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Regard critique · Justice sociale

Agriculture

Detroit : de l’usine au potager

Sources d’inspiration – Etats-Unis

14-09-2012 Alter Échos n° 344

Sources d’inspiration – Etats-Unis

Cherchant des réponses à la crise et à la malnutrition croissante, les initiatives de maraîchage urbain et de circuits courts semblent offrir, un peu partout dans le monde, des alternatives intéressantes au système agroalimentaire conventionnel, jusqu’ici incapable de distribuer une alimentation saine accessible à tous. Petit voyage à la découverte de deux initiatives exemplaires qui placent la dimension sociale au cœur de leurs préoccupations.

La ville de Détroit (Etats-Unis) est devenue l’un des symboles de la crise des subprimes. La capitale de l’automobile, qui comptait deux millions d’habitants à son apogée, est aujourd’hui une ville fantôme. Terrains vagues, logements abandonnés et usines désaffectées occupent un tiers de l’espace, tandis que la population, noire à 80 %, connaît un taux de chômage oscillant entre 30 et 50 % selon les quartiers. Avec à peine une quarantaine d’épiceries pour 800.000 habitants, la cité représente ce qu’on appelle un « désert alimentaire »1 : pompes à essence et fast food, qui ne proposent que des produits manufacturés – le plus souvent gras ou très sucrés – , assurent l’essentiel de l’approvisionnement de la population locale.

C’est dans ce sombre contexte que l’agriculture urbaine semble réussir à faire pousser quelques graines d’espoir. Disposant de friches équivalentes à la superficie de San Francisco, les initiatives citoyennes fleurissent un peu partout dans la ville, du simple potager individuel dans un coin de cour aux fermes coopératives de plusieurs hectares, en passant par les nombreux jardins communautaires. La production alimentaire locale est aujourd’hui estimée à 150 tonnes par an, soit un quart de la consommation locale de légumes de la ville.

Si la production d’une alimentation saine est évidemment bienvenue, c’est surtout la réponse au désœuvrement et le lien social que recréent ces initiatives qui sont saluées. Et même s’il est un peu tôt pour affirmer que l’agriculture urbaine sauvera la ville, malgré les projets d’exploitations agricoles titanesques de certains hommes d’affaires locaux, il est incontestable qu’à court terme, la production maraîchère est devenue un élément central de la resocialisation et offre une réponse partielle à la malnutrition de cette population délaissée.

1. Zones au sein desquelles la population locale n’a pas accès à une alimentation saine, principalement pour des raisons de distance et/ou de prix.

Catherine Closson

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