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Regard critique · Justice sociale

Solutions wallonnes pour le handicap français

Les ministres wallonne et française, en charge de la personne handicapée, se sont rencontrées sur le thème de l’accueil des personnes handicapées françaises en Belgique.

Ce lundi 4 mars, la ministre de la Santé, de l’Egalité des Chances et de l’Action Sociale, Eliane Tillieux (PS), a rencontré la ministre française, Marie-Arlette Carlotti, chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, sur le thème de l’accueil des personnes handicapées françaises en Belgique. Une rencontre sur le terrain avec l’asbl Les Aubépines, située à Sart-Risbart1, dans le Brabant wallon.

Découverte d’une chambre à coucher, d’une salle de douche ou de la salle à manger… l’importante délégation française a visité tout le centre « Les Aubépines », un service résidentiel pour adultes atteints du syndrome autistique. Une visite qui s’explique notamment par la proportion élevée de résidents français : « Parmi les 48 personnes accueillies, un quart vient de France, principalement de la région du Nord-Pas-de-Calais », explique le directeur de l’asbl, Joachim Ryhon. Et de clarifier rapidement, « mais aucun traitement de faveur entre les résidents ».
Comme 96 autres services belges qui accueillent entre 3 500 à 5 000 personnes handicapées françaises, l’institution brabançonne trouve un avantage financier dans ce système binational. « Alors qu’un Belge reçoit une subvention de l’Awiph de 130 euros par jour, celle du Français s’élève à une somme comprise entre 160 et 220 euros, assumée par les Conseils Généraux et les Caisses Primaires d’Assurances Maladies de France », explique Joachim Ryhon. Une rétribution financière issue de nos voisins qui permet d’améliorer le confort de l’ensemble des résidents, Belges et Français confondus.

Au-delà d’un portefeuille, ce système binational améliore le service social belge. « Le financement de l’hexagone a créé pratiquement 2 000 emplois dans l’aide des personnes handicapées », explique Olivier Rubay, l’attaché de presse de la ministre wallonne. Toutefois, il tient à préciser que cela n’influence pas le nombre de résidents belges accueillis dans les centres : le quota de places disponibles pour les Belges est séparé de celui des Français.

Faire le point sur la situation

Cette rencontre franco-belge est avant tout l’occasion de dresser l’état des lieux de l’accord-cadre. Signée en décembre 2011, cette convention rassemble les deux pays – d’un côté, le gouvernement de la République française et, de l’autre, le gouvernement de la Région wallonne – sur l’accueil des personnes handicapées. Il prévoit une meilleure coopération au niveau de l’accompagnement, du service médico-social en termes de moyens humains et matériels et du transfert de connaissances.

Réfléchi depuis plus d’un an, l’accord-cadre tente de s’adapter à la réalité du terrain. Selon Joachim Ryhon, deux nouvelles tendances s’observent : « D’abord, les résidents vivent plus vieux. D’où la réflexion nécessaire d’un suivi et de soins plus appropriés à leur âge. Ensuite, les jeunes de 19-21 ans sont de plus en plus nombreux à vouloir intégrer la résidence. »
Face à cette évolution, la France est venue chercher de l’inspiration quant à l’approche médicale et institutionnelle. La ministre française, accompagnée d’une vingtaine de collaborateurs, a d’ailleurs précisé le retard dans le domaine du handicap mental en France, où l’on compte seulement trois centres autistiques. Lors de la visite, les questions ont surtout traité des aspects pratico-pratiques. « La délégation a abordé la notion de l’éloignement avec la famille ou de l’implication des résidents dans la vie du village », souligne Olivier Rubay.
Si en Belgique, l’accord, après avoir été corrigé et approuvé par le gouvernement wallon, devrait être ratifié dans un mois par le parlement wallon, la situation en France est légèrement décalée, entre autres suite à un changement politique – le dossier, à la base, était à la charge de Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. Son application en France devrait entrer en vigueur dans six-sept mois.

En attendant la ratification, au centre « Les Aubépines », on réfléchit déjà à l’amélioration du site, avec le projet d’installer un espace de relaxation. Matelas chaud, colonnes d’eau et ambiance feutrée pour diminuer l’angoisse des résidents et leur permettre de mieux se retrouver.

1. Les Aubépines :
– adresse : rue Sainte-Wivine, 15, 1315 Sart-Risbart
– tél. : 010 88 12 54
– site : www.lesaubepines.be

Sophie Lapy

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