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Regard critique · Justice sociale

ÉDITO

Service communautaire : interpellant, pour ne pas dire plus…

En évoquant dans son accord gouvernemental la mise en place d’un service communautaire, la Flandre n’a fait que recycler une idée déjà mise sur la table par le sénateur Rik Daems (CD&V) en 2013, puis par le gouvernement fédéral en 2014. Une idée vraiment interpellante, pour ne pas dire plus…

Skilled acrobat. Disquisitions upon the painted Greek vases, and their probable connection with the shows of the Eleusinian and other mysteries. 1825.

En évoquant dans son accord gouvernemental la mise en place d’un service communautaire, la Flandre n’a fait que recycler une idée déjà mise sur la table par le sénateur Rik Daems (Open VLD) en 2013, puis par le gouvernement fédéral en 2014.

À l’époque, le gouvernement de Charles Michel avait envisagé de contraindre les chômeurs de longue durée – deux ans au minimum – à prester deux demi-journées de service à la collectivité par semaine. Une idée qui s’était vite heurtée aux refus de la Région wallonne et de la Région de Bruxelles-Capitale. Depuis la réforme de l’État, les Régions sont effectivement compétentes non seulement pour l’accompagnement des chômeurs mais aussi pour leur contrôle. Il fallait donc leur accord. Qui n’est jamais arrivé du côté francophone.

Chez les néerlandophones par contre, il semble donc que l’idée ait fait son chemin en quelques années. Il faut dire que non loin d’Anvers, terre de prédilection de Bart De Wever, la Ville de Rotterdam, aux Pays-Bas, a mis sur pied un système identique depuis quelques années. Sauf qu’il s’adresse à des allocataires sociaux, et non pas à des chômeurs comme c’est le cas pour le projet flamand. Si la nuance paraît faible, elle a cependant toute son importance.

On peut déjà se demander s’il convient de mettre en place ce genre de dispositifs à destination d’allocataires sociaux. Certes, on peut penser – à l’instar des porteurs du projet rotterdamois – que tenter de faire sortir certains allocataires de leur isolement via un service à la collectivité peut avoir du bon. Il pourrait s’agir d’une sorte de pied à l’étrier, en échange d’allocations octroyées «généreusement» puisqu’il ne faut pas avoir cotisé pour en bénéficier.

Philosophiquement, cependant, le projet pose tout de même question. Peut-on contraindre des allocataires à effectuer certaines tâches alors qu’on le sait, ils se démènent déjà pour garder la tête hors de l’eau? Quand on est dans le pétrin, survivre est souvent un job à plein temps…

Mais que penser alors lorsque le gouvernement flamand songe à appliquer ce système à des chômeurs? Il convient de rappeler ici que le chômage n’est pas un cadeau fait aux travailleurs ayant perdu leur emploi. Il s’agit d’un système d’assurance pour lequel ils ont cotisé lorsqu’ils étaient au travail, en prévision des mauvais jours. Venir conditionner le bénéfice de cette assurance à la réalisation d’un travail communautaire constitue donc une nouvelle étape dans ce qu’on appelle l’«activation» des chômeurs. Il s’agit aussi et surtout d’une mesure vraiment interpellante, pour ne pas dire plus…

L’activation des demandeurs d’emploi et des allocataires sociaux sera au cœur du débat «Politiques sociales, un chaos organisé» qui aura lieu le samedi 26 octobre à 15 heures au Festival des Libertés. Un débat organisé par l’Agence Alter et le Collectif Solidarité contre l’exclusion. Infos: http://www.festivaldeslibertes.be/

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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