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Regard critique · Justice sociale

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Fracture numérique : les Corsaires fendent les vagues de l'« analphaNétisme »

Située à Anderlecht, au coeur d’un quartier en pleine revitalisation, l’asbl Les Corsaires1 s’est intéressée dès 1999 àl’outil Internet. Son but : le rendre accessible aux publics dits « mal connectés».

29-08-2005 Alter Échos n° 192

Située à Anderlecht, au coeur d’un quartier en pleine revitalisation, l’asbl Les Corsaires1 s’est intéressée dès 1999 àl’outil Internet. Son but : le rendre accessible aux publics dits « mal connectés».

Moi-je

En 1999, l’asbl lance Anima (Moi-je), dans le cadre de Bruxelles 2000. Il propose à de jeunes élèves de se présenter sur le mode du « je » par le biaisd’une page web autobiographique. Mais cela exige énormément d’énergie et tous (partenaires et jeunes) n’ont pas forcément envie de faire du travail individuel.Parallèlement, Moi-je donne naissance au « Webmaton ». Reprenant la structure du photomaton, cette cabine est équipée d’une caméra face à laquelleles gens doivent répondre en 45 secondes à une question (Exemples : « Dans le métro, une dame âgée insulte un jeune black. Comment réagissez-vous ?» …). L’intervention filmée est ensuite mise en ligne… Un micro-casque permet de la réécouter et de la recommencer. Initialement limité à six mois,le projet connaît un vif succès et les Corsaires le réexploitent ailleurs (écoles, Fête de l’Internet, etc.) Il a été englobé comme moyend’expression dans le projet « Magusine », tout comme le projet « Moi.je ».

Magusine.net, projet collectif

Opérationnel depuis la fin 2003, Magusine.net a une vocation plus collective. Il implique 15 partenaires (en France et en Belgique surtout) et 300 participants. Il se présente comme« un projet d’alphaNetisation, soit un espace de formation, d’expression, d’accompagnement à l’expression et à la communication sur le web. » Chaquemagusine a sa vie propre suivant les objectifs du partenaire : webzine, album de récits de vie, vitrine ou mémoire de projets non-web, etc.

Les partenaires privilégiés sont les écoles, les organismes d’éducation permanente et les associations impliquées dans l’insertionsocioprofessionnelle. Ils disposent d’un site dynamique propre et des outils de communication communs ; d’un forum public destiné aux participants (élèves, apprenants…) ; d’unforum privé réservé aux partenaires (professeurs, formateurs…) – et une page « news », qui rassemble l’information relative au réseau. Le projetambitionne surtout de mettre en relation des publics d’ordinaire cloisonnés : ceux de l’éducation, l’éducation permanente, l’insertion professionnelle, lajeunesse, le social…

Vu qu’il est difficile d’être présent sur le terrain, les Corsaires forment les formateurs afin qu’ils soient autonomes. Autre avantage, le poids de l’accompagnementpédagogique et organisationnel repose désormais sur un réseau de partenaires et non plus sur la seule structure des Corsaires. Pour leur part, les Corsaires assurent le soutientechnique, pédagogique et éditorial.

Plaidoyer pour une e-inclusion efficace

Très rapidement, les Corsaires ont identifié les difficultés auxquelles étaient confrontés les projets visant à lutter contre la fracturenumérique. D’abord, les projets ne sont pas pensés en termes de formation, ils ne sont pensés qu’en termes logistiques. Ensuite, les gens font l’impasse sur lecontenu. Cette double erreur entraîne immanquablement l’échec du projet. Pour Pierre Rivir, responsable de l’asbl, « Internet est souvent vécu comme un objet deconsommation passive que le public ne se sent pas autorisé à investir. L’appropriation culturelle de l’outil et ses potentialités en matière dedéveloppement de compétences sociales est négligée. À cet égard, la problématique de la fracture numérique n’est pas seulement lerésultat d’un manque de maîtrise technique, elle reflète également les difficultés de la participation citoyenne. » Magusine veut rendre les gens acteursdu Net.

Pour atteindre cet objectif, Les Corsaires ont décidé de recourir au partenariat, d’axer leur projet sur l’émancipation des publics ciblés et d’utiliser deslogiciels gratuits. Concrètement, l’asbl table sur la méthode participative pour aider son public à acquérir des connaissances de manière active. L’asbl inviteaussi les écoles disposant d’une section infographie web à des stages pour leurs étudiants. Ce partenariat offrira un double avantage : 1) il permettra aux partenairesMagusine d’avoir un site personnalisé ; 2) les étudiants infographistes auront ainsi un premier « contact client ». Les Corsaires ont également obtenu dessubsides dans le cadre du programme européen Equal pour la période 2005-2007, en rentrant un projet axé sur la capacité d’adaptation et la formation tout au long de lavie.

1. Les Corsaires asbl, rue du Chimiste, 34-36 à 1070 Bruxelles – tél. : 0477 42 22 50 – courriel :pierre@lescorsaires.be

Baudouin Massart

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