C’est en tant que travailleurs d’une toute jeune entreprise que François Charlot, 50 ans, et Jean-Michel Kozik, 31 ans, se présentent. Au chômage depuis trois ans et inscritsà l’Agence locale pour l’emploi d’Ottignies, ils ont accepté le défi de se lancer bénévolement dans la création de Servi-Sourire1, un service àdomicile. Et c’est avec le sourire qu’ils débarrassent ce qui encombre les particuliers et les sociétés : déchets verts, briques, canettes, sapins de Noël… Et, autravers des premiers résultats, les besoins de la population se précisent et se diversifient. Au départ, l’idée n’est pas leur bébé, diront-ils, mais ils ymettent leur touche, leur sens écologique: les herbes et les brindilles sont compostées, les cannettes sont broyées, le tout étant revendu.
L’idée vient de Marc Van Keymeulen, administrateur-directeur d’un groupe bruxellois spécialisé dans le management de sociétés en crise. Une initiative plutôtrare dans le privé pour un homme parachuté dans la vie politico-communale de la ville d’Ottignies en tant que vice-président de l’ALE. A travers elles, il saisitl’opportunité de concrétiser son souhait de remettre sur les rails de l’emploi des chômeurs de longue durée peu qualifiés. En septembre 1997, il crée avec lescollaborateurs de son groupe une asbl «Pépinière pour l’emploi»2.
L’asbl assure le lancement, l’organisation, le suivi administratif et financier d’un projet d’entreprise. Elle lui permet de se tester en réel avant de se lancer. Si le projet est viable,l’asbl avance le capital de base pour la création d’une sprl. L’entreprise remboursera son emprunt (250.000 francs), sans intérêts. L’argent récupéré serviraà parrainer un nouveau projet. De mentor, l’asbl peut ensuite devenir un partenaire d’affaires. «L’objectif est de tabler sur le talent des gens en leur permettant de créer leurpropre emploi, avec ces compétences qui leur sont accessibles», explique Marc Van Keymeulen. «Mais il faut de l’argent, poursuit-il, pour tester la viabilité du serviceà proposer (l’ALE a financé une étude de marché de 100.000 francs) et disposer de capacités managériales.» Le cadre posé, il restait àtrouver les personnes. Les permanents de l’ALE, Olivier Goosse et Stéphanie Bouxhain, se sont chargés de trouver des candidats potentiels capables de prendre le statutd’indépendant. Sur vingt-cinq personnes présentes lors de la réunion d’information, seuls François et Jean-Michel sont restés. «La démarche estdifficile, on se heurte à l’administration, il faut être disponible et y croire», disent-ils.
Servi-Sourire a effectivement démarré le 27 novembre et a engrangé une quarantaine de milliers de francs, sans publicité, sinon celle de la presse écrite. Quelquespetites PME de la région sont déjà prêtes à investir. La fondation de la banque CERA est intéressée par le projet et un contact est pris avec laSociété Générale. Une autre commune frappe à la porte de la Pépinière. Les embûches, elles, sont surtout liées au statut de Jean-Michelet François, en dispense de pointage jusqu’au 15 janvier prochain. Une recherche de solution est en cours à l’ALE qui se réunissait ce vendredi 18 décembre. Pourtant,s’ils réussissent leur entreprise, ils feront économiser cinq millions à l’ONEM. Un chiffre d’affaires de 500.000 francs par mois suffit à faire vivre trois personnes. Aterme, le bureau prêté par la ville ne suffira pas. Un projet de réhabilitation des anciens bâtiments des usines Henricot à Court-Saint-Etienne est en cours mais nese concrétisera qu’en septembre 1999. Le duo doit très vite trouver une troisième personne qui puisse assurer la réception des appels et toute la logistique. Enfin, lestrois hommes craignent une récupération politique de leur projet.
1 Servi-sourire, Grand-Place 32 à 1348 Louvain-la-Neuve, tél. : 010/47 54 06. Personnes contact : François Charlot et Jean-Michel Kozik.
2 Pépinière pour l’emploi, tél. : 02/332 50 90. Personne contact : Marc Van Keymeulen.
Archives
« L’ALE d’Ottignies lance Servi-Sourire, une entreprise de service à domicile »
Alter Échos
21-12-1998
Alter Échos n° 43
Alter Échos
Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !
Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web.
Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus,
notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité,
et pour répondre à notre mission d'éducation permanente.
Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous !
Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)
Sur le même sujet
-
Economie
Des espèces en voie de disparition
-
Citoyenneté
Monnaies locales, cryptomonnaies: peut-on échanger autrement?
-
Enquête
Escroqueries en ligne, une criminalité à la frontière du réel
-
Echos du crédit et de l'endettement
Quand l’État «se frite» avec les banques
Les plus consultés
- WhatsApp à l’école: qui a eu cette idée folle?
- «Derrière les adultes à la rue, il y a des enfants qui trinquent.»
- Bouillon de lectures
- Communautés d’énergie,
menacées par les entreprises? - Occuper et gentrifier
- «Des étudiants s’acharnent alors que l’on sait qu’ils n’y arriveront pas»
- La culture au centre