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"Préformation à l'animation en milieu multiculturel au CBAI, changement dans la continuité"

26-02-2001 Alter Échos n° 92

Le 12 février dernier s’ouvrait la première session de la nouvelle préformation ciblée à l’animation en milieu multicuturel organisée par le Centrebruxellois d’action interculturelle asbl (CBAI)1. Cette formation, à l’attention des demandeurs d’emploi possédant au maximum un diplôme d’enseignement secondaireinférieur, durera jusqu’à mi-juillet à raison de 590 heures, soit 35 heures par semaine, tous les jours de 9 à 17 heures. Elle compte 16 participants âgésentre 19 et 35 ans (moyenne de 26 ans), dont 6 sont d’origine marocaine, 7 d’Afrique subsaharienne, une d’origine portugaise et deux Belges d’origine.
« Elle s’inscrit dans la prolongation de ce que fait le CBAI depuis sa création en 1981. Le Centre, explique Amidou Si M’Hammed, directeur-adjoint du Centre et responsable des formations,travaille à l’intégration des populations d’origine étrangères. C’est un service de seconde ligne à l’attention des professionnels travaillant avec des populationsimmigrées. Les spécificités de la formation d’animateur en milieu multiculturel, qui a vu le jour en 83 et dont la préformation est issue, sont multiples. Cette formationmise sur une certaine hétérogénéité du groupe en termes de genre, d’âge (entre 20 et 40 ans) et de niveau de formation. Pour ce dernier point, on constate eneffet que malgré la présence d’une majorité des participants ayant une formation de niveau A3, il y a aussi quelques A2 et encore l’un ou l’autre participant ayant une formationde niveau supérieur voire universitaire. Cette hétérogénéité impose d’apprendre in vivo à gérer les différences. »
La formation utilise aussi une pédagogie inductive, qui part, tant que faire se peut, des stagiaires en favorisant l’échange. Les interactions et la participation des stagiaires sontencouragées. En début de formation, les participants rédigent ensemble un contrat de groupe qui déterminera les règles de la formation, principalement au niveau dela gestion quotidienne du groupe (organisation des pauses, mode d’interpellation quand la dynamique du groupe devient négative, ménagement des fumeurs, etc.).
Un des aspects essentiels de la formation est de rendre les stagiaires capables, dans le cadre de la communication interculturelle, de déjouer les pièges de l’incompréhension dueà la méconnaissance des règles de l’autre. C’est pourquoi ils travaillent avec une grille d’analyse du cadre de référence. Il faut commencer par comprendre sonpropre cadre et effectuer une décentration. C’est seulement après qu’il devient possible de partir à la rencontre du cadre de référence de l’autre et d’envisagerune médiation en cas de problème entre parties de cultures différentes.
La formation poursuit également des objectifs plus généralistes et introduit des réflexions sur certains enjeux sociaux. En effet, pour le responsable de formation, laspécialité du métier d’animateur doit être en lien avec d’autres choses qui se passent dans la société (comme le problème du racisme).
À l’origine, cette formation durait trois ans à raison de deux fois trois heures en soirée ainsi que des séances le week-end. En ce qui concerne le moded’évaluation de la formation, la participation est valorisée et une présence de 75 à 80% du temps est demandée. Des tests sont organisés pour permettred’évaluer tant pour les stagiaires que pour les formateurs ce qui a été compris de la formation. Mais pratiquement 50% de l’évaluation repose sur le savoir-être etdes capacités relationnelles. En fin de parcours, les participants reçoivent un certificat du CBAI et peuvent travailler comme « faisant fonction de niveau A2 ».
C’est donc de cette longue expérience qu’est née la préformation. Cette préformation, plus qu’une révolution, est une adaptation à partir d’une doublenécessité. D’une part, les formateurs étaient confrontés à une diversité de personnes avec des niveaux de compétences très différentsles uns des autres. Cette hétérogénéité, valorisée a priori, devenait un frein à la formation. D’autre part, des raisons administratives et desubvention ont obligé le CBAI à revoir sa copie pour clarifier l’utilisation faite des subsides. Dès lors, d’un côté, il y a la préformation, en six mois enhoraire de jour, relevant de l’insertion socioprofessionnelle ; de l’autre, il y a la formation en deux ans à horaire décalé, subventionnée pour la formation des cadrespar la Communauté Française.2
1 Centre bruxellois d’action interculturelle asbl (CBAI), av. de Stalingrad, 24 à 1000 Bruxelles – tél. 02 289 70 61, fax : 02 512 17 96, e-mail: cbai@skynet.be – contact : Mme G.Cutaia.
2 Enfin, le CBAI, c’est aussi le périodique Agenda interculturel, un travail de supervision dans les associations, de la diffusion culturelle, un centre de documentationspécialisé sur les questions interculturelles, l’organisation d’expositions et de débats, etc. L’association emploie environ 20 personnes et a un budget annuel global d’environ30 millions de francs provenant de la Communauté française, de la CoCof, du FSE, de la Fondation Roi Baudouin et du Fonds Cohabitation–Intégration.

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