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Regard critique · Justice sociale

Consolidation de l’emploi, représentation des partenaires sociaux, mise à jour des conventions entre opérateurs, etc., l’insertion socioprofessionnelle semble trouver uneplace de plus en plus durable dans nos paysages institutionnels. Y compris à Bruxelles, où la Fébisp1, la Fédération bruxelloise des organismes d’insertionsocioprofessionnelle, joue un rôle de premier plan en la matière. Interview de rentrée avec Gabriel Maissin, administrateur-délégué, et Suzanne Beer,secrétaire générale.
Accords du non-marchand
Les travailleurs des centres bruxellois verront d’ici la fin de l’année les premiers effets de la nouvelle barémisation. En effet, un accord tripartite Fébisp-syndicats-ministrede tutelle a été conclu avant l’été et les conventions collectives nécessaires ont été signées. Le gouvernement régional adébloqué le 11 juillet les moyens nécessaires (sur 2001 et 2002) et il doit en être de même tout prochainement au niveau de la Cocof.
Les centres de moins de 20 travailleurs sont aussi en train de se positionner individuellement sur la possibilité de participer à une délégation syndicale intercentres.«Mais, commente Gabriel Maissin, nombre de centres se développant, ce dispositif en céncerne de moins en moins. La plupart fonctionneront donc avec desdélégués syndicaux maisons. Pour les autres, il reste aussi à décider entre eux qui occupera les 7 mandats des employeurs dans cette nouvelle instanceintercentres.»
Autre point qui fait partie des accords, le préfinancement des aides européennes. «C’est un point important, précise Suzanne Beer, dont on perd souvent de vue qu’il avaitfait l’objet d’un engagement du gouvernement dans les accords. Il y a bien eu une solution non récurrente mise au point l’an dernier par le truchement de Bruxelles Formation, qui a consentides avances aux centres qui le demandaient… avances qui vont devoir être remboursées d’ici 6 mois. Après on ne sait pas, mais ce qu’on sait, c’est que la mise en œuvredes accords va rendre plus aiguës les questions de trésorerie, puisque les masses salariales doivent commencer à augmenter.» Ici, comme à l’Interfédé, onne s’attend pas à un effet baguette magique de la mise en place de la nouvelle Agence FSE qui gère les cofinancements en question, «mais le fait que les choses se passent mieuxest purement une question de volonté politique, comme on l’a déjà vu par le passé, par exemple quand Charles Picqué avait clairement mis une priorité sur cedossier. »
Dernier chantier, qui est sur le point de s’ouvrir : les pouvoirs subventionnants bruxellois vont alimenter un fonds sectoriel pour la formation continuée à concurrence de 1% de lamasse salariale totale des centres. «Ce fonds sera strictement bruxellois, et géré paritairement, mais on part de zéro quant à savoir comment utiliser cesmontants.»
Subventions Cocof et conventionnement
Les arrêtés du Collège de la Cocof qui refondent l’agrément et le financement des centres de formation sont sortis au Moniteur. «Aujourd’hui, explique Suzanne Beer,ils sont financés au nombre d’heures de formation données, mais dès 2004, la Cocof financera les salaires d’une équipe de base dont le volume sera fonction de cemême nombre d’heures. C’est plus qu’une nuance, dans le sens où chaque centre aura entre 1 et 3,5 travailleurs subventionnés directement à 100%, y compris leurs frais defonctionnement. Donc une avancée intéressante.»
En plus de cela, les accords de partenariat entre les centres et Bruxelles Formation sont en passe d’être réécrits. «Tous les cahiers des charges doivent avoirété renégociés et avalisés pour juin 2003. Or, ça commence très lentement. Pour la formation par le travail et l’alpha, Bruxelles Formation en està l’état des lieux. Mais pour la préformation et pour la formation qualifiante… À la Fébisp, nous avançons sur nos positions, pour chacune de cescatégories, mais si le rythme ne s’accélère pas, ce chantier va en arriver à un goulot d’étranglement de sorte que nos avis ne seront pas pris en compte. On veutéviter cela à tout prix. Parce que ce dont on parle, c’est du concret : l’équilibre des programmes, la place des stages, de la guidance, etc. On ne peut pas bâcler cetteredéfinition progressive de tout le paysage bruxellois de l’insertion.»
Contrat de formation
De telles appréhensions ne sont plus de mise à propos de la redéfinition des contrats de formation entre les stagiaires et, d’une part les centres, d’autre part BruxellesFormation. «Là-dessus, la concertation a été excellente, tout comme les résultats. On tend vers une forte égalité entre tous les stagiaires, commenteSuzanne Beer, en s’articulant aux travaux du Forum stagiaires mené chez Bruxelles Formation, et avec un réel travail sur l’accessibilité et la clarté du langage. Le toutdoit encore être approuvé par la Commission consultative (CCFEE), mais le nouveau contrat – on peut en découvrir le texte sur le site Web de la Fébisp2 –pourrait bien être opérationnel en janvier prochain.»
Structuration et concertation
La Fébisp a justement vu sa place reconnue récemment par son entrée au sein de la CCFEE, la Commission consultative formation emploi enseignement. Elle y dispose désormaisde cinq mandats, en plus d’y être invitée à titre d’expert. «Or c’est un lieu important, car quand il arrête des avis unanimes, le gouvernement les suit. Mais cela nerépond pas encore entièrement à nos revendications en matière de concertation tripartite avec les partenaires sociaux, et aux engagements du ministre Tomas en lamatière. Certes, la Fébisp participe à deux groupes de travail du nouveau Plan d’action régional pour l’emploi, sur l’alpha et sur l’emploi, mais il faut aller plusloin. »
Validation des compétences
«Encore un chantier important, mais dont on sait déjà qu’il va prendre un temps fou! S’exclame Suzanne Beer. L’associatif n’a toujours pas de place dans le dispositif qui seprépare, et c’est pour le moment notre principale revendication en la matière.» Même si on souligne les avantages potentiels que la validation des compétences devraitamener à terme pour les stagiaires en formation – et éventuellement pour les formateurs –, nombre d’appréhensions se font jour. La validation se transformera-t-elleen cheval de Troie pour une intrusion d’opérateurs privés commerciaux dans le champ de l’insertion ? Les effets de droits éventuels de la validation ne produiront-ils pas denouvelles formes de discrimination ? Et le nombre de certificats de validation obtenus à la suite de formations ne sera-t-il pas utilisé comme critère d’évaluation descentres, au risque d’amener ceux-ci à être plus sélectifs dans le recrutement de leurs publics ? «Il y a plus de questions ouvertes que de réponses, à l’heurequ’il est, conclut Gabriel Maissin, mais la Fébisp a pris ce dossier à bras le corps e
t n’entend pas le lâcher de si tôt.»
1 Fébisp, rue des Alliés 307 à 1190 Bruxelles, tél. : 02 537 72 04, fax : 02 537 84 04, e-mail : secretariat@febisp.be
2 http://www.febisp.be La Fébisp inaugure publiquement son site Web le 18 octobre à 11 heures, et invite pour l’occasion toute personneintéressée au Centre Euclides à Anderlecht.

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