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Regard critique · Justice sociale

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"RéSolFa : Réseau de solidarité femmes à la CSC de Nivelles"

20-11-2000 Alter Échos n° 86

Claire Lammerant, il y a un peu plus d’un an, était une « femme rentrante ». Après avoir éduqué ses enfants, elle n’avait droit à rien et n’entrait dans aucun plande résorption du chômage. En participant aux ateliers de Vie féminine, elle découvre les difficultés vécues par les femmes au chômage, elle y rencontresurtout des femmes isolées. « On est étonnamment seul dans une longue file de pointage. » Lui est venue l’idée de créer un espace de rencontre et de convivialité,d’écoute et de parole, d’échange et de réciprocité. Au moment du lancement en octobre 1999, Claire Lammerant trouve un emploi. Elle anime les ateliers un mardi matin surdeux. Ne se plaisant pas dans son emploi, elle postule à la CSC et y travaille aujourd’hui comme permanente syndicale interprofessionnelle et comme animatrice.
RéSolFa1, pour remettre sa vie en musique, est un atelier hebdomadaire pour femmes sans emploi. « Au départ, exclusivement pour les femmes, explique l’initiatrice de RéSolFa,parce qu’il y a des choses qu’elles ne diraient pas en présence d’hommes, même si émerge le souhait de mixité pour certaines actions ». Sans emploi parce que leurpremière demande n’est pas celle du travail, pourtant au cœur de leurs préoccupations. Elles ont d’autres choses à régler avant. Des ateliers qui se placent donc enamont des organisations d’insertion socioprofessionnelle et de formation. Une quinzaine de femmes s’y sont jusqu’ici présentées. Deux femmes ont trouvé un emploi, une autre aentrepris une formation à l’Isco à Namur (formations continues du Mouvement ouvrier chrétien), deux autres sont devenues militantes CSC. Elles sont en moyenne entre cinq et septfemmes par atelier. « Le public est changeant explique Claire Lammerant, puisque l’accès est libre, avec l’engagement de participer à l’entièreté de la séance ». Lepublic est hétérogène quant à l’âge, la nationalité, le niveau d’études, l’expérience professionnelle et le statut de non-travailleuses. Desmilitantes bénévoles, hormis Claire Lammerant responsable de l’atelier, guident le groupe. Les sujets traités sont amenés soit par les femmes, soit par les animatrices.Les thématiques sont celles du quotidien comme la préparation à un entretien d’embauche, la rédaction d’une lettre recommandée pour un problème de voisinage,la visite d’une assistante sociale du Service d’aide à la jeunesse, la prise de décision du placement d’un enfant en enseignement spécial pour approfondir les questions del’accueil des enfants et le statut des gardiennes encadrées, le statut des cohabitants au chômage, les lois du mariage et les problématiques de l’égalité entres leshommes et les femmes et du partage des tâches au sein du couple, le travail en ALE, le travail au noir et les dénonciations, les pensions alimentaires et l’endettement, les visitesd’huissiers, la médiation de dettes (un sujet très délicat à aborder), l’alimentation saine à petits prix,… La participation active à la Marchemondiale des femmes les a mobilisées pendant plusieurs semaines. Avec un suivi serré de la médiatisation de l’événement, les conjoints étant mis àcontribution pour la cause.
« S’il n’y a pas obligation de s’affilier au syndicat, il y a en filigrane une volonté de sensibiliser à l’action syndicale, de développer une réflexion et un espritcritique qui soient porteurs de revendications politiques et d’actions en synergie avec des mouvements de femmes et les autres militants de la CSC comme les ‘Travailleurs sans emploi’ (enparticulier leur groupe de travail sur le cahier des charges des ALE et la mise en place d’une délégation syndicale) ou la commission Femmes (qui se penche sur l’individualisation desdroits sociaux et effectue une enquête sur le travail atypique) »,ýexplique Claire Lammerant. Le contenu des ateliers a évolué : l’information tend vers des discussions defond. De leur propre initiative, offusquées par le peu de couverture de la Marche à New-York les participantes ont envoyé un communiqué « Coup de gueule au féminin »à la RTBF, aux magazines Flair, Femmes d’Aujourd’hui et Gaël, ainsi qu’à Télépro et Télémoustique. « Si elles n’ont pas de réponse, elles risquentd’être déçues, se dit Claire Lammerant. Nous inviterons un journaliste », imagine-t-elle.
Le bilan est positif au terme d’une année de fonctionnement. Les femmes reprennent confiance en elles, s’entraident en dehors de RéSolFa et sont au stade de la recherche d’emploi.Claire Lammerant reste toutefois vigilante à ce que ces ateliers ne finissent pas en « coffee room ». Il serait dangereux à ses yeux que ces femmes se complaisent dans leur situation etne cherchent pas à se réinsérer dans un milieu professionnel. Pour elle qui a connu le non-droit, l’emploi est important (sans tout y investir) pour l’autonomie etl’indépendance des femmes dans la société et au sein des couples, il reste important pour la reconnaissance sociale.
1 RéSolFa – CSC, Claire Lammerant, rue des Canonniers 14 à 1400 Nivelles, tél. : 06 88 46 30 ou 46 11.

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