rendement moyen de 5 euros parnuitée). »
Alain Hutchinson précise encore : « Une grande partie de ces nuitées est générée et financée par la présence d’institutions internationales dansla Région. L’on demanderait donc à ceux qui ont les moyens de se loger provisoirement, mais très confortablemeýt à Bruxelles, de contribuer modestementà l’amélioration de l’habitat des Bruxellois. Cette taxe pourrait rapporter chaque année entre 15 et 20 millions d’euros, et serait affectée à lapolitique du logement et à la construction de nouveaux logements ou à l’achat et à la rénovation, par les pouvoirs publics, de logements dans les quartiers. »
Quelque 50 % des ménages bruxellois pourraient accéder au logement social
À cette occasion, le secrétaire d’État a rappelé les enjeux du logement à Bruxelles :
> ± 15.000 ménages (soit plus de 30.000 personnes) sont candidats à un logement social, mais les délais d’attente sont de plusieurs années ;
> « Près de 50 % de la population bruxelloise se trouve dans les conditions d’accès au logement social (soit près de 200.000 ménages), qui, tous logementsconfondus (sociétés de logement, Fonds du logement, communes, CPAS), ne peut accueillir qu’environ 45.000 familles. »
Alain Hutchinson constate : « Une grande partie de la population qui pourrait donc prétendre à un loyer social se trouve donc obligée de se loger sur le marché privéet de payer des loyers parfois très élevés. Le prix des loyers, précisément, augmente plus vite que les salaires ; les prix de vente des habitations sontégalement de plus en plus élevés, et souvent inabordables pour des ménages, même à revenus moyens, qui n’ont pas de réserves financières.Certains propriétaires, profitant de ces difficultés, mettent sur le marché des biens insalubres, et refusent de les rénover. »
MR et Horeca mécontents
Quant aux hôteliers affiliés à la Fédération Ho.Re.Ca Bruxelles2, on s’en doute, ils sont furieux : “Sur chaque nuitée dans la Région deBruxelles-Capitale, une taxe de séjour est déjà prélevée par les communes dans lesquelles se situent des hôtels. L’ensemble des recettes issues de cettetaxe de séjour est estimé, pour la Région de Bruxelles-Capitale, à quelque 25 millions d’euros, dont 15 rien que pour Bruxelles-Ville. Toute taxesupplémentaire qui serait prélevée sur les nuitées dans les hôtels bruxellois viendrait alourdir les prix déjà sous pression en raison desévénements du 11 ýeptembre et de la concurrence internationale, à un point tel que le secteur hôtelier bruxellois risquerait de perdre une plus grande partie encorede sa part de marché.” Les hôteliers bruxellois lancent dès lors un appel urgent au secrétaire d’État, Alain Hutchinson, ainsi qu’àl’ensemble du gouvernement de la Région de Bruxelles pour renoncer à ce projet.
Côté MR, on est tout aussi critique vis-à-vis de la taxe : “Les ministres socialistes se lancent en ordre dispersé dans une course à la bonne petiteidée taxatoire pour financer le secteur au moment où, au contraire, Bruxelles attend un ensemble de mesures visant à créer un climat fiscal plus favorable”3.
Ces critiques ne semblent pas perturber Alain Hutchinson : “Les bureaux sont bien taxés aux niveau communal et régional, réplique-t-il. Par ailleurs, la nouvelle taxerégionale s’élèverait en moyenne à 5 euros par nuitée, répercutés dans le prix des chamýres, pas de quoi mettre en péril lesecteur. Tout en ne touchant pas aux Bruxellois.” Le secrétaire d’État, s’il obtient l’accord gouvernemental, compte bien mettre cette taxe en vigueur dèsla fin de l’année, et en tout cas en 2003. Une rencontre avec l’Horeca est prévue avant la mi-juin.
1 Bld du Régent 21-23 à 1000 Bruxelles, tél. 02 506 34 11, fax : 02 511 88 59, site web : http://www.hutchinson.irisnet.be
2 FED. Ho.Re.Ca Bruxelles asbl, bd Anspach, 111 bte 4 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 513 78 14, fax : 02 513 89 54, site : http://www.horeca.be/fr/fed_horeca/001.asp
3 In Le Soir du 7 juin 2002.

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