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Regard critique · Justice sociale

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"Inaise : comment la finance alternative interroge le rôle des banques et de l'État"

12-03-2001 Alter Échos n° 93

Inaise, la fédération internationale des initiatives de la finance alternative, a édité en décembre un ouvrage intitulé « Banque et cohésionsociale. Pour un financement de l’économie à l’échelle humaine : la faillite des banques, les réponses des citoyens ».1
Parallèlement à la globalisation de leur champ d’action, les institutions bancaires diminuent la quantité de risque qu’elles sont prêtes à supporter : quartiersdéfavorisés, petits entrepreneurs sans patrimoine, personnes d’origine étrangère, jeunes, chômeurs, travailleurs précaires etc., voient leur accès aucrédit drastiquement diminué, ou se voient même refuser un service bancaire de base. A partir du moment où on ne peut pas accepter que « le rejet de l’économie est cequ’il y a de mieux pour le développement humain » ni que l’argent est mauvais en soi, on peut considérer cette situation comme une chance. C’est l’idée provocante quedéfend et illustre ce livre : il s’agit de « recréer les liens entre l’argent et ce pour quoi il est utilisé ». Les initiatives du monde de la finance alternative, parfoisextraordinairement développées dans certains pays, tentent toutes de « redonner un sens à l’argent » – une odeur – et de promouvoir d’autres formes de richesse. Cefaisant, elles rappellent que l’argent n’est pas une marchandise comme une autre, que « les banques ne sont pas non plus des entreprises comme les autres et que le débat sur leur rôle etleurs responsabilités doit être ouvert ».
On passe ainsi en revue les limites du système bancaire classique face à des problématiques sociales particulières ; les réponses les plus récentes de lafinance alternative, du micro-crédit dans ses différentes formules aux banques éthiques en passant par les réseaux de troc à monnaie alternative (qui n’en sontplus, dans des pays comme la Suisse, à de petites alternatives marginales) ; les expériences des anciens pionniers mutuellistes comme les Credit unions anglo-saxonnes et les banquespopulaires. Différents exemples de rapports entre ces expériences et le secteur bancaire classique sont ensuite passés en revue ; pour terminer par une discussion sur lerôle de l’État, « entre la re-réglementation et le crédit social ».
Le rôle de l’État est donc aussi interrogé. Une fois apparues, les initiatives de financement alternatif doivent croître pour atteindre un niveau critique qui rend leuractivité durable. Le soutien de l’État, qui peut prendre des formes très nombreuses, toutes simples ou très originales, joue à cet égard un rôledéterminant puisqu’il leur permet tantôt d’accélérer leur développement, tantôt d’éviter d’être purement évacués du marchépar les banques classiques. Les cas de réussite permettent même de poser une hypothèse forte sur la cohésion sociale : « L’action de l’État la plus efficace sembleêtre une réorientation des dépenses existantes, telles que les allocations sociales, ou une réorientation des initiatives existantes, comme les infrastructures du secteursemi-public telles les bureaux de poste et les caisses municipales. »2
1 310 p., 10,67 euros. Editions Charles-Léopold Mayer (de la FPH ; Fondation pour le progrès de l’homme), Paris, 2000. Une édition en anglais existe aussi : s’adresser àInaise, tél. : 02 234 57 97, fax : 02 234 57 98, e-mail : in,aise@inaise.org ; site web : http://www.inaise.org
2 Le même éditeur a publié fin 2000 deux ouvrages réalisés par la FPH autour du même enjeu du rapport antre les initiatives locales de la sphère « micro »et les régulations « macro » de la société. Ils se présentent comme des recueils de fiches d’expérience, et se situent plutôt sur le terrain de l’insertion etde la lutte contre la pauvreté : « Des initiatives locales qui changent le monde ? » (DPH n°116) et « Pour sortir des impasses de l’assistanat » (DPH n°120).

Thomas Lemaigre

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