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Regard critique · Justice sociale

Edito

Si c’est le PNUD qui le dit…

Dans son rapport sur le développement humain de 2019, le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) note que la « vague de manifestations qui déferle actuellement sur le monde » aurait un seul dénominateur commun : les inégalités. Mais ce qui frappe le plus, c’est que les politiques que le rapport suggère de mettre en place font écho aux revendications portées par les milliers de manifestants ayant battu le pavé en 2019.

N’y allons pas par quatre chemins, vu que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ne le fait pas. Dans son rapport sur le développement humain de 2019, ce programme de l’ONU censé venir en aide aux pays en développement note que la «vague de manifestations qui déferle actuellement sur le monde» aurait un seul dénominateur commun: les inégalités. «Différents détonateurs poussent les populations à descendre dans la rue: le coût d’un billet de train, le prix de l’essence, les revendications politiques d’indépendance. Ces manifestations sont une nouvelle expression des inégalités», déclare ainsi Achim Steiner, administrateur du PNUD dans un communiqué de presse daté du 9 décembre 2019.

Pour le PNUD, la «vague de manifestations qui déferle actuellement sur le monde» aurait un seul dénominateur commun: les inégalités.

Pour le PNUD, une nouvelle génération d’inégalités verrait actuellement le jour, autour de l’éducation, de la transformation technologique et des changements climatiques. Des bouleversements qui, faute d’être «maîtrisés», pourraient déclencher une «nouvelle grande divergence» dans la société, «sans pareille depuis la révolution industrielle».

Pour faire face à ces défis, le rapport sur le développement humain propose quelques pistes d’action. Concernant la crise climatique, il suggère de «recycler» les recettes des tarifications carbone au profit des contribuables afin que celles-ci ne soient pas génératrices d’inégalité. Pour les transformations technologiques, le PNUD propose également des politiques de protection sociale garantissant une juste rémunération du crowdworking1, un consensus international sur la taxation des activités numériques, etc.

Mais ce qui frappe le plus, c’est que les politiques que le rapport suggère de mettre en place font écho aux revendications portées par une bonne partie des milliers de manifestants ayant battu le pavé en 2019. Investissement dans la petite enfance et tout au long de la vie, politiques antitrust, importance de nouveaux principes de fiscalité internationale (pour un impôt plus équitable, pour éviter un nivellement des salaires par le bas), égalité des sexes: le PNUD se fait la voix des manifestants qu’il évoque dans son rapport.

Peut-être cela poussera-t-il – enfin – certains gouvernements à bouger un peu plus sur ces questions. S’ils peuvent être tentés de faire la sourde oreille face aux grognements de la rue, il faut espérer qu’un rapport un rien plus «officiel» d’un programme de l’ONU les engagera peut-être à des actions plus concrètes. Car si c’est le PNUD qui le dit, c’est peut-être qu’il y a une bonne raison…

1. Le crowdworking est une nouvelle forme de travail reposant sur la numérisation et la mutualisation des ressources. Il s’agit de faire appel à une multitude de personnes (crow) pour réaliser une tâche. Le crowdworker offre ses compétences soit par un principe d’enchères, soit à tarif fixe. Il s’agit d’une forme d’économie digitale en pleine émergence, hors du droit du travail et des cotisations sociales. Source: Novethic.

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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