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Les étudiants émargeant au CPAS sont-ils condamnés à « jober » l’été ?

Le 26 juin, la Fédération des étudiants francophones (FEF)1 et le Comité de défense des usagers du CPAS (CEDUC)2 ont organisé uneconférence de presse commune concernant le respect des droits des étudiants émargeant au CPAS. Pour eux, la nouvelle loi sur l’intégration est trop axée surla mise au travail et ne tient pas assez compte des intérêts des étudiants.

28-07-2005 Alter Échos n° 147

Le 26 juin, la Fédération des étudiants francophones (FEF)1 et le Comité de défense des usagers du CPAS (CEDUC)2 ont organisé uneconférence de presse commune concernant le respect des droits des étudiants émargeant au CPAS. Pour eux, la nouvelle loi sur l’intégration est trop axée surla mise au travail et ne tient pas assez compte des intérêts des étudiants.

Privilégier la formation

Pour la FEF, « l’insertion sociale des jeunes ne passe pas immédiatement par l’acquisition du travail. La formation de plein exercice peut constituer un moyend’insertion future ». Malheureusement, cela ne semble pas être le cas. Aussi, la FEF souhaite l’inscription dans la loi de « la garantie (…) de la dispense pourles étudiants de la disponibilité au travail, pour raison d’équité. » La FEF dénonce également le projet individualiséd’intégration sociale qui « pose, en termes de « contrat » passé entre l’étudiant et le CPAS, les obligations à remplir par le jeune pourrecevoir son aide. » Celui-ci conditionnerait le maintien ou la suppression de l’aide octroyée en fonction de la réussite/l’échec scolaire et le choix desétudes. La FEF revendique le droit à l’échec et le libre-choix des études. Enfin, la Fédération demande la fin du système de subsidiationfédérale favorisant la mise au travail au détriment de la formation de plein exercice.

Un revenu sur 12 mois

Le Ceduc partage les positions de la FEF. L’association a lancé une pétition en ce sens. Le texte a recueilli 765 signatures d’étudiants et d’usagers du CPASd’Ixelles. Le Ceduc dénonce surtout l’obligation de travailler pendant un mois de congé scolaire imposée aux étudiants émargeant au CPAS. Le moyen pourles y contraindre consisterait à ne leur accorder un revenu que 11 mois sur 12. Pour le représentant du CEDUC, « cela constitue une pression énorme pour lesétudiants qui doivent trouver un job étudiant, sans compter qu’ils peuvent avoir une seconde session. Qu’arrive-t-il dans ce cas-là ? Aucune règlen’oblige à ne verser le revenu que 11 mois sur 12, comme le fait le CPAS d’Ixelles. Pourquoi couper le revenu à l’étudiant pendant un mois et lui demanderensuite de subvenir à ses besoins pour cette période, alors que d’autres CPAS incitent d’abord l’étudiant à trouver un job, avant de procéderainsi ? »

Réactions du CPAS d’Ixelles

Anne Herscovici, présidente du CPAS d’Ixelles3, rappelle que « le CPAS ne fait rien d’autre qu’appliquer la loi. Certains étudiants n’y voient aucunproblème. La loi nous oblige à passer un contrat PIIS (projet individualisé d’intégration sociale) avec les usagers. Les étudiants doivent êtredisposés à travailler pendant les congés scolaires et transmettre leurs résultats d’examens. La lettre que nous leur envoyons est une initiative prise à lademande des étudiants et des assistants sociaux, afin que les étudiants ne soient pas pris en défaut parce qu’ils ont la tête ailleurs. Les étudiants doivent« jober » à concurrence d’un mois, mais ils ne sont pas sanctionnés s’ils ont une seconde session ou sont malades. C’est une questiond’équité. Les étudiants peuvent aussi négocier leur contrat. Ils peuvent par exemple bosser le week-end. »

La présidente du CPAS dément le fait que le CPAS d’Ixelles n’accorderait pas d’aide en fonction du choix des études. « Jamais nous n’avonsrefusé à quelqu’un de faire des études de philosophie ou le conservatoire, sous prétexte que ce serait « inutile », souligne-t-elle. Mais nousn’aidons pas les personnes déjà diplômées. De même, nous vérifions aussi qu’ils aient la formation initiale requise pour éviter qu’ilsn’aillent dans le mur. Les échecs ne sont pas sanctionnés la première fois. On accepte la personne, même si la Communauté française refused’accorder une bourse. »

« Néanmoins, il y a un problème concernant la cohabitation, admet Anne Herscovici. Les étudiants se mettent ensemble pour payer moins cher leur logement. Ils touchentalors le taux cohabitant… Idéalement, il faudrait éviter de pénaliser l’intérêt à se mettre ensemble. La question du taux cohabitant pour lesétudiants mérite d’être discutée. »

1. FEF, chée de Haecht, 25 à 1210 Bruxelles, tél. : 02 223 01 54, fax : 02 217 27 93, e-mail : thierry.zeller@fef.be, site : www.fef.be
2. Ceduc, rue Van Elewyck 35 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 644 57 98.

3. CPAS d’Ixelles, chée de Boondael, 92 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 641 54 11, fax : 02 641 55 55.

Baudouin Massart

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