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Regard critique · Justice sociale

Un des 6 ateliers organisés par CAIPS1 à l’occasion de ses 3es Etats généraux portait sur l’Intérim d’insertion, nouvelle technique de lutte contre l’exclusiondu marché du travail mise en place par le ministre Vande Lanotte dans le cadre du plan Printemps.2 Pour rappel, l’intérim d’insertion est un nouveau système d’activation desallocations de chômage (pour chômeurs de longue durée) et du minimex (ou équivalent) pour des personnes engagées à durée indéterminée parune agence d’intérim comme salarié, dans des conditions de travail et de rémunération dépendant de la commission paritaire de l’intérim. La loi qui leprévoit rentrera en application le 1er octobre 2000. L’activation durera deux ans pour les minimexés ou assimilés et un an pour les chômeurs de longue durée. Encours de contrat, si la personne ne preste pas pour une société cliente de l’agence d’intérim, elle pourra – pas d’obligation légale – bénéficierd’une formation pour laquelle l’agence d’intérim recevra 10.000 FB par mois.
Denis Stokkink, conseiller de la ministre Onkelinx et à ce titre fort impliqué dans la rédaction du plan Printemps, a d’abord cherché à minimiser : »L’intérim d’insertion n’est qu’une des multiples mesures destinées à contrecarrer l’exclusion générée par le marché ». Ensuite, il a exhortéles opérateurs d’insertion (EFT et OISP) à créer des liens avec les entreprises privées ou publiques d’intérim. « Il faut dire aux entreprises intérimaires :nous sommes des acteurs reconnus pour la formation. Vous ne connaissez pas le métier de la formation. Que peut-on faire ensemble, avec notre expérience relative aux publics que vousrencontrez et que vous ne connaissez pas ? »
Ce double mouvement de minimisation-instrumentalisation a toutefois mis du temps à convaincre. On peut ainsi recenser une série de réactions et de critiques sansréponse.
n « Voilà qu’on nous encourage à négocier notre financement avec le privé, à devenir leurs sous-traitants. C’est le monde à l’envers. »
> Pourquoi l’intérim d’insertion dépendrait-il d’une commission paritaire particulière alors que l’intérim et les entreprises d’insertion respectent les CP sectorielles? Ou alors, limitons l’intérim d’insertion à quelques secteurs d’activité.
> Quel est l’accompagnement social prévu pour la personne ?
> Comment organiser les formations dans les moments creux alors qu’on ne peut prévoir quand ils auront lieu ?
> Si on compte bien, avec l’activation et le forfait de formation ajoutés au chiffre d’affaires, sur un mois, l’entreprise d’intérim ferait des bénéfices dès la6e journée de travail presté.
> Si, à plusieurs reprises comme c’est prévisible, la personne ne convient pas à l’entreprise où elle preste, quelles sont les conditions de sortie ?
Un débat difficile s’est engagé sur cette dernière question : selon D. Stokkink, même si l’intérim d’insertion est considéré comme un « emploiconvenable » et donc susceptible de déboucher sur une exclusion du bénéfice des allocations, « des contacts ont déjà été pris avec l’Onem qui nesanctionnera pas. De même, nous avons rencontré les inspecteurs du travail qui ont pour mission de vérifier si la notion d’emploi convenable n’est pas détournée.Cela dit, l’agence d’intérim n’a pas intérêt à mettre à la disposition d’entreprises des gens qui ne conviennent pas ».
En séance plénière de clôture, le rapporteur laissait entendre que l’enjeu était « d’impliquer intelligemment les membres de CAIPS dans l’intérim d’insertion »:
n « À travers la sélection des personnes concernées. Cela constituerait des débouchés pour nos stagiaires et une meilleure chance de réussite dusystème.
> Dans l’accompagnement des travailleurs concernés.
> Dans la prise en charge des formations. Nous sommes les mieux placés pour les assurer ».
Denis Stokkink a proposé que CAIPS
n dépose formellement une demande auprès de la ministre wallonne de l’Emploi, Marie Arena, afin que le Forem associe CAIPS au mécanisme de sélection des chômeurs delongue durée dont l’allocation pourrait être activée;
n relaie ses travaux auprès de l’Union des Villes et des Communes – section CPAS pour la sélection des minimexés.
Walthère Davister, président de CAIPS, s’est montré plus qu’ouvert à ces propositions, mentionnant que des conventions-cadres sont déjà en négociationavec l’Upedi (la fédération patronale de l’intérim).
1 Caips, Concertation des Ateliers d’Insertion professionnelle et sociale, rue de la Forêt 153 à 4100 Seraing, tél. : 04 337 89 64, fax : 04 336 12 33.
2 Voir AE n°72 du 3 avril 00 p. 18. Concertation des Ateliers d’insertion professionnelle et sociale, rue de la Forêt 153 à 4100 Seraing, tél. 04 337 89 64, fax 04 336 1233.

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