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« Flandre : croissance des discriminations des étrangers sur le marché de l’emploi »

18-05-1998 Alter Échos n° 30

Le taux de chômage des Maghrébins et Turcs en Flandre est 6,2 fois plus haut que celui des belges dans la même région. Cette différence n’est que partiellementcausée par des écarts en matière de formation, de manque de contacts avec les réseaux belges ou de connaissance de la langue. La discrimination continue à jouer unrôle important. C’est la conclusion la plus remarquable du chapitre emploi dans le tout récent rapport annuel de la politique flamande en faveur des minorités ethniques etculturelles.1
32,3% des hommes maghrébins et turcs entre 20 et 50 ans étaient au chômage fin 1997, contre 5,2% des belges. On a estimé à 15.000 le nombre d’emploisnécessaires pour que les « allochtones »2 rattrapent leur retard. La situation n’a pas l’air de s’améliorer. Entre 1991 et 1997 le chômage chez les hommes allochtones de moins de 50ans a augmenté de presque 50%. Chez les femmes aussi, le chômage augmente, mais les chiffres donnent une image déformée parce que beaucoup de femmes immigrées ne seprésentent pas encore sur le marché de l’emploi.
La situation est encore plus frappante quand on ne prend pas la nationalité mais l’origine comme critère. Le Vlaamse dienst voor arbeidsbemiddeling (VDAB) a effectué cetteopération pour la première fois en recensant tous les chômeurs qui ont un nom et un prénom turc ou maghrébin, de manière à délimiter un groupebeaucoup plus large. On voit que pour eux le chômage est encore de 36% plus haut que pour les nationaux. Pour eux, le chômage a presque doublé en 6 ans. Changer denationalité ne change donc rien sur le marché de l’emploi : pour les employeurs on reste un étranger.
Plusieurs chiffres indiquent que la manque de formation n’est pas l’explication principale de ce problème de chômage. On voit par exemple que le chômage des immigrés sansformation de l’Union européenne a fortement diminué (10%) depuis 1993. Dans la même période, on voit une augmentation de 22% pour les allochtones sans formation. Ladifférence semble aussi être beaucoup plus grande en Flandre qu’ailleurs. Dans la Région bruxelloise les allochtones sont 2,5 fois plus au chômage que les belges, contre 6,2fois en Flandre. Selon des données partielles, la différence est aussi moins grande en Wallonie. Le recensement de 1991 avait déjà montré qu’avec un niveaud’études égal, le chômage est beaucoup plus élevé pour les non-belges, surtout en Flandre.
Lors d’une conférence de presse, le ministre responsable Luc Martens (CVP) avouait que des préjugés continuent a exister dans le secteur public mais aussi chez les employeurs dusecteur privé. La naturalisation n’est pas la solution. Les chiffres ont aussi révélé que les moyens de la Région flamande pour lutter contre le chômageatteignent insufisamment les immigrés.
1 « Het Vlaamse beleld naar etnisch-culturele minderheden, jaarrapport 1997 ». Ministerie van de Vlaamse gemeenschap, departement weizijn, volksgezondheid en cultuur, Markiesstraat 1, 1000 Brussel.
2 Par allochtones, il faut entendre : Algériens, Tunisiens, Marocains et Turcs.

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