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Quand l'accrochage scolaire passe par une mise au vert

La découverte de la nature permet-elle de resocialiser des publics fragilisés par le décrochage scolaire ou l’exclusion sociale ? C’est le pari des Montois duService d’accrochage scolaire « La Rencontre » et des Verviétois de « Nature pour tous ». Heureuse rencontre.

15-02-2008 Alter Échos n° 245

La découverte de la nature permet-elle de resocialiser des publics fragilisés par le décrochage scolaire ou l’exclusion sociale ? C’est le pari des Montois duService d’accrochage scolaire « La Rencontre » et des Verviétois de « Nature pour tous ». Heureuse rencontre.

Pour se raccrocher à la vie comme à l’école, rien de tel que de s’ouvrir à son environnement. C’est du moins le pari de l’asbl LaRencontre1 de Mons qui dispose à la fois d’une structure Aide en milieu ouvert (AMO) et d’un Service d’accrochage scolaire (SAS). Ce dernier peut accueillir unevingtaine de jeunes de douze à dix-huit ans qui sont en situation de crise par rapport à l’école, d’échec lourd, de décrochage ou d’exclusion.« Les deux piliers des activités que nous menons sont la resocialisation et le rattrapage scolaire », explique l’éducateur Antonio D’Arionzo. « Mais commej’ai une double casquette – je suis également guide nature – je trouvais important que ce raccrochage passe aussi par une meilleure connaissance du milieu qui les entoure.Les jeunes ignorent souvent tout de leur environnement immédiat. »

Après quelques incursions « nature », une pointe d’ornithologie et quelques notions de botanique, les jeunes ont mordu à l’hameçon. « Çane les a pas du tout laissés indifférents, au contraire ! Ils ont été interpellés par ce qu’ils ont découvert », note l’éducateur.De quoi faire germer dans sa tête un projet un peu fou : pourquoi ne pas permettre à ces adolescents en marge de se réapproprier les espaces de vie tout proches, enl’occurrence un terril « magnifique », situé à moins d’un kilomètre du centre ? L’idée est d’associer les jeunes dans la revalorisationdu terril et de ses abords constitués de mares. Le projet pédagogique est ambitieux et il est est difficile de savoir par quel bout le prendre. C’est ainsi qu’AntonioD’Arionzo a contacté François Beckers qui gère le programme « Nature pour tous » de l’asbl Natagora, à Verviers.

Tous les genres sont dans la nature

Initié il y a trois ans, « Nature pour tous »2 entend promouvoir la mixité des publics, provoquer des rencontres entre des milieux qui a prioris’ignorent, par le truchement de la nature. « Nous avons commencé par ouvrir le monde des naturalistes à tous ceux qui ne s’intéressaient pasparticulièrement à la nature. Puis nous avons développé deux axes spécifiques : l’un destiné aux personnes handicapées, l’autre àdes jeunes issus de milieux défavorisés. Ce volet social est le plus récent, il date du mois de novembre 2007 », explique François Beckers. Leur public cible : lesadolescents des maisons de quartier, des AMO, des écoles de devoirs. Si possible, on mêle encore les genres ; c’est ainsi qu’un projet se met en route avec les adolescentsd’une maison de quartier pour aménager un sentier de balade accessible aux personnes handicapées. Une pédagogie du projet qui valorise les jeunes qui s’yinvestissent, pour peu qu’ils aient été associés à sa genèse.

« Nous nous adressons à un public qu’il est difficile d’intéresser à ce genre de démarche. Nous devons donc travailler main dans la main avec lesassociations de terrain, les éducateurs qui connaissent bien les jeunes et peuvent les amener progressivement à s’impliquer. »

François Beckers et Antonio D’Arionzo étaient donc faits pour s’entendre. Le premier a quelque peu tempéré l’enthousiasme du second : «Aménager un terril de 500 hectares, c’est un pari sans doute trop ambitieux dans un premier temps. Il vaudrait mieux se concentrer sur quelques parties du terril et les abords des maresqui sont très intéressants. Mais on peut aussi envisager un espace familial avec barbecue et une zone de détente… »
Ne manquent plus que les autorisations – le terril appartient à la ville – et les subsides pour mener à bien cette aventure. Le plus gros du chemin reste à faire,mais l’éducateur se veut optimiste : « Ce projet vise à améliorer le cadre de vie des Montois, à resocialiser des jeunes en difficulté à traversune expérience enrichissante, et il est sous-tendu par une philosophie de préservation de l’environnement. Qui refuserait de soutenir ce genre d’initiative ? »

1. SAS La Rencontre :
– adresse : chemin du Verseau, 24A à 7000 Mons
– tél. : 065 84 80 77.
2. Le programme « Nature pour tous » de Natagora est géré par François Beckers :
-adresse : rue Pierre Fluche, 5 à 4800 Verviers
– tél. : 0473 58 47 81
– courriel : francois.beckers@natagora.be
– site : www.natagora.be

aurore_dhaeyer

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