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Regard critique · Justice sociale

Récemment paru sous l’égide de la Fondation Charles Léopold Mayer (FCLM) et concrétisé par l’association d’éducation populaire »Non-violence actualité »1, le dossier « Pratiques de médiation »2 vient enrichir la littérature autour d’une pratique en cours d’essaimage. « Écoles, quartiers,familles, justice : une voie pour gérer les conflits » est le sous-titre de ce volume regroupant une quarantaine de témoignages de pratiques et d’analyses, tirant des leçonset ouvrant des pistes.
Cette pratique de gestion négociée et non violente des conflits touche presque tous les secteurs de la vie sociale, de même que les institutions. Richard Pétris, de laFCLM, introduit en ces termes : « Face au conflit, qui fait partie des relations humaines, la voie du compromis passe par la voie du dialogue et par la négociation. La médiationparticipe donc, en même temps, de cette recherche de la sagesse qui nous éloigne progressivement de la culture de guerre ». Pour lui la médiation n’est rien moinsqu’une « révolution négociée », capable de faire évoluer toute la société. L’ouvrage regorge d’expériences précises. Il sedivise, après une brève introduction, en quatre parties principales : la médiation scolaire, familiale, de proximité et, enfin, « médiation et justice ». Un livrefouillé dont voici quelques éléments saillants.
‡’introduction clarifie la méthodologie. La médiation est une « relation tierce » entre des parties en conflit. Qu’est-ce qu’un médiateur ? Ni juge –qui tranche en réglant le conflit sur l’opposition perdant-gagnant permettant de « polariser et intensifier un problème », explique Guy Boubault, de « Non-violence actualité »–, ni conseiller, ni avocat ou « donneur de leçons ». Son rôle est de « tenter de rétablir la communication, le dialogue, pour que les opposants puissent trouvereux-mêmes les voies d’une solution à leur différend », poursuit Guy Boubault. Ses qualités ? Savoir écouter et communiquer, être partial alternativementavec les deux parties (par empathie), savoir mettre ses sentiments en veilleuse.
Concrètement, la médiation est un processus. Il débute par une séance de contact. On y établit les règles de base et y précise le rôle dumédiateur. Chacune des parties fait le récit du conflit et exprime son point de vue voire sa colère ou sa tristesse, ainsi que ce qu’elle attend de la séance (il yaura plusieurs séances étalées). Le médiateur résume et relève des points qui pourraient constituer une base pour négocier. Si une impasse se profile,le désir des participants d’avoir recours à la médiation est rappelé (le médiateur n’est toutefois jamais tenu de réussir). Enfin,l’ »Accord » : si un terrain d’entente est trouvé, il sera mis par écrit : un « contrat » est rédigé et signé par les deux parties. Le médiateurvérifiera (pour la médiation judiciaire et familiale surtout) si le contrat est bien respecté.
La médiation scolaire n’est pas en reste. Face à l’agressivité et à la violence en classe et dans la cour de récréation, des écolesréagissent depuis plusieurs années en impliquant directement les enfants (dès 7-8 ans), comme ce fut le cas, en 95-96, à l’école primaire du Biéreau deLouvain-la-Neuve. Un projet de médiation via les élèves fut impulsé par la direction. Les adultes et quarante enfants participèrent à une formation. Entermes de réussite, les enfants se (re)connaissent mieux mutuellement et apprennent la différence des points de vue. Les difficultés : certains enseignants acceptentdifficilement de se décentrer par rapport à leur position d’autorité. Un paradoxe : il arrive que les jeunes médiateurs soient montrés du doigt par leurscamarades du fait de leur fonction perçue comme une différence.
Quant à la médiation judiciaire, elle reste sous l’autorité du juge ; elle représente une « méthode douce » pour des conflits de voisinage ou des faits dedélinquance de mineurs. Un cas sur deux aboutit en médiation, de là 80 % des médiations réussiront. Une voie qui, selon les acteurs, devrait êtregénéralisée à l’avenir.
1 “Pratiques de médiation”, Éditions-Diffusion Ch. L. Mayer, 38 rue Saint-Sabin, 75011, Paris, France, prix : 7,63 euros.
2 “Non-violence actualité,” BP 241, 45202 Montargis CEDEX, France – tél. : 0033/2 38 93 67 22 – courriel : nonviolenceactualite@wanadoo.fr – site web :http://www.multimania.com/nva

Olivier Bailly

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