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Pénurie d'enseignants : une pénurie de « main-d’œuvre » pas si différente des autres

Les cinq dernières années ont été marquées par l’apparition, dans les politiques d’emploi, des « pénuries de main-d’œuvre» telles que les déplorent nombre de fédérations patronales sectorielles. En Communauté française, c’est le dossier des « pénuries de profs» qui a mobilisé pas mal d’énergie des ministres de l’Enseignement pendant la même période. Le point sur un dossier épineux… qui n’apas a priori sa place dans Alter Échos ? C’est sans compter sur le fait que les solutions envisagées insistent sur des questions comme l’identité professionnelle, lessalaires et la « qualité de l’emploi » en général, mettant ainsi le projecteur sur l’employeur plutôt que sur les demandeurs d’emploi. Unelecture de situation qui pourrait aussi bien s’appliquer à d’autres métiers : en tout cas ceux d’éducateur, d’infirmière, d’aide familiale,mais aussi – au moins en partie – ceux de soudeur, de secrétaire, etc.

01-08-2005 Alter Échos n° 136

Les cinq dernières années ont été marquées par l’apparition, dans les politiques d’emploi, des « pénuries de main-d’œuvre» telles que les déplorent nombre de fédérations patronales sectorielles. En Communauté française, c’est le dossier des « pénuries de profs» qui a mobilisé pas mal d’énergie des ministres de l’Enseignement pendant la même période. Le point sur un dossier épineux… qui n’apas a priori sa place dans Alter Échos ? C’est sans compter sur le fait que les solutions envisagées insistent sur des questions comme l’identité professionnelle, lessalaires et la « qualité de l’emploi » en général, mettant ainsi le projecteur sur l’employeur plutôt que sur les demandeurs d’emploi. Unelecture de situation qui pourrait aussi bien s’appliquer à d’autres métiers : en tout cas ceux d’éducateur, d’infirmière, d’aide familiale,mais aussi – au moins en partie – ceux de soudeur, de secrétaire, etc.

Il y a près d’un an, une grande table ronde était lancée pour réunir les positions et propositions des différents acteurs éducatifs sur la question de lapénurie d’enseignants. Toute une série de mesures ont été prises par le gouvernement (voir le récapitulatif en encadré) dont certaines prévues par« le plan de lutte contre la pénurie » adopté en juin 2002. Depuis, la situation a-t-elle évolué ? Pour faire le point sur ce dossier, il faudrait tout d’abordpouvoir mesurer l’ampleur de la pénurie dans les écoles. Sur ce plan, une cellule de prospective de l’emploi dans l’enseignement a entamé ses travaux. Mais elle ne pourracependant sortir de chiffres globaux que « dans les mois qui viennent ».

Rien d’alarmant dans le fondamental ?

On peut malgré tout réunir différentes informations qui donnent une idée de la situation. Au niveau du fondamental, la pénurie se marquerait moins que dans lesecondaire : l’an passé pour le petit réseau de la Communauté (à peine 10 % des écoles), on comptait 0,05 % des cours qui n’avaient pu être assurés,particulièrement ceux donnés par des maîtres spéciaux de seconde langue et de morale laïque. Le ministre Nollet a par ailleurs demandé à l’Onemd’inscrire, pour l’année scolaire 2001-2002, les études d’instituteur primaire sur la liste des formations préparant à des professions dans lesquelles il existe unepénurie significative de main-d’œuvre. Deux cent vingt chômeurs ont bénéficié, dans ce cadre, de mesures de formation sans perdre leurs allocations.

Confirmation au niveau du secondaire

La situation serait plus inquiétante dans le secondaire. Le fait d’avoir des cours « spécialisés » y rend les enseignants moins « polyvalents » quedans le fondamental. S’y ajoutent des problèmes spécifiques comme la faiblesse du recrutement d’étudiants en sciences ou la comparaison désavantageuse entre salaires del’enseignement et du privé dans les domaines des langues notamment. La situation est aussi aggravée par le fait que la dénatalité n’a pas encore atteint les classesd’âges actuellement scolarisées au secondaire. Tous ces éléments n’expliquent cependant que la forme que prennent les problèmes de recrutement rencontrés surle terrain. Mais ils ne rencontrent pas les causes les plus profondes de la perte d’attractivité du métier d’enseignant.

Sur le site du ministre de l’Enseignement secondaire Pierre Hazette1, une page « offre d’emploi » donne les coordonnées des personnes qui sont chargées desnominations dans les cinq zones de la CFWB. Le cabinet ne possède aucun chiffre « car ces personnes sont débordées » et n’ont pas le temps de faire le point sur leursstatistiques, ce qui indique que les problèmes restent importants. Toujours sur le net, le gouvernement a ouvert un site2 début septembre afin de récolter les offres d’emploi desécoles de tous les réseaux et les CV des enseignants qui cherchent un engagement ou à compléter leur temps partiel. Un rapide coup d’œil sur ce site montre que lescharges inoccupées qui y sont reprises tournent autour d’une bonne centaine (elles vont de 4 h à un horaire complet). Ces offres concernent l’enseignement secondaire à plus de 80% (surtout le secondaire inférieur) et principalement la zone « Bruxelles-Brabant wallon » ainsi que le Hainaut.

Difficultés de terrain

Concrètement, le phénomène de pénurie se présente dans les écoles sous la forme d’une aggravation continue en cours d’année, d’autant que lesécoles n’ont pas les moyens organisationnels et réglementaires d’y réagir de façon assez souple. La première stratégie est de formuler sesexigences à la baisse.

Les écoles débutent quasiment toutes en septembre avec leur cadre enseignant au complet, mais commencent à éprouver des difficultés lorsque des remplacementss’avèrent nécessaires. Un remplacement n’est envisageable que lorsque l’absence d’un enseignant est prévue pour plus de dix jours ouvrables, c’est-à-dire pour lescongés de maladie importants ou les congés de maternité (relativement fréquents vu la féminisation du corps enseignant). Le préfet des études del’Athénée de La Louvière, Jean-Jacques Vinet, explique que pour trouver une personne qui possède les titres, il contacte le service de désignation du ministreHazette, son pouvoir organisateur, ainsi que le Forem. Si aucune personne ayant le titre requis n’est disponible, on sollicite toute personne ayant un titre pédagogique quelconque, voire uneformation supérieure quelle qu’elle soit, ou de simples compétences dans le domaine envisagé. En attendant, les élèves sont envoyés à l’étude,une pratique souvent observée dans le fondamental et s’avérant plus compliquée dans le secondaire. Des élèves sont ainsi restés sept mois àl’étude pour leur cours de latin, l’an passé. À la recherche d’enseignants en géographie, en français et en espagnol, le préfet vient d’engager unegraduée en optique pour la géo, une licenciée en histoire pour les heures de français et une personne « connaissant » l’espagnol. L’Athénée de LaLouvière ne connaît pourtant pas un absentéisme important : cinq absences prolongées sur une équipe de 90 enseignants. Selon M. Vinet, la situation s’estaggravée par rapport à l’année passée. La pénurie qui ne touchait que les langues, les maths et la physique s’étend maintenant à l’ensemble desprofils. Pour lui, il n’est pas facile de recruter à cause de la mauvaise image des profs dans la société, image « renforcée par nos dirigeants ». « Lesmesures actuelles du gouvernement mettront du temps à
produire leurs effets et, à plus long terme, c’est le traitement qu’il faut revoir. »

Mme Dils, inspectrice pédagogique dans l’enseignement communal de Schaerbeek, attire quant à elle l’attention sur le fait que, dans cette commune, c’est au fondamental qu’onéprouve des difficultés à recruter ; or la pénurie pose des questions spécifiques à ce niveau. Quand une classe se trouve sans titulaire, la direction doitprendre la classe en charge, ou les collègues de l’absent doivent se répartir les élèves. L’Orbem est contacté et une annonce est publiée sur le site de laCFWB. Mais les règles en vigueur dans l’enseignement subventionné font que si aucune personne ayant un titre requis n’est disponible, il faut au moins une personne ayant un titresuffisant. Des agrégés du secondaire supérieur sont ainsi parfois refusés par le ministère pour défaut « d’aptitudes pédagogiques»…

Plan anti-pénurie

Les responsables politiques s’attachent essentiellement à concrétiser les mesures qui avaient fait l’objet d’un plan à la sortie de la table ronde de la fin de l’annéescolaire passée. Les premières mesures anti-pénuries n’ont pas encore débouché sur des effets tangibles. Mais le plan prévoyait que bien d’autres actionssoient entreprises à partir de ce mois de janvier 2003. En fait, elles ne se sont pas encore concrétisées. « Le travail a été plus lourd que prévu» indique-t-on au cabinet du ministre de la fonction publique de la CFWB, Rudy Demotte. Le nombre de projets en cours au cabinet (statut du directeur, réforme de l’inspection, nouveaucadre de négociation salariale…), la complexité statutaire ainsi que les habitudes des PO et celles de l’administration l’expliquent aisément. Mais un avant-projet dedécret est en cours de confection. Il devrait reprendre une définition juridique de la pénurie et différentes mesures comme l’accélération du traitement desdemandes d’enseignants postulant dans une autre branche que la leur ou d’enseignants désireux de cumuler l’enseignement et un travail d’indépendant complémentaire. Cedécret mettra aussi en place un système de mesure de la pénurie distinguant des analyses de terrain par zones et une évaluation globale pour l’ensemble de laCommunauté.

Parmi les autres mesures dont on espère un impact sur la pénurie : un nouveau cadre de négociation salariale doit être formalisé dans un avant-projet dedécret au cours de ce mois de février, et un appel d’offres destiné aux agences de communication, afin d’améliorer l’image de la profession enseignante, doit seclôturer ce 17 février. La réforme globale des titres qui doit redéfinir les fonctions auxquelles chaque titre donne accès (ce qui pourrait permettre de rendre desenseignants plus polyvalents) est par contre bloquée depuis des années : outre sa complexité, ce dossier voit s’opposer syndicats et PO sur les conséquences d’une plusgrande flexibilité en matière de titres dans l’accès à certains droits comme la nomination.

Une analyse « de l’intérieur »

Branka Cattonar est assistante en sociologie à l’UCL où elle réalise une thèse sur l’identité professionnelle des enseignants du secondaire (la manièredont ils se définissent en tant qu’enseignant), dans le cadre du Groupe interfacultaire de recherche sur les systèmes d’éducation et de formation (Girsef).3 Avec ChristianMaroy, directeur du Girsef, elle a lancé une grande enquête par questionnaire sur la satisfaction des enseignants et leur conception du métier. Cette enquête,complétée par des entretiens d’élèves et de profs de trois écoles, a notamment nourri une mise en perspective de la pénurie, commune à ces deuxsociologues. Un travail qui présente la particularité et l’intérêt de s’appuyer non sur les outils traditionnels de la sociologie de l’éducation,mais bien sur ceux de la sociologie du travail.

Alter Échos – Comment abordez-vous la pénurie ?

Branka Cattonar – Sous l’angle de la construction sociale dont elle fait l’objet par les différents acteurs de l’enseignement et les médias. Enl’absence de chiffres très fiables sur la pénurie bien réelle, la pénurie est devenue depuis quelque temps une sorte de signe visible du malaisegénéral des enseignants, des problèmes qu’ils rencontrent, souvent interprétés comme une crise identitaire. Mais attention, soulignons que tous lesenseignants n’ont pas un vécu problématique. Une bonne partie sont même satisfaits et ils peuvent « souffrir » de l’image négative qu’on leurrenvoie : non plus seulement celle d’un métier « où il y a beaucoup de congés » mais d’une profession difficile « qu’ils devraient quitter auplus vite ».

AE – Comment se marque ce « vécu problématique » ?

BC – La pénurie est un indice d’une perte d’attractivité du métier. Il y a de moins en moins de jeunes qui voudraient devenir enseignants, ce qui aggrave levieillissement du corps enseignant. Et si l’on compare les anciennes générations et les plus jeunes, il y a de moins en moins d’enseignants qui vivent leur entréedans cette profession comme un premier choix : ils ont commencé par rechercher un autre emploi. Le problème est donc d’attirer de nouveaux enseignants qui ont un rapport positifau métier et une fois qu’on les a attirés, de les garder (50 % quittent le métier dans les huit années qui suivent leur entrée dans l’enseignement).

AE – Qu’est-ce qui provoque cette perte d’attractivité ?

BC – Elle est certainement due à une combinaison de la perte de prestige social, de la dégradation relative des conditions d’emploi (salaire, charge de travail,possibilités de carrière…) et de l’évolution du contenu même du travail enseignant. Sur la base des données empiriques recueillies sur le rapport aumétier et sur la satisfaction des enseignants, notre hypothèse est que c’est surtout le dernier facteur, la complexification de la relation du travail avec lesélèves, qui joue un rôle crucial dans la perte d’attractivité. Pour que la mesure de la satisfaction ait du sens, il faut le faire non pas de manière absolue mais enmettant cette mesure en rapport avec ce qui compte finalement le plus pour les enseignants. Ce qui compte le plus, ce sont des aspects qui renvoient plus au contenu même du travail qu’àdes questions de statut ou de conditions d’emploi : la relation et le travail avec les élèves, l’intérêt pour la matière, la compatibilité avec la vieprivée, les relations avec les collègues, l’autonomie dans le travail… Dans l’absolu, les enseignants se disent satisfaits de leur temps libre, de leur matière, de leurautonomie en classe, etc. et insatisfaits de la place de l’enseignant dans la société, des possibilités de carrière, d
u régime de pension, de leur salaire…Mais si on met ces résultats en relation avec leurs attentes, on s’aperçoit que le travail avec les élèves leur apporte beaucoup moins de satisfaction que ce qu’ils enespéraient. Idem pour, de manière décroissante, l’enrichissement personnel, la variété dans le contenu du travail, l’équilibre entre la vieprofessionnelle et privée, la sécurité d’emploi, le salaire, les relations aux collègues, le fait d’assumer une fonction sociale utile et la place desenseignants dans la société.

AE – Qu’est-ce qui influence cette « frustration relative » ?

BC – D’une part, les relations entre les professeurs et la direction et entre enseignants (plus encore que les caractéristiques des enseignants eux-mêmes). Mais aussi bien pourles aspects « contenu du travail » (relations avec les élèves, intérêt pour la matière, la pédagogie, etc.) que pour ceux liés aux «conditions d’emploi » (statut, salaire, etc.), la satisfaction varie surtout selon les conditions concrètes de travail et surtout selon les « attitudes scolaires » desélèves en classe (leur intérêt pour le cours, leur participation, le respect des enseignants, leur motivation… plus encore que les questions de discipline, le nombred’élèves par classe n’étant pas significatif). Les caractéristiques des élèves en arrivent même à influencer la manière dont lesenseignants définissent leur métier, au point où on peut se demander s’il n’y a pas deux métiers d’enseignant. Grosso modo, il y a d’une part les enseignants quidéfinissent leur tâche comme l’apprentissage d’un savoir (et qui se disent plus satisfaits) et de l’autre ceux qui parlent de leur métier comme un travail d’éducation et desocialisation et qui travaillent souvent dans des écoles plus difficiles. Selon moi, ces derniers se disent plus insatisfaits (en général mais ce n’est pas le cas de tous) carils ne peuvent mettre en œuvre aussi facilement la conception du métier qu’ils valorisent au départ. Pour ce qui est de la pénurie, on remarque d’ailleurs qu’elle est plusaiguë dans les établissements « difficiles » où se concentrent des élèves supposés « à problèmes ».

AE – La lecture traditionnelle de tels déséquilibres sectoriels sur le marché de l’emploi renvoie au mauvais salaire, voire au statut insatisfaisant. Quelle estl’influence des questions de statut et de salaire dans le « vécu problématique » des enseignants ?

BC – Elle doit être relativisée. Les plaintes relatives au statut ou aux conditions d’emploi sont certes réellement ressenties et exprimées, mais ellestrouvent aussi leurs origines dans l’évolution du travail avec les élèves qui colore l’ensemble de la satisfaction. Les insatisfactions relatives aux conditionsd’emploi sont d’ailleurs déterminées en partie par ce qui, a priori, n’a rien à voir avec l’emploi : la difficulté du travail avec lesélèves.

AE – L’amélioration du salaire n’est pas pertinente ?

BC – Revaloriser le métier passe par lui accorder une meilleure place dans la société. De meilleurs salaires et un meilleur financement peuvent jouer comme des marquessymboliques d’une reconnaissance sociale. Améliorer le salaire est donc nécessaire mais pas suffisant : cette solution pourrait laisser intacte la source de l’insatisfactionenseignante, davantage liée aux difficultés du travail enseignant en classe ou aux relations dans les établissements.

AE – Quelles pistes dès lors ?

BC – Il faudrait, plus fondamentalement, lutter contre les multiples formes de ségrégation à l’œuvre dans notre système scolaire pourhomogénéiser les caractéristiques des élèves. Accompagner les jeunes enseignants également. Travailler à leur formation initiale : les enseignantsdébutants s’attendent à avoir des élèves qui ont un rapport positif à l’école. La réforme en cours devrait veiller à leur apporter davantaged’outils pour y faire face. Mais la professionnalisation que cette réforme entend explicitement favoriser est insuffisante. Elle se base sur une autonomie qui n’est qu’individuelle alors quec’est aussi une question de pouvoir collectif. Des enseignants chargés de missions participent déjà à la construction des programmes (bien que les autres ne le savent pastoujours). Mais pour être reconnus comme professionnels, les enseignants de base doivent pouvoir définir le contenu de leur métier, ce qui est enseigné en formation, quiévalue leurs pairs, quelles sont les conditions de travail, les choix organisationnels et pédagogiques des écoles… Les enseignants doivent se réapproprier ladéfinition de leur métier.

1. Voir le site : http://www.ministre.pierre.hazette.org/ sommaire.htm
2. Voir le site : http://www.emploi-ecole.cfwb.be/
3. Girsef, place Montesquieu 1/14 à 1348 Louvain-la-Neuve, tél : 010 47 20 66, fax : 010 47 24 00,
site Web : http://www.girsef.ucl.ac.be Une version synthétique des conclusions du Girsef sous peu dans La Revue nouvelle, tél. : 02 640 31 07.

Donat Carlier

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