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Regard critique · Justice sociale

Emploi à Bruxelles : après le contrat, le pacte

Après le C2E, voici que le Pacte urbain de croissance durable pointe à l’horizon.

29-05-2011 Alter Échos n° 316

Après le C2E (Contrat pour l’économie et l’emploi de la Région de Bruxelles-Capitale), voici que le pacte urbain de croissance durable pointe à l’horizon.

Bruxelles, ses problèmes d’emploi. Malgré son statut de capitale belge et européenne, malgré un PIB par habitant qui en fait l’une des régions les plus richesd’Europe, Bruxelles reste engluée depuis de nombreuses années dans une liste de problèmes assez ahurissants, dont le chômage galopant (surtout chez les jeunes) et le faible« retour » des revenus générés vers ses habitants ne sont pas les moindres.

Les raisons de cette situation, nombreuses, sont bien connues : la périurbanisation (les plus riches et les classes moyennes s’établissent en périphérie) et lafaible qualification de la main d’œuvre en regard d’une tertiarisation de plus en plus accrue de l’économie sont entre autres citées. Afin de remédier à cettesituation, de nombreux plans, alliances et autres appellations ont vu le jour ces dernières années, dont le dernier en date, le Pacte urbain de croissance durable (PUCD), vientd’être signé le 29 avril dernier.

Contrat et pacte : pas la même chose

Première remarque : le PUCD se situe en quelque sorte dans le prolongement du C2E, le contrat pour l’économie et l’emploi de la Région de Bruxelles-Capitale signéen mars 2005 (voir Alter Echos n° 179 du 11 janvier 2005 : « Un contrat pour l’économie et l’emploi pour les Bruxellois ») et dont les trois axes stratégiques étaient l’accès des Bruxelloisà l’emploi, la modernisation, la revitalisation et le redéploiement économique de Bruxelles et la mise à niveau des outils publics et la simplification administrative.Notons à ce propos que le pacte souligne le bilan positif du C2E en termes d’actions menées, mais qu’il souligne également la nécessité d’amplifier celles-ci,notamment en ce qui concerne la concentration des moyens sur les secteurs porteurs d’emplois, le renforcement des synergies entre les partenaires privés et publics de l’économie, del’emploi, de l’enseignement et de la formation professionnelle ou encore la promotion des premières expériences professionnelles chez les jeunes.

Malgré cette continuité, il existe une différence de taille entre les deux textes. « Il s’agit bien ici d’un pacte, pas d’un contrat, dit-on au cabinet de CharlesPicqué (PS)1, ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale. Il n’y a pas d’objectifs chiffrés, il s’agit en fait d’engagements réciproques de lapart des signataires. » Des signataires parmi lesquels on retrouve les ministres Picqué, Evelyne Huytebroeck (Ecolo, ministre de l’Environnement), Benoît Cerexhe (CDH,ministre de l’Emploi), les organisations représentatives des employeurs et des classes moyennes et les syndicats. En effet, le PUCD « se veut un texte fédérateurdéterminant les efforts conjoints des pouvoirs publics et des interlocuteurs sociaux bruxellois en faveur de l’emploi et de la formation des Bruxellois ainsi qu’en faveur d’une Régiondurable. »

Dans cet esprit, le pacte poursuit certains objectifs comme celui de créer de nouveaux emplois accessibles aux Bruxellois, notamment en lien avec l’environnement, de poursuivre et amplifierle dialogue social à Bruxelles pour répondre de manière spécifique et adéquate aux défis de l’emploi particulièrement chez les jeunes ou encored’anticiper les mutations de l’économie urbaine et de promouvoir une expansion économique durable en collaboration avec les autres entités. Il s’agira pour le gouvernement et lespartenaires sociaux de travailler sur des axes concrets et de dégager des pistes de réflexion qui devront être intégrées dans chacune des politiques bruxelloisesafin d’augmenter les possibilités de création d’emplois en faveur des Bruxellois.

Cinq domaines, trois engagements

Dans ce contexte, les partenaires travailleront autour de cinq domaines prioritaires considérés comme porteurs d’emploi et susceptibles de participer à une croissance durablede la Région : le domaine de l’environnement (via l’alliance emploi-environnement et ses différents axes sectoriels, voir Alter Echos n° 312 du 19 mars 2011 :« Alliance emploi-environnement àBruxelles : place à la mise en œuvre »), le domaine du développement international, dont le tourisme, le domaine « commerce et horeca »,les domaines du non-marchand, de la fonction publique et des services de proximité et le domaine des secteurs innovants.

Plus généralement, les partenaires s’engagent (engagements « communs et transversaux ») à favoriser la concertation des interlocuteurs sociaux ainsi queleur coopération avec les acteurs publics, à favoriser, au niveau opérationnel, les collaborations entre les opérateurs économiques, d’emploi et de la formation età mobiliser l’ensemble des acteurs et des ressources publiques et privées dans la perspective de favoriser l’emploi des Bruxellois et la croissance urbaine durable. L’accent est aussimis sur le développement de l’offre de formation.

Pour chacun de ces trois engagements, une série d’objectifs est listée. Sans entrer dans les détails (quinze objectifs sont prévus pour les trois engagements« communs et transversaux »), on épinglera la volonté d’« organiser un dialogue permanent en matière de politique économique, d’emploi, deformation et d’enseignement au sein du CBCES (Comité bruxellois de concertation économique et sociale) (…) », le fait de « favoriser les synergies et lescomplémentarités entre l’ensemble des dispositifs locaux et régionaux d’emploi et de formation, en favorisant la création de partenariats structurés(…) », de renforcer la veille des métiers en pénurie ou de « travailler de concert à des politiques économiques et industrielles permettant latransition vers une économie plus durable (…) ». Des conditions de réussite sont aussi énumérées. Un coordinateur produira un rapport annuel permettantd’évaluer l’état d’avancement des travaux.

Concernant les cinq domaines prioritaires, en préalable à la mise en œuvre du pacte, le ministre coordinateur du domaine concerné soumettra à l’approbation dugouvernement une note présentant la manière de procéder, spécifique au domaine. A ce niveau, les signataires du pacte s’engagent à déterminer au cours d’unephase d’élaboration et à initier au cours d’une phase d’exécution les mesures spécifiques nécessaires pour favoriser l’emploi des Bruxellois. Rayonévaluation, la phase d’exécution, notamment, sera mise en p
lace sous la supervision d’un comité de suivi impliquant tous les ministres concernés. Un rapport annuelconcernant l’état d’avancement de cette phase d’exécution sera présenté au gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale avant d’être soumis auComité bruxellois de concertation économique et sociale. Selon le cabinet de Charles Picqué, une évaluation plus globale sera également effectuée en fin delégislature, en 2014.

A l’heure des réunions

Pour l’heure cependant, on en est encore à la mise en place des discussions. « Nous allons réunir Actiris, Bruxelles Formation et l’enseignement qualifiant, explique-t-ondu côté du cabinet de Charles Picqué. Des tables rondes interministérielles auront également lieu. » Du côté francophone, ces tables rondesconcerneront également des ministres « communautaires » comme Emir Kir (PS), ministre Cocof de la Formation, Jean-Claude Marcourt (PS), ministre de l’Enseignementsupérieur de la Communauté française ou encore Marie-Dominique Simonet (PS), ministre de l’Enseignement de Promotion sociale de la Communauté française.
La suite au prochain épisode.

1. Cabinet de Charles Picqué :
– adresse : rue ducale, 9 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 506 32 11
– courriel : info@charlespicque.be
– site : www.pourbruxellesavecvous.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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