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Regard critique · Justice sociale

À pas de loup vers le logement public durable

La société wallonne du logement (SWL)1 cherche à se positionner sur les enjeux du développement durable. Le 29 mai 2006, elle lançait un concours deprojets de conception de logements durables. Profitant de la remise des prix aux cinq lauréats, la SWL invitait, le 27 novembre dernier, sociétés de logement public, communes etarchitectes à explorer des pistes concrètes de développement de ce type de logements. Échos de la matinée2.

04-12-2006 Alter Échos n° 220

La société wallonne du logement (SWL)1 cherche à se positionner sur les enjeux du développement durable. Le 29 mai 2006, elle lançait un concours deprojets de conception de logements durables. Profitant de la remise des prix aux cinq lauréats, la SWL invitait, le 27 novembre dernier, sociétés de logement public, communes etarchitectes à explorer des pistes concrètes de développement de ce type de logements. Échos de la matinée2.

Procédures de marchés publiques à réformer

Invités par un organisme parapublic (la SWL), les premiers intervenants ont interpellé les autorités de tutelle sur les modalités d’organisation desmarchés publics et de concours. Pour Joël Coupez3, architecte spécialisé en conception bioclimatique, il faut revoir les critères d’attribution desmarchés publics afin d’éviter qu’un candidat moins-disant n’emporte un marché s’il n’est pas en ordre du point de vue de la réglementationsociale.

Emmanuel Everarts de Velp4, dont la société est spécialisée dans les matériaux de construction traditionnels et durables, estime quant à luique les marchés publics sont à l’origine de nombreuses faillites sur chantier :  » Pour remporter les marchés, les soumissionnaires sous-évaluent leur offre puis fontleurs marges en mettant toute la pression sur les sous-traitants. « 

En outre, pour Coupez, la plupart des concours fonctionnent sur la base d’une recherche de l’image essentiellement.  » Pourquoi pas évoluer vers un appel à candidaturesoù quelques bureaux sont retenus et financés pour réaliser une préétude ? poursuit-il. Nous allons en tout cas tenter de créer un groupe de travail avec lespouvoirs publics pour avancer sur ces questions.  » Voilà pour certains aspects des dimensions sociales et économiques de la problématique.

Penser à toutes les implications dès le départ

Pour les spécialistes du logement et de l’architecture durable, ce qui est vrai aux niveaux social et économique l’est aussi pour les aspects environnementaux. « C’est dès la conception du bâti qu’il faut intégrer à la fois les exigences de confort des occupants et les contraintes et opportunités du climat.C’est plus efficace et plus économe que de réaliser a posteriori des interventions ponctuelles sur un système mal préconçu « , est venu dire en substance leprofesseur André De Herde5, l’un des précurseurs belges de la construction bioclimatique.

Plus largement, toutes les préoccupations environnementales doivent être appréhendées dès la conception. Vu leur nombre, et la complexité de leursimbrications, il serait urgent de mettre à disposition des architectes des outils d’aide à la décision, simples à utiliser. Selon Coupez,  » une de leurs fonctionsserait notamment de lister l’ensemble des éléments dont il faut tenir compte pour une approche durable du logement : le coût est un aspect mais il y a aussi lesénergies grises (consommées pour fabriquer les matériaux de construction, NDLR), les facteurs d’isolation, l’innocuité pour les professionnels dubâtiment et pour les habitants, l’orientation du bâti, etc. « 

Autour du nerf de la guerre

Pour Coupez, la rénovation durable est possible, mais les montages financiers sont souvent très serrés, malgré l’intérêt grandissant d’acteursfinanciers pour le principe du tiers-payant (qui avance le surcoût lié aux investissements durables puis se rembourse sur les économies effectuées grâce à ceséquipements). Selon lui, il est moins difficile d’envisager le financement de nouvelles constructions intégrant le développement durable. Qui, de toute façon,implique un surcoût au moment de l’investissement, posant problème pour des revenus modestes à moyens.

Au Québec, une expérience présentée par le professeur Friedman6 semble avoir résolu la question des coûts. Avec son équipe, il a mis aupoint une maison en bois préfabriquée, modulable selon les périodes de la vie de ses propriétaires. En quelques années, un véritable modèle industriels’est développé autour de ce concept qui commencerait à intéresser Britanniques et Chinois notamment. Outre son aspect évolutif, le principal argumentprésenté par le professeur Friedman est celui du coût : le module de base, pour un couple, se vend à 76 000 $ canadiens. Soit 50 400 € ! Le seul argumentécologique encore perceptible à la fin de l’exposé résidait dans l’origine du matériau de base, le bois, ressource naturelle canadienne qui faitl’objet d’une gestion durable très stricte.
 » Mais importer d’outre-Atlantique des containers de préfabriqués durables est-il encore très durable ? « , a demandé un participant.

En tout état de cause, quelles que soient la ou les pistes choisies à l’avenir, cela nécessite des investissements. Alain Rosenoer, directeur général de laSWL, l’a rappelé d’entrée de jeu :  » Si nous voulons atteindre tous nos objectifs et remplir de nouvelles missions, en particulier en termes de logement durable, la SWL aurabesoin de moyens supplémentaires « .

1. SWL, rue de l’Écluse, 21 à 6000 Charleroi – tél. : 071 20 02 11 – courriel : communication@swl.be
2. Le programme complet de la journée et les résultats du concours sont disponibles en ligne sur le sitede la SWL

3. Bureau Coupez et associés sprl rue Gaston Bary, 58 à 1310 La Hulpe – tél. : 02 652 18 17 –courriel : j.coupez@bureaucoupez.be.
4. Carodec sa, chée de Wavre, 1801 à 1160 Bruxelles – tél. : 02 672 22 90.
5. Responsable de l’équipe de recherche Architecture et Climat depuis 1980, place du Levant, 1 à 1348Louvain-La-Neuve – tél. : 010 47 21 42 – courriel : climat@arch.ucl.ac.be.
6. Professeur à la McGill School of Architecture, à Montréal – tél. : 00 1 514 398 4923 – courriel : avi.friedman@mcgill.ca

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