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"Cunic : colloque sur "la multiculturalité du public en formation d'adultes""

09-09-2002 Alter Échos n° 126

La multiculturalité du public en formation d’adultes était l’un des deux thèmes – à côté de la validation des compétences – qui ontinspiré le contenu de la 7e université d’été organisée par le Centre universitaire de Charleroi1`en collaboration avec une flopée d’autres opérateursde formation. Le colloque de clôture du 30 août à Namur lui a été entièrement consacré.
Altay Manço, directeur scientifique de l’Irfam (Institut de recherche, formation et action sur les migrations) était chargé de s’exprimer sur «la diversification desapproches dans le cadre des nouvelles migrations, nouveaux publics et nouveaux défis pour la formation et l’accompagnement professionnels». Il a notamment souligné «lecaractère occupationnel» de bon nombre de formations visant le public issu de l’immigration. Il a insisté sur les particularités de ces populations qui nécessitentde développer des programmes rapides pour leur permettre de retrouver des droits ainsi que pour développer leurs compétences linguistiques et démêler leursproblèmes juridiques. «Des discriminations ethniques persistent de la part des patrons qui appliquent la préférence nationale dans le recrutement. De même, onconstate une perception négative dans l’opinion publique qui entraîne une attitude anticipatrice de rejet.» A. Manço a parlé des programmes pilotes comme«Symbiose» (formation aux métiers de l’exportation) développé par le Forem vers les publics spécifiques, de 1997 à 2000 dans le Hainaut. «Ce qui apermis une double prise de conscience, une nouvelle vision de leur place sur le marché de l’emploi et une nouvelle motivation.» On a constaté une augmentation de la consultationdes services du Forem qui étaient pour la plupart inconnus du public, ainsi qu’une redynamisation du réseau de relations et donc un développement du lien social.
Ressources humaines, richesses culturelles
«Il importe de prendre conscience que la différence culturelle est créatrice de richesses tant au sein de la société qu’au sein des entreprises. Qu’il faut proposerdes programmes de formation continuée avec des méthodes spécifiques. Qu’il y a un travail de redynamisation identitaire à faire», continue A. Manço qui aillustré son propos par une recherche sur la population africaine qui a permis de quantifier un gaspillage des ressources humaines produites dans le pays d’origine mais aussi en Wallonie.Uü projet comme VITAR (Valorisation Identitaire Transfert Autonomie) a été mis sur pied à destination de 60 candidats : des programmes de formation rapide dans le butd’adapter leurs savoirs théoriques qui ouvrent à la médiation interculturelle, à la création de PME en lien avec l’Afrique, et à la coopération audéveloppement.
ün tant qu’opérateur de terrain, Catherine Stercq, coprésidente de Lire et Écrire communautaire, a décrit l’évolution du public en alphabétisation qui,au départ, était peuplé uniquement d’hommes issus de l’immigration, pour qui l’écrit était un objet monoculturel et qui devaient apprendre à lire etécrire dans une autre langue que leur langue maternelle. Ensuite, il y eut l’arrivée de Belges pour qui l’écrit ne faisait pas partie de leur monde culturel et pour qui lefrançais était éloigné de leur langue parlée. Puis, il y eut l’arrivée des femmes et ensuite du public des chômeurs pour qui les coursd’alphabétisation ont remplacé le travail. «À travers le livre, le public est confronté à un objet culturel à 100% et totalitaire en tant que support.L’espace du livre oblige à une vision de l’espace linéaire, orientée. L’espace de l’apprentissage induit donc des changements culturels et des repositionnements.»
Dynamiser le choc des cultures
Amidou Si M’Hammed directeur adjoint et responsable du secteur formation au Centre bruxellois d’action interculturelle insista sur l’importance de l’hétérogénéitédu public en formation en tant qu’agent de développement en milieu interculturel (de culture, de niveaux scolaires, d’âges et de sexes différents). «Ce qui permet uneconstruction multiculturelle à l’image de la société et de Bruxelles en particulier.» Il a parlé de l’outil des récits migratoires qui permettent au public demieux connaître leur histoire au travers de la trajectoire de leurs parents que souvent ils ne connaissent pas. Les apprenants prennent ainsi conscience de leur identité. «L’enjeude demain : comment unir sans confondre et distinguer sans séparer.»
Mike Singleton (UCL) a donné quant à lui une approche plus sociologique : «Il s’agit de dynamiser le choc des cultures car nous nous trouvons à une bifurcation oùles cultures se déplacent vers un lieu encore inédit où chacun risque de perdre son identité actuelle. Nous sommes occupés à créer un autre lieuculturel.»
1 Cunic – Centre universitaire de Charleroi, av. Général Michel, 1b à 6000 Charleroi – tél. : 071 32 74 51 – 31 46 10 – fax : 071 32 86 76 –contact : Geneviève Rochez. site Web : http://www.cunic.be

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