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Regard critique · Justice sociale

Mal-logement : qu'il soit belge ou français…

Face à la crise du logement, le seizième Rapport sur le mal-logement français propose des solutions qui rappellent celles préconisées en Belgique. Politiques etmoyens suivront-ils ?

07-03-2011 Alter Échos n° 311

Face à la crise du logement en France, le 16e Rapport sur le mal-logement propose des solutions qui rappellent celles préconisées en Belgique. Politiques et moyenssuivront-ils ?

Ce 22 février, à l’occasion de la présentation de son 16e Rapport sur le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre1 a dressé le constat que« l’accession à la propriété, pivot de la politique actuelle — une aspiration partagée par un grand nombre de familles — n’est pluspossible pour la plupart d’entre elles ». Pire, elle peut devenir un facteur de surendettement. Afin d’éviter cela, la Fondation suggère d’adopter une« approche protectrice des ménages vis-à-vis du crédit immobilier, afin de prévenir toutes les dérives commerciales conduisant au surendettement et defavoriser une approche en termes de « reste-à-vivre » au regard d’un projet familial : fichier positif des crédits (cf. système de centralisation des prêts dechaque ménage tel qu’existant en Belgique notamment), prise en compte des charges induites par l’achat de logement (état technique et thermique du bâti, coûtsliés aux déplacements…). »

Par rapport aux orientations politiques actuelles, le rapport 2011 dénonce « certaines coupes sombres dans les dépenses en faveur du logement », soulignant que« les économies que l’on prétend réaliser sont dérisoires à côté des coûts sociaux du mal-logement ». Suit unesérie de constats alarmants déjà pointés du doigt dans le précédent rapport : 10 millions de Français mal-logés, dommages faits auxenfants mal-logés en termes de vie de famille, de scolarisation ou d’insertion future, etc. (Voir Alter Echos n° 296 du 14 décembre 2010 : « Mal-logement, dégâts collatéraux pourl’enfant »). Pour lutter contre cette crise du logement, les solutions pertinentes s’avèrent être les mêmes qu’en Belgique.

Quatre mots d’ordre

Cette année, la Fondation lance quatre mots d’ordre. Parmi ceux-ci, on retrouve la nécessité de créer rapidement une grande quantité de logements. Ce quiimplique, en plus de construire, de lutter contre les logements vides par des taxes ou encore de lancer une vaste politique de conventionnement avec le parc privé en tenant compte de certainscritères qui rappellent ceux utilisés par les agences immobilières à vocation sociale (cousines de nos AIS – agences immobilières sociales).

Le second mot d’ordre concerne la maîtrise des loyers et la régulation du marché. Il s’agit d’encadrer les loyers, mais aussi de redéfinir les conditions d’octroides allocations de loyer, pour qu’elles ne profitent pas qu’aux propriétaires. Il est aussi question de lutter contre la précarité énergétique en instaurant desnormes de performance énergétique aux côtés des normes de sécurité et de salubrité.

Dans le même esprit, la Fondation Abbé Pierre invite à construire une « ville durable », en densifiant davantage et en limitant l’étalement urbain.L’accent est mis également sur la mixité sociale : il est proposé « d’imposer sur tout le territoire et dans tout programme immobilier de plus de dix logements unquota minimum de 30 % de logements à loyer accessible (logements sociaux ou logements privés conventionnés) » [objectif plus ambitieux que les 10 % wallons,NDLR] ; ou encore de « lutter contre les égoïsmes locaux – des collectivités locales comme des habitants – qui freinent la réponse aux besoinssociaux et l’affirmation d’un projet de territoire correspondant aux échelles de vie, cohérent et équilibré » – le fameux réflexeNimby.

Enfin, le rapport insiste sur la nécessité de combattre et prévenir les facteurs d’exclusion et d’inégalités pour en finir avec le mal-logement. Etde mettre en avant la réaffirmation du principe de précaution ou de prévention en matière sociale et le soutien aux acteurs associatifs qui mènent une action deproximité auprès « des publics, des propriétaires et des collectivités ». Des considérations pas si éloignées de cellesprônées chez nous.

1. Le rapport est téléchargeable sur le site : www.fondationabbepierre.org

Baudouin Massart

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