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"La SLRB initie un nouveau métier : accompagnateur social"

26-06-2000 Alter Échos n° 78

Dans le prolongement de la table ronde du logement social et à l’initiative d’Eric Tomas, à l’époque, secrétaire d’Etat au logement, la SLRB 1 avait étéchargée en 1998 de mettre en place un projet, dans le cadre des programmes de transition professionnelle 2, permettant aux sociétés de disposer d’accompagnateurs sociaux.
Constatant que la concentration de populations précarisées induit des problèmes importants pour les SISP (sociétés immobilières de service public) ainsi quedes coûts (vandalisme, rotation locative accélérée, départ de ménage à profil « socialisant », …) la SLRB a orienté le profil de ce nouveaumétier de la manière suivante :
n prévention générale et animation;
n aide au montage des projets dont les habitants sont porteurs;
n travail permanent de relais et de réorientation vers des acteurs existants;
n travail ponctuel de remédiation dans des conflits entre locataires.
Chaque action vise à augmenter la responsabilité collective des personnes dans la vie quotidienne, et à leur donner plus d’atouts dans leur vie sociale. Alors que lestâches des assistants sociaux portent sur le suivi individuel, le travail d’accompagnateur social envisagé ici porte sur le collectif et le communautaire. Un métier qui chercheencore ses marques et ses limites…
« Nous avons dès le départ tenté un pari audacieux, confie Françoise Mélery, responsable du service tutelle de la SLRB, d’abord en créant un nouveaumétier, ensuite en imposant dans le cahier des charges des projets l’obligation de les construire dans le cadre d’un partenariat entre une société immobilière de servicepublic et un partenaire associatif au sens large. »
La convention partenariale devait prévoir : le lieu de travail de la personne engagée, l’institution et la personne qui, en son sein, sera chargée de superviser le travailleur,la manière dont frais de fonctionnement et frais d’actions seront pris en charge.
L’ASBL Habitat et Rénovation 3, partie prenante au projet, a travaillé avec les sociétés en vue de mettre en place ces conventions. « La SLRB n’avait aucuneexpérience en matière d’insertion socioprofessionnelle, explique Karine Tiberghien, chargée du suivi des projets PTP chez Habitat et Rénovation, nous avons donc, encollaboration avec les missions locales, amené notre expertise. Nous suivons les stagiaires et nous évaluons les projets. Nous faisons en fait de l’encadrement. »
Mais ce qui fait surtout l’originalité de ce projet-pilote, c’est l’innovation créée en matière de partenariat. Outre la collaboration mise en place pour le voletinsertion, la SRLB a également fait appel pour le volet formation à Bruxelles Formation qui l’a elle-même délégué au CBAI 4, qui a de son côtétravaillé avec le Riso Brussel, association néerlandophone qui a apporté son expertise en matière de travail communautaire.
Douze personnes, chômeur(se)s de longue durée et d’un niveau A3 maximum, ont ainsi été sélectionnées par l’Orbem et les formateurs. Ils ontdébuté leur formation en février 99; elle s’est achevée quatre mois plus tard. « Nous avons élaboré les modules de formation à partir d’une de nosspécialités, explique Aziz Albishari, formateur au CBAI : la communication et la philosophie ‘interculturelle’. Les autres modules concernent les problématiquesrencontrées en logements sociaux. Nous effectuons actuellement un suivi des stagiaires à raison d’une réunion tous les 15 jours. »
A l’issue de la formation, fin juin 99, il restait sept personnes, les autres ayant trouvé du boulot ou s’étant réorientés vers d’autres filières. Dix emplois PTPétaient offerts, les trois vacants ont été attribués aux stagiaires du CBAI qui suivaient une formation longue durée (trois ans). Le contrat PTP d’une duréede deux ans devrait quant à lui s’achever en juillet 2001.
Après plus ou moins onze mois de fonctionnement, le bilan est en demi-teinte. « Les premiers résultats commencent seulement à se faire sentir, note Françoise Mélery.Le travail effectué par les accompagnateurs sociaux est un travail de longue haleine dont les résultats n’ont pas d’effets immédiats, ce que certaines SISP ont manifestement dumal à comprendre. Ils s’attendaient à trouver des gens immédiatement opérationnels. Or, les premiers temps, un tutorat a été nécessaire. Se pose aussila question de ce que feront ces accompagnateurs sociaux une fois leur contrat PTP terminé. La spécificité de leur profession risque de les handicaper pour trouver un autreboulot. L’idéal serait qu’ils puissent continuer leur travail au sein des logements sociaux mais si leurs emplois ne sont pas subsidiés, nous ne sommes pas en mesure de supporter leurcoût. »
Un projet qui aura donc eu le mérite de remettre au travail 10 personnes mais ne leur a pas encore laissé le temps de faire leurs preuves…
1 Le projet avait également un second volet : la formation et l’emploi PTP d’ouvriers polyvalents. Le programme aura en 99 formé et occupé 41 personnes sous statut PTP dans lessites de 23 des 34 sociétés de logement social de la Région bruxelloise.
2 SLRB, Société du logement de la Région bruxelloise, rue Jourdan 45-55 à 1060 Bruxelles, tél. : 02 533 19 11.
3 H&R, rue Sans Souci 110 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 644 30 80, fax : 02 649 41 25.
4 CBAI, av. de Stalingrad 24 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 289 70 50, fax : 02 512 17 96.

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