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Regard critique · Justice sociale

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"Évaluation du fonctionnement du Parcours d'insertion en Wallonie"

15-01-2001 Alter Échos n° 89

Le 14 décembre, le gouvernement wallon a pris connaissance du rapport d’évaluation du Parcours d’insertion (PI) qu’il avait en avril 2000 demandé à la ministre Arena defaire réaliser avant toute réorientation de cette politique lancée en 97. « Il s’agit bien d’une évaluation du fonctionnement et pas des acteurs » a tenu à soulignerla ministre, qui se prépare à diffuser et à mettre en débat le rapport1.
Cette évaluation a été réalisée en quelques mois par le Service des études et de la statistique du ministère de la Région wallonne2, qui s’estnotamment appuyé sur les évaluations en cours, sur les travaux des chercheurs du Cerisis (UCL)3 et sur des enquêtes par questionnaire. Le rapport est dense et nous n’en donneronsici que quelques éléments.
Objectifs et mise en œuvre
Le rapport, en décrivant le dispositif et l’état d’avancement de sa mise en œuvre, s’ouvre sur la description de quelques « problèmes majeurs » : « le caractère complexeet peu opérationnel » de ses objectifs, l’absence d’instance de pilotage, et des « freins et blocages », notamment autour de l’information sur les formations et autour du suivi des stagiaires. Lemanque d’objectifs et d’orientations affirmés par le politique une fois le dispositif lancé est aussi évoqué.
Pour les usagers
Dans la deuxième partie, consacrée aux usagers, on retrouve les batteries classiques de facteurs de réussite (scolarité, etc.) ventilés notamment selon lesétapes du PI. On y apprend aussi, sur la base d’enquêtes locales du Cerisis, de quelle manière les formations étroitement liées au monde du travail (« immersionprofessionnelle ») et les formations qualifiantes produiraient significativement plus de trajectoires d’insertion (évaluées après neuf mois) que de « désinsertion » (maintiendans l’inactivité). La question de l’insertion sociale et du rapport au travail produits par les formations est aussi abordée.
L’action des opérateurs
La partie consacrée aux pratiques des opérateurs d’insertion, réalisée sur la base d’une enquête téléphonique menée dans des délaistrès serrés4, amène d’autres constats, relativement généraux : les finalités propres des opérateurs et celles du PI entrent couramment encontradiction, situation qui semble toutefois s’améliorer avec le temps; l’information circule mal autour des instances de coordination sous-régionale du PI; les partenariats entreopérateurs sont trop peu structurés du fait de blocages externes (financement, etc.); la distance formation/entreprises reste trop grande.
La coordination
Pour ce qui est de la coordination même, le rapport conclut que le décloisonnement entre l’associatif et l’institutionnel et entre le socioprofessionnel et la formation qualifiante,ainsi que la coordination sous-régionale ont bien fonctionné, du moins sur le plan « interpersonnel ». Les gens se connaissent et savent ce que font les uns et les autres, ce quiétait un des « buts intermédiaires » du PI. D’autres buts intermédiaires sont partiellement ou pas du tout atteints : la création de passerelles, le raccourcissement desdélais entre les formations successives, et l’information à destination des usagers en matière d’offre de formation. La composante du PI qui consiste en l’amélioration del’adaptation de l’offre de formation sous-régionale aux besoins des entreprises (« diagnostics d’opportunité ») n’a pas non plus fonctionné… « faute de connaissance de l’offre deformation ».
Et pour les employeurs
La cinquième et dernière partie repart du point de vue des employeurs, en les interrogeant sur « une approche prospective de l’insertion », qui « dépasse le champ du PI » et qui vise »la dynamique d’ajustement structurel du marché du travail ». Elle trace d’une part une série de constats sur les comportements en matière d’embauche : recours trèslimité aux demandeurs d’emploi peu diplômés (et donc aux aides à l’emploi auxquelles ils donnent accès), prédominance de l’expérience et de laspécialisation comme critères de recrutement, peu de recours à des organismes extérieurs pour les opérations de recrutement, préférence pour lesformations spécifiques à l’entreprise, etc. Concernant le PI même, d’autre part, « la majorité des employeurs disent qu’il faut développer des partenariats avec lesorganismes de formation », mais ils n’ont pratiquement pas de relations avec eux ni avec les instances de coordination sous-régionale, ils n’utilisent que marginalement les formules de stages,et se concertent peu entre eux sur ces matières…
Des constats qui pour la plupart étaient déjà apparus dans les nombreuses discussions et réactions autour du PI depuis quatre ans, mais qui reçoivent ici un statuttel qu’ils devraient être pris en compte par la décision politique.
1 Cabinet, attention nouvelle adresse : rue du Moulin de Meuse 4 à 5000 Beez, tél. : 081 23 47 11. Le cabinet prépare un cahier des charges sur la manière de consulter lesopérateurs et les partenaires. Le point fin janvier.
2 SES/Observatoire wallon de l’emploi, pl. de la Wallonie 1 à 5100 Jambes, tél. : 081 33 30 68, fax : 081 33 30 55, e-mail : j.vanstraeten@mrw.wallonie.be
3 Le Cerisis organise un colloque sur le PI, « Analyses et perspectives », le 22 février à St-Vaast. Rens. tél. : 071 20 25 25, site Web : http://cerisis.opes.ucl.ac.be/
[ Par le bureau Sonecom. Il faut regretter l’absence du questionnaire en annexe du rapport.

Thomas Lemaigre

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